vendredi 30 janvier 2009

Lawman (l'homme de la loi)


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Je ne mésestime pas, comme Jarriq, la qualité du film de Winner. L'absence de citation dans les ouvrages de référence sur le western me paraît davantage liée à la forte concurrence opérée par les productions de Leone depuis le milieu des années 1960 (Lawman est sorti la même année que Giù la testa). Comme à la probable influence des quelques décevantes productions postérieures du réalisateur.
Le scénario de Gerald Wilson (Robbery) aurait d'ailleurs pu être traité (plus avantageusement ?) comme un polar. Et les personnages interprétés par Robert Ryan et Lee J. Cobb me semblent plus intéressants que celui, tronqué et/ou caricatural, tenu par Lancaster.
Je n'ai, par ailleurs, jamais compris la raison de l'élimination (dans le dos) par Maddox de Hurd Price sous les yeux de sa future "veuve".
Jusque là cantonné au petit écran, Richard Jordan, auquel Winner offrira un second rôle dans Chato's Land également signé par Gerald Wilson, y fait sa première apparition au cinéma.

jeudi 29 janvier 2009

Matrimonio all'italiana (mariage à l'italienne)


"Ma loi fait rire, et non pleurer."

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Second film, après Ieri, oggi, domani avec le même couple vedette, tourné par le réalisateur Vittorio De Sica à partir d'un récit d'Eduardo De Filippo, Matrimonio all'italiana est la quatrième des sept adaptations de la pièce "Filumena Marturano" écrite en 1946 par le plus connu des nombreux enfants d'Eduardo Scarpetta. Treize ans plus tôt, le dramaturge, acteur et metteur en scène avait d'ailleurs déjà porté lui-même ce drame romantique au cinéma, interprétant le personnage de Domenico Soriano aux côtés de sa sœur aînée Titina (récemment décédée et à laquelle le présent film est dédié) dans le rôle-titre. De Sica avait auparavant participé en tant qu'acteur à au moins deux (trois si l'on compte L'Oro di Napoli) films sortis en 1954 dont les scénarii étaient co-signés par le Napolitain. Récompensé par deux "David di Donatello" (production et réalisation), Matrimonio all'italiana avait reçu quelques mois avant l'un des trois "Golden Globes" du meilleur film étranger* décernés en 1965.
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Un taxi ramène en urgence chez elle Filumena Marturano, victime d'un sérieux malaise. Affolée, sa domestique Rosalia s'assure qu'on la porte délicatement jusqu'à sa chambre et envois son fils Alfredo avertir Domenico Soriano et chercher un médecin. Celui-là, riche entrepreneur pâtissier sur le point de céder ses affaires puis d'épouser sa nouvelle et très jeune caissière, se rend sans précipitation au chevet de la femme qui a en partie partagé sa vie depuis une vingtaine d'années. Mais lorsqu'il prend conscience de l'extrême gravité de son état, Soriano se sent soudainement abattu. Il repense à leur première rencontre, dans une maison close napolitaine lors d'une alerte au bombardement. Effrayée, Filumena, péripatéticienne débutante âgée de dix-sept ans, avait trouvé un peu de réconfort grâce à la présence de Soriano. Deux ans plus tard, ce dernier la croise à nouveau sur la route entre San Sebastiano et Naples et ils redeviennent amants épisodiques. Lorsqu'au retour d'une journée passée ensemble, Filumena lui reproche de la laisser monnayer ses charmes, Soriano l'installe dans un petit appartement qu'il possède en ville.
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Presque parfaite figure symétrique du Divorzio all'italiana de Pietro Germi, Matrimonio all'italiana dispose de plusieurs et forts atouts de séduction. Un scénario inspiré et alerte, les deux flash-back distillant avec finesse les éléments narratifs permettant de progressivement comprendre les vices et vertus (le pire et le meilleur) des relations entretenues entre les deux personnages principaux. Relations fondées pour l'essentiel sur l'illégitimité, la responsabilité et la différence de classes que mettait en avant la pièce d'Eduardo De Filippo. La réalisation soignée, dynamique et adroitement imperceptible de Vittorio De Sica les met d'ailleurs particulièrement bien en valeur. Sans oublier, bien sûr, la qualité d'interprétation des acteurs principaux et secondaires, notamment celle de Sophia Loren dont les spectaculaires capacités de transformation physiques apparaissent au moins aussi remarquables que celles de passer en un instant et de manière très crédible de l'allégresse et la fantaisie à la douleur et la gravité.
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*les deux acteurs principaux étaient également sélectionnés par le Hollywood Foreign Press Association ; en revanche seule Sophia Loren était retenue sur la liste des "Oscars", le film n'apparaissant étrangement que l'année suivante.





mardi 27 janvier 2009

What Just Happened (panique à hollywood)


"If 'now' before was not OK, why is 'now' now OK?"

