mardi 26 janvier 2010

Fritt vilt (cold prey)


 - film - 53550_1Survival nordique assez classique voire primitif (sans connotation péjorative), mais qui se laisse néanmoins voir sans ennui. Bien plus intéressant qu'un autre récent slasher norvégien, Rovdyr.
La légère influence de Shining dans Fritt vilt (litt. "saison ouverte") ne manquera pas d'être remarquée.
Le goût scandinave pour une photographie désaturée devient presque une norme.
Je me demande bien ce que les scénaristes des deux sequels ont bien pu trouver pour relancer le marché de la "viande surgelée" !!

N.B. : Fritt vilt III serait en fait un prequel aux deux précédents films de la série. 

lundi 25 janvier 2010

Co-Ed Fever


"I want the people behind this, Kimberly."

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Décédé en novembre 2006, Gary Graver a laissé derrière lui, en quarante ans, plus de deux cents films. Surtout connu pour ses quelques collaborations, entamées en 1970, et son amitié avec Orson Welles, le chef opérateur de plusieurs authentiques nanars horrifiques a également réalisé cent trente-cinq films, la plupart à caractère pornographique sous le pseudonyme de Robert McCallum. Produit par Harold Lime, co-signé par Bill Barron avec lesquels Graver venait de tourner The Ecstasy Girls et animé par un casting de professionnels parmi lesquels les deux récipiendaires des 4e "Adult Film Association of America Awards" Samantha Fox et Jamie Gillis, Co-Ed Fever investit sous influence la tendance loufoque du genre.
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Patron de la revue "News Month", W.R. Jackson souhaite réaliser et publier un reportage sur l'association de sororité étudiante présidée par sa fille Kimberly Anne. La principale de l'université, Miss Dean Spear, y voit le moyen de provoquer la rupture entre certaines des adhérentes de l'association et ceux de la fraternité "Uppa U Omega", qu'elle ne tient pas en haute considération, au profit des distingués membres de la "Phi Upsilon Delta". La mort dans l'âme et dans le corps, Alice, Angela Steinberg et Janice Shipley sont contraintes par leur mentore de cesser de voir et de frayer avec leur petit-ami respectif, Joseph Antonioni Marianno, James 'Jamie' Learner et Randy Banning. La prude et romantique Desiree Hamilton et le candide Chilton 'Chilly' B. Anthony doivent quant à eux renoncer à leur rapprochement. Mais les jeunes hommes élaborent rapidement, grâce aux indication d'Alice et à l'implication physique de Vanessa, un plan pour contrarier ce complot.
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Comme la très éphémère sitcom homonyme, Co-Ed Fever emprunte ouvertement son pitch à la sympathique comédie National Lampoon's Animal House de Chris Miller et John Landis en y renforçant, bien évidemment, de manière très significative la composante féminine. L'histoire, assez peu cohérente et saugrenue, ne sert en réalité que de prétexte à une succession de séquences purement sexuelles(1) qui n'échappent qu'à la marge à une certaine trivialité. Le ton est léger et certaines des actrices sont plutôt jolies mais Co-Ed Fever appartient bien à la catégorie dure et "culturiste" du genre. A l'affiche de dix-huit films cette année-là, l'hyperactive Samantha Fox voit ici ses charmes et talents dilués par ceux de ses partenaires, notamment les rousses Serena (aperçue dans Hardcore de Schrader) et Lisa De Leeuw, ou la châtaine et féministe Annette Haven (future candidate déçue, face à Melanie Griffith, pour le rôle d'Holly Body dans Body Double). La grande majorité de la distribution entourera peu après Veronica Hart, titulaire du rôle-titre dans Amanda by Night du même Graver-McCallum.
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1. dès la scène d'ouverture, totalement déconnectée du reste du film, dans laquelle une cheerleader très déterminée trouve le moyen d'améliorer sa moyenne scolaire grâce à une épreuve orale improvisée.

jeudi 21 janvier 2010

Debbie Does Dallas


"Is there anything else we can do for you?"

