samedi 31 juillet 2010

Le Notti bianche (nuits blanches)


"Lei vorrebbe... farmi credere..."

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Premier des deux films(1) de Luchino Visconti produits par Franco Cristaldi, Le Notti bianche transpose librement le court drame sentimental écrit par Fedor Dostoïevski en 1848, c'est à dire peu avant sa déportation au bagne sibérien d'Omsk. Co-adaptée par Suso Cecchi d'Amico avec laquelle le cinéaste venait de collaborer sur l'ambitieux mélodrame historique Senso, cette délicate histoire d'amour abandonne la littérarité du récit à la première personne tout en modifiant sensiblement l'équilibre entre réel et irréel ainsi que la psychologie du personnage féminin principal. L'Autrichienne Maria Schell et Marcello Mastroianni, réunis pour cette unique occasion, forment l'insolite et éthéré couple sur lequel repose le film, altéré par les apparitions d'un Jean Marais qui retrouve ici une atmosphère parfois proche de celle des œuvres de Cocteau, et de Clara Calamai (Ossessione, L'Adultera).
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Très récemment muté dans une petite ville, un homme rentre tardivement d'un dimanche pluvieux passé avec son patron et la famille de celui-ci. Pour tromper sa solitude, il erre dans les rues à présent presque désertes lorsqu'il remarque une jeune femme seule sur un pont. En passant à proximité, il l'entend pleurer. L'inconnue s'éloigne mais elle est importunée par deux adolescents à motocyclette. L'homme intervient, lui propose de la raccompagner et lui fait la conversation. Au douze coups de minuit, la demoiselle finit par accepter la proposition et son invitation à la retrouver le lendemain au même endroit. A peine l'homme s'est-il éloigné qu'elle retourne sur le pont où il l'avait aperçue. Le soir suivant, l'homme voit passer la jeune femme du bar où il prend un café. Lorsque cette dernière croise son regard, elle tente de l'éviter en s'enfuyant. Puis, regrettant son attitude, lui suggère de faire connaissance et de devenir amis. Natalia raconte alors à Mario l'histoire résumée de sa famille et lui révèle qu'elle attend quelqu'un.
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"Lion d'argent" de la 22e Mostra(3), Le Notti bianche possède un charme très singulier (bien moins austère que le futur L'Année dernière à Marienbad d'Alain Resnais). Tourné, de janvier à mars 1957, en noir et blanc par Visconti(4) associé pour la première fois au Romain Giuseppe Rotunno, le film oscille sans cesse entre ombres et lumières, entre réalisme (évocation sporadique de la misère urbaine) et imaginaire. L'espace et le temps, si l'on y prête attention, participent en effet au bouleversement ambiant dans ces superbes décors créés dans les studios de Cinecittà par Mario Chiari où, depuis Saint-Pétersbourg vers une ville qui évoque le port toscan de Livourne, se déplace le récit. Le scénario met d'ailleurs assez subtilement en balance une passion unilatérale concrète, effective avec une dévotion longtemps désincarnée, quasi mystique. A peine sortie d'un autre drame dostoïevskien (The Brothers Karamazov), Maria Schell, délicieusement attendrissante et infantile, incarne à merveille le permanent et versatile émoi de son personnage fondamental. Une remarquable interprétation pourtant oubliée par les membres du SNGCI(5) dont les "Nastri d'argento" ont récompensé Marcello Mastroianni, la bande originale de Nino Rota et les décorateurs. A noter enfin la première prestation au cinéma du danseur et chorégraphe Dirk Sanders.
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1. le second sera, huit ans plus tard, Vaghe stelle dell'Orsa avec Claudia Cardinale dans le rôle principal.
2. porté ensuite à l'écran notamment par le Russe Ivan Pyryev et le Français Robert Bresson, inspirateur également du Two Lovers du New-yorkais James Gray.
3. dont le jury, présidé par René Clair, avait attribué le "Lion d'or" à Aparajito de Satyajit Ray.
4. une radicale rupture esthétique après l'éclat chromatique de Senso, son premier film en couleurs.
5. Sindacato Nazionale Giornalisti Cinematografici Italiani.

jeudi 29 juillet 2010

Cashback


Sean Ellis possède un talent assez incroyable. Pas la moindre maladresse ou faute de goût dans ce premier long métrage du Britannique, bien au contraire (aucune comparaison possible avec le médiocre Click).
Un scénario intelligent, inspiré même ; une réalisation extrêmement soignée et des acteurs "séduisants" par leur "apparence" comme par leur jeu.




mercredi 28 juillet 2010

District 9


Dans la famille des mockumentaries (quoique le scénario ne soit pas très homogène sur ce plan), le premier long métrage du Sud-africain Neill Blomkamp est sans doute l'une des plus originales productions de science-fiction de ces dernières années, même s'il fait un peu penser au Alien Nation de Graham Baker.
L'excès d'agitation et de violence le pénalise néanmoins un peu ; le parti pris semble avoir été de prendre le contrepied radical de Close Encounter... suggéré par une interviewée au début du film.
Y aura-t-il une suite ? L'histoire laisse cette possibilité et l'énorme succès rencontrée (les recettes ont représenté 7 fois le budget) le justifierait. 

mardi 27 juillet 2010

Sturm (la révélation)


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Première fiction, me semble-t-il, centrée sur une instruction du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (institué, rappelons-le, à La Haye en mai 1993).
Sturm ne joue évidemment pas sur des ressorts identiques à ceux de Welcome to Sarajevo de Winterbottom ou, a fortiori, de The Hunting Party de Richard Shepard.
Sans pesanteur ni esbroufe, Hans-Christian Schmid met assez finement en évidence les enjeux et priorités d'une telle instance, les petits arrangements entre "amis" au détriment, le plus souvent, de la justice humaine et des témoins.
Joli duo d'actrices, la (désormais mature) Néo-zélandaise Kerry Fox (qui avait débuté avec Jane Campion, second rôle dans le film cité de Winterbottom et revue récemment dans Bright Star) et sa cadette la Roumaine Anamaria Marinca (4 luni, 3 saptamâni si 2 zile).