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Vous souvenez-vous du titre du dernier film de Barry Levinson ayant fait l'objet d'une exploitation en salles en France ? Il s'agit de Bandits et c'était il y a tout juste sept ans. La carrière du cinéaste de Baltimore connaît, il est vrai depuis quelques temps déjà, une sorte d'éclipse. Le choix de l'indépendance et de sujets moins "fédérateurs" explique probablement cette évolution et la relative confidentialité de son audience(1). Son activité télévisuelle (Homicide: Life on the Street, Oz) jouissant d'ailleurs désormais d'une étrange surévaluation par rapport à ses principales contributions cinématographiques. Tiré du second livre(2) paru en 2002 et ouvertement inspiré de l'expérience du producteur Art Linson (notamment de Brian De Palma et de David Mamet), What Just Happened est une chronique personnelle douce-amère sur les coulisses d'Hollywood. L'occasion pour Levinson de retrouver Robert de Niro qu'il avait dirigé, en 1996-97, dans deux autres comédies dramatiques. Présenté en première au Sundance Film Festival, What Just Happened était également sélectionné (hors compétition) pour clôturer la dernière édition du Festival de Cannes... où déroule la fin du film.
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Producteur indépendant, Ben a été retenu pour figurer sur la photographie collective qui doit faire la couverture de la prochaine édition du mensuel "Vanity Fair" consacrée au pouvoir à Hollywood. Mais il est surtout inquiet par la position qu'il va y occuper. D'autant que la semaine qui vient de d'achever lui a apporté bon nombre d'autres sujets de préoccupation. Le résultat de la projection-test de "Fiercely" réalisé par le fantasque Jeremy Brunell avec Sean Penn conduit Lou Tarnow, responsable du studio associé, à exiger le changement d'un final très critiqué pour tenter de limiter les pertes financières. Puis Ben est contraint de harceler l'agent Dick Bell pour qu'il convainc son client Bruce Willis, irascible vedette de son prochain film, de se raser la barbe et perdre son évident excédent pondéral. Sans parler des relations délicates et ambiguës qu'il entretient avec son ex-seconde épouse qui le tracassent pour différents motifs. Ou des surprises qui ne tardent pas à surgir.
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Inoffensive comédie satirique sur le milieu cinématographique hollywoodien, surtout comparée aux Barton Fink et The Player(3), What Just Happened ("Panique" est bien trop fort) choisit résolument de focaliser son intrigue, intimement individuelle, sur l'anecdotique (sauf peut-être pour l'ASPCA, équivalent US de notre SPA nationale). Ce faisant, il met néanmoins assez bien en évidence sa violence, son hostilité permanentes et son orgueil (fiercely, adverbe servant plus couramment à qualifier les animaux). Caractéristiques du petit monde narcissique et névropathe qu'Art Linson et Barry Levinson, qui n'avaient jamais collaboré jusque-là, tentent de décrire... par la bande. Contrairement au Griffin Mill du film d'Altman, interprété avec beaucoup de talents par Tim Robbins, le personnage central se montre plus sympathique (au sens étymologique du terme) qu'attachant. D'abord parce qu'il porte un regard presque lucide sur la prétention du pouvoir. Incapable de gérer ses priorités, souvent impuissant ou inapte à résister à son environnement, il s'apparente davantage à une simple courroie de transmission d'un système auquel, au fond, il semble totalement étranger. Sans convaincre tout à fait, Robert de Niro ne semble pas pour autant à la peine, une réplique empruntée à son personnage de Jake La Motta soulignant le fort contraste existant entre ces rôles et le contre-emploi auquel il se prête désormais régulièrement. A l'exception relative de John Turturro ou du Canadien Michael Wincott (aux sonores intonations argotiques britanniques), la place réservée aux autres acteurs reste trop étroite et excentrée pour donner un relief significatif au film.
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1. les recettes internationales du film sont restées inférieures à 3M$, dont près des deux tiers réalisé à l'étranger.
2. "What Just Happened? Bitter Hollywood Tales from the Front Line" succédant à "A Pound of Flesh: Perilous Tales of How to Produce Movies in Hollywood" (1993).
3. auxquels on peut ajouter, sans être exhaustif, les inégaux S.O.B., The Big Picture, Mistress avec Robert de Niro, The Pickle, (le très bon) Swimming With Sharks, State and Main, Festival in Cannes ou Full Frontal.