mercredi 29 août 2007

Yes: Symphonic Live


"Magnify the truth you are
Waiting for the rebeginning birth of every star" (in "Magnification")

Yes (voir 9012 Live et Live at Montreux)

Symphonic Live
 - film - 9093_2
Avant de passer par la France (à Roubaix et à "L'Olympia" parisien), la tournée de promotion de l'album "Magnification" s'arrête les 21 et 22 novembre 2001 au Heinekin Music Hall d'Amsterdam. Pour ces concerts*, donnés devant un fervent public de fans du groupe, Yes est accompagné par l'European Festival Orchestra dirigé par Wilhelm Keitel. Inspirée en 1992 par Fr. Cuvelier**, cette formation réunit de jeunes et talentueux musiciens classiques européens. Le disque avait en effet été enregistré sans claviériste (à l'exception des interventions au piano d'Alan White) mais avec un ensemble symphonique dirigé par Larry Groupé, également auteur de la partition orchestrale.
 - film - 9093_17
S'il est un groupe de rock (pris au sens générique) pour lequel ce mariage paraît naturel, c'est bien celui fondé en 1968 par les Britanniques Jon Anderson et Chris Squire. "Magnification" (seuls trois titres sont joués au cours du set) ne figure pas parmi les meilleurs albums de Yes, mais les deux compositions issus de "Close to the Edge" profitent particulièrement de la présence de l'EFO dont les membres (et notamment les deux clarinettistes !) semblent très visiblement apprécier la musique du groupe.
Le discret et méticuleux Steve Howe influence toujours autant la sonorité des prestations scéniques de Yes. Il sait pouvoir s'appuyer sur la solide impulsion rythmique du duo Squire-White. Et Tom Brislin a bien révisé les plans de son aîné Rick Wakeman. Un spectacle, agrémenté par d'optionnelles courtes séquences d'animation, de près de cent soixante-dix minutes auquel il est difficile de ne pas prendre un réel plaisir.

 - film - 9093_15
Le groupe :
Chant : Jon Anderson
Guitare : Steve Howe
Basse : Chris Squire
Batterie : Alan White
Claviers : Tom Brislin
European Festival Orchestra dirigé par Wilhelm Keitel

 - film - 9093_3
Les titres :
1. Overture
2. Close to the Edge
3. Long Distance Runaround
4. Don't Go
5. In the Presence Of
6. Gates of Delirium
7. Steve Howe Guitar Solo
8. Starship Trooper
9. Magnification
10. And You and I
11. Ritual
12. I've Seen All Good People
13. Owner of a Lonely Heart
14. Roundabout
___
*la seconde date a fait l'objet de cette captation.
**ancien directeur de l'Orchestre philharmonique royal de Flandres.

mardi 28 août 2007

Apocalypto


"... Repartir de rien."

 - film - 39000_5
Mel Gibson aurait-il trouvé un nouveau créneau cinématographique, celui du film ethnolinguistique ? Il aurait alors été devancé par l'Inuit canadien Zacharias Kunuk avec son Atanarjuat, "Caméra d'or" du Festival de Cannes 2001. En réalité, l'originalité des deux dernières productions du réalisateur n'est pas tant d'utiliser des langues incomprises par la plupart des spectateurs(1) que de favoriser un buzz avant leur sortie... et une polémique après. Moins outrancier(2) que le précédent, Apocalypto est avant tout un film d'action prenant pour décor le Yucatán du IXe siècle (à moins que ce ne soit celui du XVIe !!), descendant psychologique et affecté, mais interprété par des inconnus, du Kings of the Sun de Jack Lee Thompson.
 - film - 39000_6
Alors qu'ils découpent le tapir qu'ils viennent d'attraper dans la jungle, Patte de jaguar, son père Ciel de silex et leurs compagnons de chasse rencontrent un groupe d'individus visiblement hagards. Le chef de cette étrange procession, après avoir échangé des poissons contre un morceau de viande, raconte que leurs terres a été ravagée et demande la permission de traverser la forêt. De retour au village, Ciel de silex prévient son fils du danger de laisser la peur le gagner. Au cours de la fête organisée à la nuit, l'ancien de la tribu narre à l'assemblée réunie une fable dans laquelle un homme triste ne réussit pas à satisfaire ses envies en dépit des généreuses ressources du monde animal et végétal.
 - film - 39000_11
Au premières heures du jour, Patte de jaguar sort en sursaut d'un affreux cauchemar mettant en scène le personnage rencontré la veille. Il aperçoit alors des individus s'introduire dans le village endormi et mettre le feu aux cases. Menés par leur chef Zéro loup, les assaillants attaquent les villageois, tuent ou capturent les hommes et les femmes. Patte de jaguar sauve sa compagne enceinte Sept et son jeune fils Course de tortues en les dissimulant dans un puits à l'aide d'une liane. Puis, en participant à la défense du village, il est fait prisonnier et emmené avec plusieurs de ses habitants vers une cité rendant un culte sanglant au dieu serpent à plumes Kukulkan.
 - film - 39000_14
"Une grande civilisation n'est conquise de l'extérieur que si elle est détruite de l'intérieur." En mettant cette citation du philosophe et historien étasunien William James Durant (auteur de la somme en onze volumes "The Story of Civilization"), Mel Gibson laisserait-il entendre que Apocalypto serait porteur d'un message ? Il aurait fallu, pour cela, qu'il ne se méprenne pas sur le sens du titre de son film(3) et évite, malgré la présence à ses côtés de l'archéologue Richard Hansen, les erreurs historiques et les stéréotypes. Les hypothétiques causes de l'énigmatique disparition de la civilisation Maya(4) constituaient pourtant un fabuleux réservoir narratif, faiblement exploité dans le film. Celui-ci est également présenté comme une métaphore du déclin de notre propre civilisation. Pure fiction commerciale aux tonalités prophétiques, Apocalypto(5) est surtout le récit spectaculaire (et athlétique !) d'un double sauvetage dans lequel le thanatos (violence, souffrance, mort) tient à nouveau une place essentielle. Il profite de la remarquable photographie (souvent en caméra subjective ou très mobile) de Dean Semler (à l'œuvre sur les deux derniers Mad Max et "oscarisé" pour Dances with Wolves). Pour diverses raisons, exposées par ailleurs, on pourra néanmoins lui préférer The New World de Terrence Malick.
___
1. les différentes formes du maya sont parlées par environ cinq millions d'Amérindiens, dont sept cent cinquante mille locuteurs du yucatèque, l'araméen par près de cinq cent mille personnes. Apocalypto a d'ailleurs concouru dans la catégorie des films en langues étrangères des "Golden Globes" et BAFTA 2007.
2. mais aussi moins rentable : 120M$ de recettes mondiales (dont 69M$ à l'étranger) pour un budget de 40M$ contre respectivement 612M$ (241M$) et 30M$.
3. "nouveau départ" alors qu'apocalypto signifierait plutôt "je révèle" du grec apocalypsis : "révélation".
4. catastrophes naturelles, guerres, peur collective de la fin destructrice du quatrième cycle, celui de l'Humanité, au Xe siècle.
5. une référence marquée au "Temple du Soleil" d'Hergé doit être soulignée !

