vendredi 30 août 2013

The Private Life of Henry VIII (la vie privée d'henry VIII)

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Il est amusant de revoir cette classique reconstitution historique produite et réalisée par  en 1933 après le visionnage des quatre saisons de la série The Tudors. Les registres sont bien sûr très dissemblables, la biographie pour l'essentiel matrimoniale* (conjugale !) signée par l'également Austro-hongrois Lajos Biró(The Last Command de ) et Arthur Wimperis (co-scénariste Mrs. Miniver de ) tirant volontiers The Private Life of Henry VIII vers la comédie souvent bouffonne. Evidemment entouré de plusieurs femmes (dont la sienne,  dans l'ingrat mais savoureux rôle d'Anne of Cleves) n'a aucun mal à se faire remarquer. Empoté, grossier, manipulé, le souverain qu'il incarne tranche de manière radicale avec le Henry VIII interprété avant lui par ***, encore davantage avec celui tenu par l'athlétique Jonathan Rhys Meyers de la série déjà mentionnée. Il lui permit d'obtenir, lors de la 6e cérémonie des Academy Awards, l'unique récompense majeure de sa carrière. Grand succès aux Etats-Unis, The Private Life of Henry VIII fut d'ailleurs la première production étrangère nommée dans la catégorie "Meilleur film".
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*de la décapitation d'Anne Boleyn à la tardive et contraignante union avec Katherine Parr.
**chef-scénariste de la London Film Productions.
***dans le germanique et muet Anna Boleyn de .


Alpha Dog

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Choisi pour clôturer la 22e édition du Sundance Film Festival, Alpha Dog nous relate (par le menu) une bien sordide affaire criminelle*. Produit par Sidney Kimmel, le cinquième film réalisé par  n'est assurément pas dépourvu de défauts et maladresses. Mais outre qu'il dispose d'un assez incroyable casting**, sa dimension tragique, l'implacable et absurde fatalité dont un adolescent âgé de quinze ans va être l'innocente victime finit par nous saisir. Focalisé par une vaine comptabilité des témoignages potentiels,  dilue bien trop l'intensité et la progression dramatiques des événements au milieu de séquences souvent stériles. Le sujet méritait probablement un traitement plus sérieux et dense.
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*l'enlèvement puis le meurtre, en 2000 à Los Angeles, de Nicholas 'Nick' Markowitz par Jesse James Hollywood, jeune trafiquant de stupéfiants titulaire d'une créance dérisoire sur le demi-frère aîné du jeune homme.

jeudi 29 août 2013

Iron Man 3

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Le précédent épisode m'avait embarrassé. Ce troisième volet me déconcerte vraiment. Fondé sur la bande dessinée (adaptée en série TV) Extremis, le scénario manque en effet d'unité, voire même parfois de cohérence. Au moyen d'une réminiscence initiale, Tony Stark nous avoue avoir créé, par méprise et/ou désinvolture, le principal antagoniste d'un récit aux enjeux confus, pour ne pas dire inexistants et aux développements chaotiques.  ayant décidé de passer la main*, la direction a été confiée à  (sa seconde réalisation après Kiss Kiss Bang Bang, déjà avec , sortie huit ans plus tôt). Et l'on peut aisément affirmer que ce passage de témoin contribue sans doute à cette forte impression de dispersion narrative mais aussi figurative. Au sein d'un casting dans l'ensemble plutôt décevant*,  compris, seul  parvient à (brièvement) se distinguer. Les producteurs ont, semble-t-il, prévu de convoquer à nouveau Tony Stark ; sur ces bases qualitatives, est-ce bien nécessaire ?
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*au profit d'autres projets et du rôle d'appoint d'Happy Hogan.
** sans nuances,  surtout décorative,  et  quasi transparents.

mercredi 28 août 2013

Enemy of the State (ennemi d'état)

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"- I blew up the building.
Why?
Because you made a phone call."

Troisième plus gros succès de la carrière de  (et pénultième des six collaborations du réalisateur avec le producteur Jerry Bruckheimer), Enemy of the State est un thriller d'action à très forte intensité techno-paranoïaque. Le scénario de  mêle étroitement sécurité nationale, meurtre politique et "pourrissement" accéléré de l'existence d'honnêtes, ou moins recommandables, citoyens étasuniens. L'incessant pistage, à l'aide de moyens extrêmement sophistiqués, auquel se livrent certains agents de la N.S.A. rend le film assez fatiguant et peu crédible. Mais  (d'abord réticent à réaliser cette production à gros budget*) s'y affirme comme l'un des spécialistes du genre ; le rythme effréné ne retombe presque jamais, réduisant subjectivement la durée réelle du métrage**. Le cinéaste anglais convainc  (qu'il a dirigé, trois ans plus tôt, dans Crimson Tide) de tenir l'un des seconds rôles clés, permettant ainsi le casting d'un *** surtout motivé par la participation de son illustre aîné. Les acteurs de soutien, parmi lesquels Gabriel Byrne et Jack Black, manquent enfin de caractères.
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*environ 90M$, soit près du double de celui de ses deux précédents films.
**plus de deux heures.
***Tom Cruise et Mel Gibson ont été un moment pressentis pour le rôle principal.

