"Faut le faire faire !"
Ce pénultième film pour le cinéma de Bernard Toublanc-Michel ne serait vraisemblablement pas resté dans les annales s'il n'avait été aussi le premier tourné par une débutante appelée Isabelle Adjani. L'ancien assistant de Jacques Demy, Agnès varda ou Jean-Luc Godard avait pourtant connu, six ans auparavant, son heure de gloire en allant présenter en compétition à Berlin La Difficulté d'être infidèle. Le scénario était également signé par François Boyer auquel on doit le roman à l'origine de Jeux interdits et les adaptations de La Guerre des boutons et des Copains pour Yves Robert, de sérieuses références en matière de comédie enfantine. Mais ce Petit bougnat
ne vaut réellement que par la présence de cette adolescente de quatorze
ans qui ne voit alors le cinéma que comme une activité de vacances.
Un jeune garçon d'origine africaine, surnommé 'Bougnat'
parce qu'il vient de Clermont-Ferrand, se lève à l'aube pendant que ses
parents adoptifs dorment encore. Il projette, bien qu'il ne soit pas
inscrit, de partir en colonie de vacances avec d'autres enfants de
Sarcelles. En attendant les cars, ceux-ci peuvent assister au spectacle
offert par Rose, réfugiée sur le toit de son immeuble pour
empêcher son père de l'envoyer elle aussi en colonie. L'intervention des
pompiers met un terme à cette périlleuse résistance. La jeune fille est
embarquée contre son gré par Roland dans le car des garçons, au grand dam de 'Bougnat'
qui voudrait bien, mais en vain, prendre sa place. L'astucieux
aventurier monte alors dans un train qui l'emmène dans une gare proche
d'Orléans où, se faisant passer pour Christian Leblanc qu'il
sait être monté dans un car, il obtient d'être conduit jusqu'à la petite
localité du Puy-de-Dôme* où est basée la colonie.
C'est donc au lycée de Courbevoie où elle est scolarisée que l'assistant de Bernard Toublanc-Michel découvre Isabelle Adjani et lui propose le second rôle principal du Petit bougnat, ancêtre du récent Nos jours heureux.
A l'exception d'une incontestable présence, conférée partiellement par
l'importance relatif de son personnage, et de son joli minois, la jeune
Gennevilloise ne laisse évidemment pas encore apparaître, dans cette
comédie très légère, le talent de la future interprète de L'Histoire d'Adèle H. ou de Camille Claudel. Et l'on attend d'autant plus de pouvoir revoir Faustine et le bel été avec lequel s'amorce vraiment la vocation de la comédienne. Pour le reste, les triviales péripéties de ce cousin de Razibus Zouzou, l'acolyte de Bibi Fricotin du dessinateur Louis Forton, ne présentent qu'un intérêt mineur, y compris probablement pour le jeune public actuel.
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*région servant également de décor à La Meilleure façon de marcher de Claude Miller.
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