lundi 27 août 2007

The Man Without a Face (l'homme sans visage)


"It's not the same."

 - film - 48227_5
En 1990, Mel Gibson fonde Icon Productions avec Bruce Davey et Stephen McEveety, société coproductrice du Hamlet de Franco Zeffirelli dans lequel il tient le rôle-titre. La même année, l'écrivain canadien Malcolm MacRury signe son premier scénario, une adaptation de The Man Without a Face, le troisième roman d'Isabelle Holland paru en 1972 qu'il propose peu après à la vedette de la série en cours Lethal Weapon. L'acteur retient ce récit intimiste et controversé pour faire ses débuts de réalisateur et, ne réussissant pas à trouver d'interprète*, se résigne à tenir le rôle principal.
 - film - 48227_7
1968. Catherine Palin et ses trois enfants, tous de pères différents, se rendent comme chaque été dans une petite île au large de Boston pour y passer leurs vacances. Pour Charles 'Chuck' Norstadt, le cadet, elles vont assurément être studieuses. Le garçon orphelin de père vient d'échouer à l'examen d'entrée de l'académie militaire d'Holyfield et entreprend de préparer la session de rattrapage qui doit avoir lieu à la fin du mois d'août. S'il réussit cette fois, il pourra alors échapper à cet environnement exclusivement féminin si pesant. Sa mère ne songe qu'a se remarier une cinquième fois et a jeté son dévolu sur Carl, un intellectuel barbu.
 - film - 48227_9
Sa demi-sœur aînée Gloria ne cesse de le dévaloriser et se montre cruelle à son égard ; Megan, la plus jeune, est sympathique malgré son appareil dentaire mais trop jeune pour l'intéresser. A une extrémité de l'île, dans une propriété gardée par un berger allemand agressif, habite depuis sept ans un personnage solitaire, Justin McLeod, un ancien professeur dont la moitié du visage est affreusement brûlée. En dépit de son physique rebutant et des rumeurs sulfureuses qui circulent sur lui, 'Chuck' finit par lui demander de l'aider à préparer son examen. D'abord réticent, McLeod finit par accepter.
 - film - 48227_10
La maîtrise dans la direction de ce premier film est d'emblée impressionnante. Mel Gibson sait éviter l'affectation ou les recettes faciles. Le "jeune" réalisateur, récompensé par deux "Oscars" en 1996 pour son Braveheart, peut, il est vrai, compter sur sa désormais longue expérience d'acteur et sur les conseils de ses amis Clint Eastwood et Peter Weir. Les thèmes développés par The Man Without a Face (paternité, ignorance et haine, différence, seconde chance) sont traités plutôt finement. La critique de l'homophobie et la pédophilie présentes dans le livre ont été soit gommées, soit sensiblement atténuées par le script au profit d'une intense relation maître-élève mal comprise par une mère égocentrique et par la société. La sobriété de l'interprétation de Gibson dans ce personnage insolite** est à souligner tout comme l'étonnante prestation du jeune Nick Stahl dans son premier rôle au cinéma. Apparaît déjà ici cette fascination pour la souffrance, pour la mutilation ou la monstruosité qui vont se révéler dans les films suivants de Gibson réalisateur.
___
*plusieurs acteurs, dont William Hurt, ont décliné l'offre de jouer l'homme défiguré qui donne son titre au film. Cette infructueuse recherche dément ceux qui prétendaient que Gibson avait délibérément choisit ce personnage pour "casser" son image habituelle auprès du public.
**influencé par celui du procureur Harvey 'Two-Face' Dent kanien ?!