vendredi 23 août 2013

The Grid (état d'alerte)

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The Grid (le réseau) est une série télévisée anglo-saxonne* en six parties inégales mais plutôt intéressante. Trois ans après la déflagration humaine, géopolitique et civilisationnelle du 9/11, le scénario écrit par Ken Friedman reste étroitement influencé par la menace terroriste d'"obédience islamique". Afin d'identifier les auteurs et commanditaires d'une tentative d'attentat au gaz sarin à Londres puis de prévenir de très probables futures opérations, les agences étasuniennes et britanniques spécialisées (NSA, CIA, FBI, MI5 et MI6) unissent leurs compétences au sein d'une cellule pilotée par l'agent Maren Jackson sous la supervision de la Maison-Blanche. Thématique, réalisation**, montage ou encore aspects purement formels empruntent aux précédentes productions similaires, en particulier à 24, l'une des plus emblématiques du genre depuis le tournant du siècle. Le casting, un peu disparate (Jemma Redgrave - la nièce de VanessaBernard Hill, Tom Skerritt...) constitue d'ailleurs un assez bon atout.
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*Royaume-Uni/U.S.A./Canada.
**assurée par le Suédois Mikael Salomondirect. de la photographie d'Abyss et de Backdraft notamment.

lundi 19 août 2013

Dead Man Down

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"... Because Daddy takes care of all the monsters."

Première réalisation pour le cinéma US* du Danois  (Män som hatar kvinnor, premier volet de la trilogie Millennium)Dead Man Down est un polar assez surprenant et efficace. Sans doute moins subtil que l'épatant The Usual Suspects (à l'intrigue initiale turco-hongroise), il se montre en revanche bien plus convaincant que beaucoup des productions récentes du genre. Le scénario original de ** (auteur de ceux d'environ une trentaine d'épisodes de la série Fringe) réussit à nous tenir en haleine pendant les presque deux heures du métrage. L'inédit duo -, au jeu à la fois proche et complémentaire, fonctionne fort bien, solidement soutenus par  et  avec les insolites et inattendues participations d' et de F. Murray AbrahamDead Man Down bénéficie aussi et enfin de l'experte photographie de Paul Cameron (Man on FireCollateralMan on a Ledge). Au final, pas mal d'atouts pour un film qui mérite assurément que l'on s'y attarde.
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*après avoir dirigé trois épisodes (dont le pilot) de la première saison de la série TV Unforgettable.
**associé pour la première fois, en tant que producteur, à son aîné Neal H. Moritz (Prison Break).


jeudi 15 août 2013

Spring Breakers

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Cela n'a ni queue, ni (surtout) tête, véritable culte rendu à la bêtise, à la laideur, à la vulgarité, à la transgression morbide et aux vices. Spring Breakers (sélectionné pour le "Lion d'or" 2012 !) a fait un carton aux Etats-Unis et attiré près de six cent mille personnes en France... La façon dont ces derniers ont comblé le vide abyssal du film reste un mystère. Quant à moi, l'estime portée à  en a pris un sérieux coup !

Oblivion

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Disons le sans détour, Oblivion n'a vraiment rien de captivant. Dans la veine des films de science-fiction post-apocalyptique, cette production de studio à gros budget* ne parvient à se montrer ni intéressante, ni très originale. Tiré d'un roman graphique co-signé par le réalisateur, le second film de ** a en effet du mal à dissimuler son évidente carence de substance narrative. Les véritables enjeux demeurent longtemps estompés, nébuleux au profit de séquences de pure action aux effets spéciaux assez communs. Malgré de jolis décors (naturels ou non), cela manque singulièrement de relief mais aussi et surtout de tension dramatique. Le casting est à l'avenant, quelconque voire presque insipide ; une déception d'autant plus grande qu'il réunissait pour la première fois  et .
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*120M$. Semi-échec aux Etats-Unis (89M$ de recettes), le film a connu une audience plus forte à l'étranger (197M$). 
**spécialiste de l'infographie et de la modélisation 3D choisi il y a cinq ans par Disney pour diriger TRON: Legacy.