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Probablement aussi ancien que le Septième art lui-même, le cinéma pornographique prend un tour plus explicite et commence à se codifier en Europe à partir des années 1960. La tolérance législative au Danemark puis aux Pays-Bas favorise le développement de productions encore souvent peu dotées mais aux ambitions "artistiques" plus affirmées, vendues sous le comptoir ou diffusées en clubs privés dans le reste du continent. Avec l'arrivée de la décennie suivante, les Etats-Unis reprennent la main. Premier film véritablement exploité en salles, Mona: The Virgin Nymph y ouvre notamment la voie à trois désormais classiques du genre, Deep Throat, Behind the Green Door et Devil in Miss Jones, qui ont à la fois connu un grand succès commercial et partagé l'appellation "Golden Age of Porn" (ou porno chic). Un sort et un label dont, cinq ans après le dernier d'entre eux, Debbie Does Dallas peut sans aucun doute se prévaloir.
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La candidature de Debbie Benton, la capitaine de l'équipe de cheerleaders de son lycée, a été acceptée par les "Texas Cowgirls". La jeune femme va bientôt partir pour Dallas mais, en raison de l'opposition de ses parents, elle doit d'abord trouver les moyens de financer son voyage. Dans les vestiaires, Lisa propose à ses sept amies enthousiastes de toutes trouver une activité lucrative pour l'aider et même l'accompagner. Donna songe à travailler dans la bibliothèque de M. Biddle, Tammy a vu une offre d'emploi chez le disquaire de la ville, Lisa peut pallier un départ au club de tennis, M. Bradley cherche quelqu'un pour laver sa voiture. La création d'une société, "Teen Services", est évoquée. De leur côté, Debbie obtient sans difficulté un job dans le magasin de sports de M. Greenfeld qui rêve de la connaître intimement et Roberta ira aider le couple Hardwick pour l'inventaire de leur boutique de bougie. Celle-là monnaie assez vite de précieux boni, lançant ainsi une juteuse diversification de leur entreprise. Certaines ne doivent pas non plus négliger de satisfaire les attentes de leur petit-ami.
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Souvent présenté comme anti-cinéphilique, la pornographie a, d'une certaine manière(1), gagné ses "lettres de dignité" (de non indignité ?) avec des productions telles que le populaire Debbie Does Dallas. Crues, certains diront obscènes, les séquences(2) autour desquelles se tisse, sans être annulé, le très léger matériau narratif ne sont jamais vulgaires ou choquantes. Une fois les arguments historico-sociologiques évacués, ce sont d'une part la simplicité, le réalisme(3) et l'humour lié à la motivation faussement innocente de ces "good girls" qui retiennent l'attention de l'amateur de cinéma. Mais aussi les choix visuels et le jeu de caméra, aussi dépouillés soient ils parfois, qui participent à l'identité formelle du film. Aux côtés d'acteurs expérimentés, en particulier le bivalent Robert Kerman (future vedette de Cannibal Holocaust, aperçu plus récemment dans Spider-Man), la grande bringue Debra DeSanto alias Bambi Woods fait preuve dans son tout premier rôle à l'écran(4) d'une spontanéité et d'un entrain réjouissants. La native de Pierre (South Dakota, localité à proximité de laquelle a été tourné Dances with Wolves) incarnera à nouveau Debbie dans deux sequels avant de disparaître corps et biens(5), au grand damne de ceux qui ont tenté de la retrouver. Onze suites ou spin-offs ont été inspirés de la trilogie Debbie Does Dallas, la plupart peu convaincants et destinés au marché de la vidéo.
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1. comme elle l'avait fait auparavant en littérature.
2. dont la première, soit dix minutes de double(s) douche(s) mixte(s).
3. nous sommes en effet bien loin du prétendu "esthétisme" qui caractérise les productions récentes, notamment françaises.
4. une vocation suscitée pour des raisons... financières !
5. contrairement à deux de ses partenaires, Merle Michaels et Arcadia Lake.