jeudi 6 août 2015

Sàidékè balái (warriors of the rainbow)

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"... Qui est cet homme si fier ? C'est ta descendance, un Seediq Bale."

Production très ambitieuse1Sàidékè balái fait le récit de la meurtrière rébellion (nommée par les historiens "Incident de Wushe") menée, entre octobre et décembre 1930, par les aborigènes Seediq du centre de l'île de Taïwan contre les forces d'occupation nipponnes2. Une histoire relatée auparavant par Chiu Row-long3 dans une bande dessinée publiée en 1990, laquelle a motivé le projet de film4 porté par  et contribué largement à la rédaction de son scénario. Pour sa présentation en première et en compétition lors de la 68e Mostra, ce drame historique fait l'objet d'un nouveau montage ramenant sa durée à deux heures trente-quatre (contre un peu plus de quatre heures et demi dans sa version initiale5). Une amputation de cette ampleur se traduit presque inévitablement par un appauvrissement et un déséquilibre narratifs. Ces effets paraissent a priori plus sensibles au cours de la première partie du métrage, les antagonismes claniques et la résistance primitive contre l'armée japonaise semblant en avoir particulièrement pâti.
Film d'action guerrier, Sàidékè balái mise de façon assez évidente sur la bravoure des indigènes, sur le rythme "galopant" de son script et sur la spectacularité (les effets spéciaux manquent cependant parfois de réalisme). La véracité historique n'est certes pas totale, mais  a souhaité donner une illustration assez fidèle, quoique soignée sur le plan visuel, de l'intensité et de la violence de combats très inégaux à la fois en terme d'effectif et de moyens militaires engagés (artillerie, aviation, bombes toxiques). Ce sont pourtant d'autres éléments du film (spiritualité, acculturation forcée, dualité identitaire, aptitude prononcée pour le sacrifice) qui frappent durablement. Le solide casting associe acteurs confirmés et non professionnels tel , titulaire du rôle central de Rudo Mouna du clan Mahebu. Sàidékè balái a été le candidat officiel de Taiwan pour la catégorie "films en langue étrangère" des Oscars 2012.
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1. la plus couteuse (avec un budget d'environ 25M$) du cinéma taïwanais.
2. l'un des articles du traité de Shimonoseki qui, en juin 1895, avait mis un terme à la première guerre sino-japonaise, faisait passer Formose sous la pleine et perpétuelle souveraineté de l'empire nippon.
3. ses multiples rencontres avec les Seediq (il est d'ailleurs marié avec l'une d'entre eux) l'ont poussé à effectuer de nombreuses recherches, notamment sur la révolte de 1930 se traduisant par l'écriture de la B.D. évoquée et par le tournage de deux films, l'un documentaire (1998), l'autre d'animation (2005).
4. dont le financement fut difficile à réunir malgré le succès de Hái-kak chhit-ho (2008), le deuxième et précédent film de  (ancien assistant d')John Woo, son habituel complice Terence Chang et Jimmy Huang Chih-ming (Kano, co-écrit par ) ont produit le film.
5. en deux parties : "The Sun Flag" (2h24) et "The Rainbow Bridge" (2h12).



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