"Ma loi fait rire, et non pleurer."
Second film, après Ieri, oggi, domani avec le même couple vedette, tourné par le réalisateur Vittorio De Sica à partir d'un récit d'Eduardo De Filippo, Matrimonio all'italiana est la quatrième des sept adaptations de la pièce "Filumena Marturano" écrite en 1946 par le plus connu des nombreux enfants d'Eduardo Scarpetta. Treize ans plus tôt, le dramaturge, acteur et metteur en scène avait d'ailleurs déjà porté lui-même ce drame romantique au cinéma, interprétant le personnage de Domenico Soriano aux côtés de sa sœur aînée Titina (récemment décédée et à laquelle le présent film est dédié) dans le rôle-titre. De Sica avait auparavant participé en tant qu'acteur à au moins deux (trois si l'on compte L'Oro di Napoli) films sortis en 1954 dont les scénarii étaient co-signés par le Napolitain. Récompensé par deux "David di Donatello" (production et réalisation), Matrimonio all'italiana avait reçu quelques mois avant l'un des trois "Golden Globes" du meilleur film étranger* décernés en 1965.
Un taxi ramène en urgence chez elle Filumena Marturano, victime d'un sérieux malaise. Affolée, sa domestique Rosalia s'assure qu'on la porte délicatement jusqu'à sa chambre et envois son fils Alfredo avertir Domenico Soriano et chercher un médecin. Celui-là, riche entrepreneur pâtissier sur le point de céder ses affaires puis d'épouser sa nouvelle et très jeune caissière, se rend sans précipitation au chevet de la femme qui a en partie partagé sa vie depuis une vingtaine d'années. Mais lorsqu'il prend conscience de l'extrême gravité de son état, Soriano se sent soudainement abattu. Il repense à leur première rencontre, dans une maison close napolitaine lors d'une alerte au bombardement. Effrayée, Filumena, péripatéticienne débutante âgée de dix-sept ans, avait trouvé un peu de réconfort grâce à la présence de Soriano. Deux ans plus tard, ce dernier la croise à nouveau sur la route entre San Sebastiano et Naples et ils redeviennent amants épisodiques. Lorsqu'au retour d'une journée passée ensemble, Filumena lui reproche de la laisser monnayer ses charmes, Soriano l'installe dans un petit appartement qu'il possède en ville.
Presque parfaite figure symétrique du Divorzio all'italiana de Pietro Germi, Matrimonio all'italiana dispose de plusieurs et forts atouts de séduction. Un scénario inspiré et alerte, les deux flash-back distillant avec finesse les éléments narratifs permettant de progressivement comprendre les vices et vertus (le pire et le meilleur) des relations entretenues entre les deux personnages principaux. Relations fondées pour l'essentiel sur l'illégitimité, la responsabilité et la différence de classes que mettait en avant la pièce d'Eduardo De Filippo. La réalisation soignée, dynamique et adroitement imperceptible de Vittorio De Sica les met d'ailleurs particulièrement bien en valeur. Sans oublier, bien sûr, la qualité d'interprétation des acteurs principaux et secondaires, notamment celle de Sophia Loren dont les spectaculaires capacités de transformation physiques apparaissent au moins aussi remarquables que celles de passer en un instant et de manière très crédible de l'allégresse et la fantaisie à la douleur et la gravité.
___
*les deux acteurs principaux étaient également sélectionnés par le Hollywood Foreign Press Association ; en revanche seule Sophia Loren était retenue sur la liste des "Oscars", le film n'apparaissant étrangement que l'année suivante.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire