lundi 31 août 2015

Bellflower

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Après cinq minutes, début de défilement rapide : end of story (pour peu qu'il y en ait une !). Présenté en première et hors compétition lors du 27e Sundance Film Festival, le premier long métrage d', archétype de l'indigence narrative et de la médiocrité artistique d'un certain cinéma indépendant* (pourtant récompensé notamment à Sitges et Fantasporto, film pour lequel s'est "enflammée" une critique désormais coutumière du mauvais goût)ne justifie absolument pas un visionnage à vitesse normale.

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*à deux balles, c'est à dire au cours actuel environ dix-sept mille dollars.

Metro Manila

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"Vous avez déjà entendu parler d'Alfred Santos ?"

Etonnante trajectoire que celle suivie par le Britannique . Après l'insolite Cashback (voir article) et le moins réussi The Brøken, ce troisième long métrage imaginé, produit avec Mathilde Charpentier et réalisé par  nous emmène en effet à l'autre bout du monde. Tourné aux Philippines en tagalog avec des acteurs locaux, Metro Manila constitue sans doute l'un des plus surprenants, saisissants thrillers indépendants sur la pauvreté urbaine et la corruption. Ecrit avec le cinéaste natif des Iles Caïman , le scénario choisit d'envisager ces thématiques, à la différence de la plupart des habituels films criminels, sous l'angle judicieux de la famille.
Parce que le prix reçu pour sa récolte rend impossible l'achat des semences de la prochaine, Oscar Ramirez persuade sa compagne Mai de quitter les rizières de Banaue pour aller trouver du travail à Manille. Avec leurs deux jeunes enfants, ils prennent place à bord d'un véhicule de transport de marchandises à destination de la capitale. Arnaquée au logement dès leur arrivée, la famille s'installe dans une bicoque laissée vacante du bidonville de Tondo. Grâce à son tatouage de la 9e (Speardivision d'infanterie, Oscar obtient la recommandation de son futur supérieur et coéquipier Ong pour un emploi de convoyeur de fonds au sein d'une entreprise de sécurité. De son côté, Mai accepte à contrecœur une place d'entraîneuse dans un bar pour touristes étrangers.
Metro Manila noue puis tend de façon progressive une situation quasi inextricable que seul un acte délictueux commis par un individu désespéré serait en mesure de résoudre partiellement.  souligne volontiers le contraste entre les paisibles rizières en plateau du centre des Philippines (où règne néanmoins la loi du plus fort) et la sonore, grouillante, dangereuse mégapole (qui lui donne son titre), mais aussi celui qui oppose l'opulence et le complet dénuement au cœur même de la ville. La narration ancre d'emblée, de manière d'abord allusive, son intéressante et inexorable fatalité dans un précédent dramatique provoqué par la violence et l'injustice, maux encore courants dans la république philippine post-dictatoriale. Le choix pertinent des acteurs (,  et  tiennent les rôles principaux), les qualités dynamiques et visuelles de la réalisation contribuent bien sûr également à l'appréciation positive du film auprès des cinéphiles. Présenté en première et compétition lors du 29e Sundance Film Festival (récompensé par le "Prix du public" World Dramatic)Metro Manila a été officiellement choisi pour représenter le Royaume-Uni au moment de la sélection initiale des productions en langue étrangère opérée pour les 89e Academy Awards.

N.B. : un premier remake du film, l'indien City Lights, est sorti en 2014 ; un second est prévu sans date définie d'exploitation.




dimanche 30 août 2015

Ray Donovan

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"You're in the solution now."

Promue par Mark Gordon (Grey's Anatomy) sur la base d'une trame narrative d' (Southland), cette série télévisée possède au moins trois atouts qui la singularisent de la plupart des productions actuelles. En premier lieu, l'originalité de l'activité exercée par Raymond 'Ray' Donovan pour le cabinet d'avocats Goldman et Drexler. A la tête d'une petite équipe  spécialisée, Ray est un fixer (trad. française : combinard), permettant aux clients de ses partenaires, célébrités et dirigeants hollywoodiens, d'échapper à des situations compromettantes, surtout sur les plans juridiques et médiatiques. Un fort antagonisme, fondé sur de sordides événements du passé, l'oppose ensuite à son père Mickey ; au point d'avoir activement contribué à sa durable mise en détention interrompue par une toute récente et inattendue mise en liberté conditionnelle. 
Ray Donovan offre également à , et ce n'est que justice après plusieurs emplois souvent quelconques, le moyen de mettre un peu plus en évidence ses réelles qualités d'acteur, notamment face à un surprenant  (récompensé pour son interprétation par les 71e Golden Globes) et aux côtés de la Nord-irlandaise  (la Trixie de Deadwood). L'épatant Londonien  (le frère aîné éclopé Terrence 'Terry', ex-boxeur passé entraineur), le New-yorkais  (le benjamin Brendan 'Bunchy', enfant abusé devenu un véritable cas social) et le natif cubain  (en Avi, principal collaborateur de Ray) complètent l'intéressant casting de tête. Diffusée depuis 2013 par Showtime Networks, cette série familialo-criminelle est entrée en juillet dernier dans sa troisième saison. Une quatrième débutera en septembre 2016.



