jeudi 28 juin 2012

Californication


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Original par ses partis pris, le caractère provocateur des situations et du langage (vaguement inspirés par l'existence chaotique de Charles Bukowski) au cours de la première saison, cette série promue par Tom Kapinos (Dawson) tourne ensuite un peu en rond, devenant au passage assez conventionnelle, voire prévisible.
Amusant de relever que le développement de cet éloge de la résistance apparente au systême ("don't be another brick in the wall"), du "parasitisme" non créatif et de l'opportunisme licencieux (ou copulateur à usage unique) coïncidait avec celui du subprime lending et autres déviances toxiques du capitalisme triomphant.
Les intrigues et personnages secondaires sont souvent médiocres, voire pathétiques à l'image de Charlie Runkle tenu par Evan Handler ou encore de Sue Collini confié, au cours de la saison 3, à la méconnaissable Kathleen Turner.
Le significatif mérite de Californication reste surtout d'avoir offert à David Duchovny, cinq ans après l'arrêt de The X Files, un rôle de premier plan... une nouvelle fois à la télévision.

Episodes

Saison 1
  1. Cette petite folie qu'on appelle l'amour (Pilot)
  2. Je vous hais tous (Hell-A Woman)
  3. Peu importe le flacon… (The Whore of Babylon)
  4. Charité quand tu nous tiens (Fear And Loathing At The Fundraiser)
  5. Entre Cro-magnon et Shakespeare (LOL)
  6. Le romantisme est mort (Absinthe Makes The Heart Grow Fonder)
  7. Il n'y a pas de fin heureuse (Girls Interrupted)
  8. Jacaranda (California Son)
  9. Une page se tourne (Filthy Lucre)
  10. Dernier Round entre amis (The Devil's Threesome)
  11. Un seul être vous manque (Turn The Page)
  12. Tragiquement imparfait (The Last Waltz)
Saison 2
  1. Cunnilapsus (Slip of the Tongue)
  2. Ashby le magnifique (The Great Ashby)
  3. Par respect pour ces dames (No Way to Treat a Lady)
  4. La cène (The Raw & the Cooked)
  5. Vaginatown (Idem)
  6. Ça tourne à Boullywood (Coke Dick and The First Kick)
  7. Jamais plus jamais (In a Lonely Place)
  8. L'auberge espagnole (Going Down and Out in Beverly Hills)
  9. La Ronde (Id.)
  10. In Utero (Id.)
  11. La Ligne blanche (Blues From Laurel Canyon)
  12. California Dreaming (La Petite Mort)
Saison 3
  1. Père célibataire (Wish You Were Here)
  2. Suicide littéraire (The Land of Rape and Honey)
  3. L'an prochain à Jérusalem (Verities & Balderdash)
  4. Toutes devant et lui derrière (Zoso)
  5. Zloz le conquérant (Slow Happy Boys)
  6. In Vino Veritas (Glass Houses)
  7. Comment leur dire adieu ? (So Here's the Thing…)
  8. L'appartement (The Apartment)
  9. Monsieur mauvais exemple (Mr. Bad Example)
  10. Papillon de nuit (Dogtown)
  11. Règlement de compte à Chikamanga (Comings and Goings)
  12. Mia Culpa (Id.)
Saison 4
  1. Hank le maudit (Exile on Main St.)
  2. Trop sombre pour voir (Suicide Solution)
  3. Mensonge pieux (Home Sweet Home)
  4. L'homme descend du singe (Monkey Business)
  5. Mama Mia ! (Freeze-Frame)
  6. Du côté obscur (Lawyers, Guns and Money)
  7. La guerre du golf (The Rescued)
  8. Zombie (Lights. Camera. Asshole)
  9. Encore une journée parfaite (Another Perfect Day)
  10. Pendez-le haut et court (The Trial)
  11. Incroyablement Triste (The Last Supper)
  12. Le premier jour du reste de ta vie (… And Justice For All)
Saison 5
  1. La centième femme (JFK to LAX)
  2. A la force du poignet (The Way of the Fist)
  3. D. A. B. (Boys and Girls)
  4. L’espoir d’un miracle (Waiting for the Miracle)
  5. Patrouille de nuit (The Ride Along)
  6. Les paroles du cœur (Love Song)
  7. Black-out (Here I Go Again)
  8. La vérité brute (Raw)
  9. Comme au cinéma (At the Movies)
  10. Le fruit défendu (Perverts and Whores)
  11. A la grâce de Dieu (The Party)
  12. Dis-moi que tu m'aimes (Hell Ain't a Bad Place to Be)
Saison 6
  1. Impardonnable (The Unforgiven)
  2. Dure, dure la cure ! (Quitters)
  3. Sex and Drugs and Rock'n'roll (Dead Rock Stars)
  4. La guerre du mâle (Hell Bent for Leather)
  5. La muse (Rock and a Hard Place)
  6. Air Force 69 (In the Clouds)
  7. Bas les masques ! (The Dope Show)
  8. Le mur du silence (Everybody's a Fucking Critic)
  9. L'alignement des étoiles (Mad Dogs and Englishmen)
  10. Les voies du seigneur (Blind Faith)
  11. La période bleue (The Abby)
  12. Et oui, mais si... (I'll Lay My Monsters Down)
Saison 7
  1. Levon (Id.)
  2. Souvenirs, souvenirs (Julia)
  3. Tel père, tel fils (Like Father Like Son)
  4. L'arme fatale (Dicks)
  5. Toute première fois (Getting the Poison Out)
  6. Obsédé textuel (Kickoff)
  7. Cet obscure objet du désir (Smile)
  8. Proposition indécente (30 Minutes Or Less)
  9. Confiance, espoir, amour (Faith, Hope, Love)
  10. Petit dîner entre amis (Dinner With Friends)
  11. Ma fille, mes entrailles (Daughter)
  12. Jusqu'à ce que l'amour nous sépare (Grace)

mercredi 27 juin 2012

Angst (schizophrenia)


"Ca allait trop vite. Tout aurait dû se dérouler de façon différente. Beaucoup plus dramatique."

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Si l'on ne devait citer qu'une seule représentation de la folie meurtrière au cinéma, il faudrait assurément désigner Angst (littér. "peur"), figuration sans doute la plus saisissante et "aboutie" de ce grave dérèglement mental. Les tueurs en série, psychopathes et autres fendus de lames en giallo et slasher mineurs ou majeurs n'y manquent pourtant pas depuis près d'un demi-siècle. Le second film et unique long métrage de fiction(1) de l'Autrichien Gerald Kargl(2), quelque part à la croisée du drame psychologique et de la production crimin-horrifique, demeure néanmoins dans les annales en raison de sa profonde singularité, de la frénétique violence mise en scène (lui ayant d'ailleurs valu à l'époque en France l'une des dernières classifications X). Mais aussi et surtout de la combinaison de plusieurs autres facteurs parmi lesquels la vigoureuse et névrotique composition de son compatriote Erwin Leder (interprète, deux ans auparavant, du chef-mécanicien surnommé 'le Fantôme' dans Das Boot).
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Un individu est libéré, à midi sonnante, de la prison où il a purgé dix ans de réclusion pour l'assassinat d'une vieille femme, laquelle faisait suite aux quatre années de détention pour la tentative de meurtre de sa propre mère. Une fois dans la rue, l'homme sait déjà qu'il va très vite récidiver. Deux jeunes femmes maquillées, assises au comptoir de la brasserie d'une station-service où il s'est arrêté pour dévorer une saucisse, pourraient constituer de bien excitantes victimes. Mais il ne souhaite pas les aborder dans cet endroit et diffère son projet. Il monte alors à bord d'un taxi conduit par une femme. Juste avant qu'il ne l'étrangle avec son lacet, celle-ci inquiète freine brutalement, provoquant la fuite à travers bois du dangereux passager. En chemin, ce dernier repère une vaste demeure dissimulée et apparemment déserte. Après en avoir fait le tour, il brise une vitre et y pénètre. A l'intérieur, un homme un peu demeuré en fauteuil roulant l'appelle "Papa". Il est bientôt rejoint par sa mère et sa jeune sœur Silvia de retour de courses. L'intrus, muni d'un couteau de cuisine, a eu le temps de se cacher à l'étage. La découverte par la mère des dégâts de l'effraction le pousse à vouloir s'enfuir, mais la porte est close. Il renverse la chaise du handicapé, attache à la poignée d'une porte la jambe de la jeune femme puis ses mains derrière le dos. Il essaie ensuite d'étrangler la vieille dame qui lui oppose une brève résistance.
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"J'avais peur de moi-même." Dès les premiers instants dans la cellule du détenu(3), nous pénétrons dans les pensées, mélange de souvenirs et d'impulsives émotions, du personnage central. Le sentiment d'un désastre en devenir nous assaille précocement. En serons-nous de simples témoins ou ses muets complices ? Au fur et à mesure que son imminence croît se dévoilent aussi peu à peu les contours et plausibles éléments de causalité de la déviance psychique à l'origine de sa perpétration. Une démarche scénaristique somme toute assez classique, voire conventionnelle. Pourtant le film de Gerald Kargl ne ressemble à aucun autre(4). Outre la prestation déjà évoquée d'Erwin Leder au milieu d'acteurs occasionnels, les contributions du Polonais Zbigniew Rybczynski(5), co-scénariste, chef-opérateur et monteur, et du compositeur Klaus Schulze(6) à son caractère déroutant, mécanique et enfiévré sont particulièrement significatives. Enfin, malgré ses presque trente ans d'âge, Angst demeure terriblement pertinent et impressionnant ; à déconseiller donc aux âmes trop sensibles.
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1. quoique inspiré du triple assassinat commis à Salzbourg en 1980 par Werner Kniesek. La narration du script contient également des propos du tueur Peter Kürten alias 'le Vampire de Düsseldorf'.
2. reconverti depuis dans la publicité, les documentaires et... les films éducatifs !
3. cette logique de la narration est évidemment contrariée par le prologue additionnel.
4. sur un thème, celui de la peur, très fassbindérien, pas même au Funny Games d'Haneke parfois évoqué. Une proximité symbolique avec le Peeping Tom de Michael Powell peut néanmoins être soulevée.
5. plus connu pour ses courts métrages d'animation et clips vidéo.
6. percussionniste du groupe allemand Tangerine Dream à partir de 1969.

mardi 26 juin 2012

Two Gates of Sleep


"Nothing exists outside to see."

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Jack et son frère aîné Louis partent chasser avant le lever du soleil. Le premier ramène, en le tirant à la force des bras, un grand cervidé jusqu'à leur grande cabane au milieu de la forêt où ils vivent avec leur mère. Frêle et comme absente, celle-ci semble avoir peu à peu perdu une partie de ses fonctions mentales. Une nuit, elle quitte la maison ; Jack part au matin à sa recherche et la retrouve sans vie. Les deux frères s'opposent avec fermeté à la volonté du médecin de transporter le corps à la morgue. Après l'avoir mis en bière, ils entament, en remontant avec elle la rivière, un long trajet dont ils sont seuls à connaitre la destination.
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Présenté à la "Quinzaine des réalisateurs" 2010 puis en sélection au Festival de Deauville, ce premier long métrage d'Alistair Banks Griffin apparaît foncièrement elliptique. Sans éclairage sur les tenants et aboutissants de ce drame familial, récit sur la fratrie et le deuil privilégiant d'ailleurs les images aux dialogues, le spectateur se trouve ainsi placé en situation d'étrangeté radicale. A la fois intemporel et incarné, Two Gates of Sleep est un film brut, primitif, sorte de fable (sans véritable morale) d'un retour circonscrit à la loi de nature(1). Figure centrale du trio d'acteurs et associé au montage, Brady Corbet(2), révélé par Mysterious Skin, le porte littéralement avec une insolite énergie distante. Rugueux !
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1. les ruines d'une maison constituent le seul témoignage d'un passé commun.
2. à l'affiche du récent Martha Marcy May Marlene également produit par Josh Mond, promoteur d'Afterschool (dans lequel le deuil était aussi le ressort narratif principal) avec Andrew Renzi.

Gauge


Un homme et un jeune garçon s'apprêtent à la chasse. Au milieu d'un champs, le premier aide le second à recharger sa carabine ; il l'avertit aussi du danger potentiel représenté par une cartouche de 12mm. Surpris par l'apparition soudaine et le cri d'un volatile, l'enfant perd l'équilibre, provoquant le tir accidentel de son arme.
La parenté entre ce second court d'A. Banks Griffin et Two Gates of Sleep n'échappera à personne : déséquilibre assumé entre contexte et échanges verbaux, relation filiale (?), contingence et un relatif hermétisme.

vendredi 22 juin 2012

Mystic River


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Si l'adaptation du duo Brian Helgeland-Clint Eastwood mérite les éloges reçues, il faut avant tout souligner la force et la qualité du roman de Dennis Lehane. La naissance de la tragédie à travers une séquence d'ouverture presque anodine (expression d'une peur enfantine chez l'auteur) si elle n'était en réalité terrifiante.
Certains aspects narratifs, compréhensibles à défaut d'être totalement cohérents, m'ont néanmoins gêné. En particulier la concomitance, évidemment essentielle, entre le meurtre de Katie et la première manifestation des pulsions vengeresses de Dave, la séparation-réconciliation de Sean avec son épouse* (au passage, le mutisme tient une place "significative" dans le récit), l'approbation apologique finale exprimée par Annabeth à son "héroïque" mari Jimmy.
En petite frappe fracassée, Sean Penn (que je n'apprécie en général que modérément) tout comme Tim Robbins, dans un personnage antinomique, méritent sans aucun doute leur "Oscar".
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*dois-je l'avouer, lors de la sortie du film en salles, j'imaginais que Mrs Devine, dont on ne voyait que la bouche avant la séquence du défilé, aurait pu être... un travesti !!