lundi 24 août 2015

Au fil d'Ariane

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"Mes histoires ? Parce que maintenant, c'est mes histoires ?"

Comédie dramatico-récréative, étourdissement filmique, une "fantaisie" d'après  lui-même, Au fil d'Ariane émane des imaginaires, combinés pour la première fois, du cinéaste et du dramaturge (également marseillais) *. Avec cette dix-huitième production,  ne s'intéresse pas vraiment à la mythologie grecque**, s'interrogeant plutôt sur notre capacité à réinventer, ne serait-ce qu'en songe, nos existences étriquées et égotistes (peut-être même virtuelles si l'on se fie à la surprenante ouverture en images de synthèse). A assumer notre héritage culturel en laissant par exemple s'exprimer nos trop longtemps étouffées vocations, artistiques cela va sans dire.
Laissée seule par son époux et ses enfants le jour de son anniversaire, Ariane décide soudainement de quitter son confortable appartement pour partir en voiture à l'aventure. Stoppée par l'ouverture d'un pont basculant, elle rencontre Raphaël, un jeune homme en scooter et accepte sa proposition de la conduire dans un endroit qu'il connait où elle pourra déjeuner. Dans ce modeste bistrot en bord de mer, Ariane va faire la connaissance puis partager le quotidien du patron Denis, de Marcial, l'inutile gardien africain des lieux et vendeur de souvenirs, de Lola, la petite-amie de Raphaël, de Jacques/Jack penseur présumé étasunien et d'une tortue avec laquelle Ariane est la seule... à pouvoir discuter.
Le caractère déréglé, inconséquent, capricieux de cette histoire contribue au charme insolite d'Au fil d'Ariane. La définition (c'est à dire à la fois objet original et plaisant mais de peu d'utilité, œuvre libre sans contraintes formelles et chimère) qu'en donne  se révèle tout à fait pertinente. La vertu principale du film tient du paradoxe : nous permettre de retrouver de vieux camarades dans de nouveaux personnages. , épouse et muse de  ici dans un double rôle secondaire,  ou encore  (de retour après Lady Jane).
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*éphémère acteur (six rôles entre 1979 et 1984), co-scénariste du polar Balles perdues adapté du premier roman de son père Alexandre alias Clarence Weff.
**le titre semble en effet évoquer le fameux fil conducteur confié à Thésée par la fille du roi de Crète Minos afin de sortir du labyrinthe construit par Dédale pour enfermer le Minotaure. Le nom du "Café l'Olymp(iqu)e" (situé dans la calanque de Ponteau, près de Martigues, déjà décor d'A la vie, à la mort !) constitue aussi, par défaillance, un clin d'œil au domaine des dieux hellènes.




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