Episodes

Saison 1
  1. Le sac ou la batte (The Bag or the Bat)
  2. A pleine bouche (A Mouth is a Mouth)
  3. Twerk (Id.)
  4. La Cadillac noir (Black Cadillac)
  5. Le golem (The Golem)
  6. La crémaillère (Housewarming)
  7. Nouvel anniversaire (New Birthday)
  8. Bridget (Id.)
  9. Road Trip (Id.)
  10. Révélations (Fite Nite)
  11. Réservoir Blood (Bucky Fuckn' Dent)
  12. Copie conforme (Same Exactly)
Saison 2
  1. Yo Soy Capitán (Id.)
  2. Retour au bercail (Uber Ray)
  3. Prêt sur gage (Gem and Loan)
  4. Niqué ! (S.U.C.K.)
  5. Printemps irlandais (Irish Spring)
  6. Nouveaux départs (Viagra)
  7. Bon anniversaire (Walk This Way)
  8. Sunny (Id.)
  9. Flocon de neige (Snowflake)
  10. Volcheck (Id.)
  11. Le rodef (Rodef)
  12. Le capitaine (The Captain)
Saison 3
  1.  (The Kalamazoo)
  2.  (Ding)
  3.  (Come and Knock on Our Door)
  4.  (Breakfast of Champions)
  5.  (Handshake Deal)
  6.  (Swing Vote)
  7.  (All Must Be Loved)
  8.  (Tulip)
  9.  (The Octopus)
  10.  (One Night in Yerevan)
  11.  (Poker)
  12.  (Exsuscito)
Saison 4




vendredi 28 août 2015

The Judge (le juge)

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"Are you asking if you can represent me?"

Producteur-réalisateur de comédies,  n'était vraisemblablement pas attendu dans ce registre dramatico-judiciaire. Son septième film, le premier dont qu'il co-signe le scénario (avec seconde contribution pour le cinéma après Gran Torino, avant qu'il ne soit réécrit par le débutant ), mêle en effet étroitement histoire de famille et affaire pénale. Avocat de Chicago, Henry 'Hank' Palmer retourne dans la petite ville de l'Indiana où il est né pour les obsèques de sa mère. Il y retrouve ses frères Glen et Dale mais aussi son père Joseph, juge depuis quarante-deux ans du tribunal local, avec lequel il a longtemps auparavant pris ses distances. Dans l'avion de retour sur le point de décoller, Hank apprend la mise en examen de celui-ci, suspecté d'avoir mortellement heurté de nuit un cycliste avec son véhicule. L'individu en question se révèle être un criminel condamné par le juge dix ans plus tôt et récemment libéré. Hank se trouve alors amené à assister C.P. Kennedy, l'inexpérimenté avocat choisi par son père.
Co-produit par Susan Downey1The Judge sous-exploite assurément son potentiel narratif. Tendu par des relations familiales altérées en raison de certains événements du passé, de méprises, maladresses, ressentiments et autres situations incidentes, le récit semble en permanence chercher son centre de gravité sans vraiment y parvenir. Malgré son évidente qualité, le casting réuni2 ne parvient non plus à faire pencher de manière franche la balance du côté favorable. Dans son premier rôle principal (hors productions Marvel et série Sherlock Holmes en cours) depuis Due Date (2010) nous rappelle sa capacité à tenir solidement et avec une relative sobriété un personnage du commun. L'interprétation de 3, saluée par les Golden Globes et Academy Awards4, éclipse néanmoins quelque peu celle de son cadet new-yorkais. Présenté en ouverture du 38e TIFFThe Judge a connu une exploitation en salles plutôt décevante5.
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1. productrice depuis 2002 et seconde épouse de Robert Jr. The Judge est le premier film promu par la société fondée par le couple en 2010, avec David Gambino pour collaborateur et la Warner comme partenaire.
2.  (finalement préférée à Elizabeth Banks),  (en jeune frère autiste existant à travers sa caméra) et  (aînée d'une fratrie d'acteurs-enfants) tiennent les personnages secondaires les plus en vue.
3. Jack Nicholson a refusé le rôle du juge Joseph Palmer, Tommy Lee Jones a ensuite été pressenti pour le tenir.
4. septième nomination (la quatrième pour un rôle de soutien) depuis 1973.
5. 47M$ de recettes US (environ quatre fois et demi inférieures à celles de Wedding Crashers) auxquelles se sont ajoutés près de 37M$ à l'international pour un budget de 50M$.





mercredi 26 août 2015

Young Man with a Horn (la femme aux chimères)

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"... I got lost."

