"Tu vois, c'est encore un de tes coups foireux !"
Treize, cela porte chance ? Il s'est écoulé treize années entre Mauvais garçon, le précédent film de Jacques Bral, et ce Printemps à Paris
venu, tel l'oiseau migrateur, annoncer la belle saison. Une longue
migration pour le cinéaste d'origine iranienne et un retour avec un film
de genre, celui qu'il préfère depuis toujours, le polar. Deux
ingrédients essentiels sont nécessaires pour réussir la recette du
polar, une intrigue et un casting solides. La qualité de réalisation
venant, en quelque sorte, ajouter la cerise sur le gâteau ("the Icing on the Cake" selon l'expression anglaise). La guigne orne bien ce nouveau film, mais la pâtisserie manque, elle, un peu de saveur.
Georges vient de passer cinq ans à la Santé à la suite d'un vol organisé par son complice Pierrot,
resté libre pendant cette période. Celui-ci le rencontre une nuit alors
qu'il est entrain de soustraire la recette de parcmètres aux caisses de
l'Etat et lui propose une nouvelle opération. D'abord réticent, Georges
se laisse convaincre par un argument présenté en liasse. Il s'agit de
dérober, grâce aux indications d'un agent d'assurance, une parure de
bijoux à un couple aisé. Pendant que l'ex-taulard surveille les abords
de l'hôtel particulier, son cadet neutralise l'épouse d'un vieil homme
grabataire puis le médecin de ce dernier avant de s'emparer, sans
difficulté, de l'objet convoité. Georges se charge ensuite de
placer les plus grosses pierres précieuses dissociées du collier auprès
d'un bijoutier-receleur de la Place Vendôme susceptible d'en tirer un
bon prix à l'étranger. Les choses se compliquent lorsqu'il revend les
autres pierres à Alex, un second receleur servant également d'indic pour la police.
Difficile de ne pas regarder ce film sans un a priori favorable lié au souvenir laissé, il y a plus de vingt-cinq ans, par Extérieur, nuit. Pourtant, force est de reconnaître que Printemps à Paris
n'est pas très radieux. Le scénario, un peu poussif et ayant
probablement conservé les stigmates de réécritures successives,
contribue pour une bonne part à sa nébulosité. Jacques Bral
multiplie les pistes et ruptures de narration, les situations
improbables et hésite en permanence entre une tonalité légère, presque
détachée, et violente, voire sanguine. Sagamore Stévenin succède, sans convaincre, à Bruno Wolkowitch dans le personnage de la petite frappe distinguée et du beau ténébreux aux yeux clairs que semble apprécier le réalisateur. Eddy Mitchell donne à peu près le change sauf lorsque Bral essaie fugitivement de lui donner des faux airs de Gabin sur une musique audiardienne. On retrouve, dans des seconds rôles, Jean-François Balmer et Pierre Santini avec lesquels le cinéaste a déjà tourné ainsi que Gérard Jugnot utilisé à contre-emploi. Une utilisation qui finit également par être celle de la bande originale jazz du saxophoniste Michel Gaucher (illustrant notamment une mignonne couvée de canards), ex-membre comme E. Mitchell du groupe rock "Les Chaussettes noires".
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