mercredi 14 août 2013

Plein soleil

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1960. Année de sortie de Psychose, de Spartacus, de The Magnificent Seven, de The Apartment, de La Dolce vita et... d'A bout de souffle. Après avoir, pour Dino De Laurentiis, adapté  porte pour la première fois au cinéma "The Talented Mr Ripley", le roman de  paru cinq ans plus tôt. Associé au scénariste "" Paul Gégauff, le cinéaste bordelais s'approprie l'intrigue littéraire pour donner à ce drame criminel et triangulaire une orientation moins rationnelle (cohérente), plus crue(lle), instinctive et enfiévrée. Le duo altère notamment de façon significative la relation entretenue, sournoise complicité, entre Tom Ripley et Philippe Greenleaf. L'incessante mobilité* qui caractérise Plein soleil frappe sans doute autant le spectateur que le récit lui-même. Outre la qualité de la photographie du  Henri Decaë et celle de la bande musicale de Nino Rota, l'un des atouts essentiels de cette co-production franco-italienne pilotée par les frères Hakim (La Bête humaineCasque d'or...) aura bien sûr été de confronter  à ** (autour de  dans son tout premier rôle au cinéma). Le cadet des deux acteurs obtient à cette occasion une phénoménale reconnaissance filmique, bientôt confirmée par son interprétation du personnage-titre dans le Rocco e i suoi fratelli de , vivace jusqu'au milieu des années 1970.
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*la scène qui succède au meurtre et celle, presque documentaire, dans le marché aux poissons en sont un bon exemple.
**à nouveau face à face, auprès de la merveilleuse  (qui fait ici une apparition au début du film), dans La Piscine (1969) de .


vendredi 2 août 2013

Django Unchained

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"I'm just a little more used to Americans than he is."


On peut certes reprocher à  ses tics cinématographiques et son goût pour l'outrance visuelle. En revanche, difficile de lui contester son talent pour les trouvailles et son sens des situations (avec renversements) inédites. Le natif de Knoxville (Tennessee) le prouve une nouvelle fois avec Django Unchained1. Créant ainsi délibérément une filiation, un peu tirée par les cheveux quoique pas totalement absurde, avec le personnage tenu au milieu des années 1960 par 2 (qui fait d'ailleurs ici une apparition) pour . Long mais presque toujours percutant, parfois foutraque mais construit, ce western (ou southern selon le souhait du cinéaste) ne laisse assurément pas indifférent. En grande partie grâce à 3, à l'épatant  (on comprend aisément que  ne puisse plus s'en passer !), aux étonnants  et  sans oublier les nombreux autres seconds rôles. Le succès public et commercial, le plus important de la carrière de , a été au rendez-vous. Que nous réserve le désormais cinquantenaire pour la suite ?
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1. nommé dans cinq catégories des Golden Globes et Academy Awards, (récompenses attribuées au scénario originale et à ).
2. et quelques autres acteurs moins emblématiques.
3. très convaincant substitut à Will Smith pour lequel le personnage avait été imaginé.

jeudi 1 août 2013

Cloud Atlas

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Un projet1 insensé, voilà ce qu'était l'idée même d'adapter au cinéma le troisième roman (paru en 2004) de l'Anglais David Mitchell. Devant l'ampleur de la tâche, les frères Wachowski2 ont souhaité s'associer au cinéaste allemand Tom Tykwer3. Mais le nombre ne suffit pas toujours à la réussite d'une entreprise. Cloud Atlas amplifie en effet les imperfections de l'ouvrage, son caractère abscons ; l'incessant découpage spatio-temporel devenant aussi, sous cette nouvelle forme, un réel handicap narratif. Le message mystique, pseudo métaphysique m'indispose cependant davantage que cette discontinuité délibérément coïncidente. L'interprétation des acteurs me paraît également trop convenue pour apporter une véritable intensité, nervosité dramatique au récit. Impressionné par le défi, nettement moins par le résultat final4.
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1. lancé par Natalie Portman qui, lors du tournage de V for Vendetta, avait confié un exemplaire du roman à Lana Wachowski.
2. responsable des segments des années 1849, 2144 et 2321.
3. chargé de la réalisation de ceux des années 1936, 1973 et 2012.
4. un sentiment validé par les chiffres : 27M$ de recettes aux Etats-Unis auxquels s'ajoutent, heureusement, 103M$ à l'international pour un budget supérieur à 100M$, l'un des plus élevés du cinéma US indépendant.