Depuis The Jazz Singer (premier film parlant doté, également pour cette raison, d'une valeur symbolique forte) déjà produit par la Warner, cinéma et jazz entretiennent, de la simple évocation (par ex. au moyen de la bande originale) jusqu'au sujet principal du récit, d'étroites et régulières relations. Adapté du roman best-seller éponyme de Dorothy Baker publié en 1938, Young Man with a Horn1 constitue l'une des toute premières productions hollywoodiennes consacrées à un musicien. Bien qu'inspiré par Bix Beiderbecke2, ce drame n'est pas un biopic (comme le sera, quatre ans plus tard, The Glenn Miller Story d' avec ). Il développe plutôt les thèmes de la passion musicale et instrumentale précoce, quasi exclusive, de la filiation et de l'engagement artistiques désintéressés. Le projet, porté dès octobre 1941 par Benjamin Glazer associé à Theodore Reed (qui devait en assurer la direction), est finalement repris par Jerry Wald3 (Mildred Pierce) pour la Warner à partir d'un scénario co-signé par 4 et  (Patton).
Le film perd, hélas, peu à peu sa justesse de ton mais aussi une partie de son intérêt narratif. La troisième partie, à la fois improbable et convenue, détonne singulièrement par rapport aux précédentes. Difficile en effet de saisir les motifs et la nature exacte de la relation qui se noue entre le virtuose Rick Martin et la riche dilettante Amy North (la "femme aux chimères" du titre français), si opposés qu'elle apparaît artificielle, voire caricaturale. Une impression en outre renforcée par la disharmonie du couple -5. La participation, discrète mais opportune, de la délicieuse 6 , celle du Portoricain  (remarqué dans la récente adaptation Intruder in the Dust) et la photographie de l'expérimenté Ted D. McCord (The Treasure of the Sierra MadreJohnny Belinda) représentent quelques uns des atouts de cette production. Insuffisants cependant pour faire de Young Man with a Horn un authentique bon film.

N.B. :
- titulaire du personnage de Willie 'Smoke' Willoughby et narrateur de cette fiction, le pianiste-chanteur-compositeur (notamment de l'inoubliable "Georgia in My Mind" de Ray Charles)  avait été l'ami et le partenaire de Bix Beiderbecke au cours de la seconde moitié des années 1920. Dans To Have and Have Not, il accompagnait  alias Marie 'Slim' Browning sur la chanson "How Little We Know".
- le trompettiste et chef d'orchestre Harry James (grâce auquel Frank Sinatra débuta en 1939 sa carrière professionnelle de chanteur) double  pour les parties instrumentales.
- le Bolognais  a produit et réalisé en 1991 un biopic intitulé Bix (candidat à la 47e "Palme d'or") avec  dans le rôle-titre.
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1. titre emprunté par Dorothy Baker à celui des deux articles écrits en juin 1936 par son ami critique Otis Ferguson dans le magazine "New Republic". Miles Davis le reprendra pour son deuxième album studio enregistré en mai 1952.
2. cornettiste soliste blanc et compositeur des années 1920, Beiderbecke se démarqua de ses contemporains, parmi lesquels les célèbres Joe 'King' Oliver et Louis Armstrong, par son jeu (phrasé en legato, douceur du timbre, tonalité mélancolique) précurseur du cool jazz des 1950's. A la différence de Rick Martin, Beiderbecke n'était pas orphelin et ne s'est jamais marié (on ne lui connait d'ailleurs aucune compagne féminine). Alcoolique impénitent, Il est décédé d'une pneumonie à l'âge de vingt-huit ans, ouvrant un nouveau chapitre dans la légende un peu éculée de l'artiste maudit.
3. entré en 1934 à la Warner comme scénariste (notamment de The Roaring Twenties) puis en tant que producteur en titre à partir de 1942.
4. nommé, quelques semaines après la sortie du film, pour la première fois aux "Oscars" grâce au drame pugiliste Champion avec  dans le rôle principal.
5. absente des écrans depuis Key Largo (1948) pour cause de maternité. L'actrice sera l'une des deux vedettes féminines de Bright Leaf, le film suivant de . Elle tournera également une seconde fois avec  dans la comédie Diamonds (1999).
6. l'actrice et chanteuse tenait ici son quatrième rôle, le troisième des quatre sous la direction de .