dimanche 30 janvier 2011

I Could Never Be Your Woman (trop jeune pour elle !)


"- You're not even in your thirties!
- Well, not even you."

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Depuis son divorce, Rosie a consacré l'essentiel de son temps et de son énergie à son métier de scénariste pour la télévision et à l'éducation de sa fille Izzie. Celle-ci est devenue une jeune femme, éprouvant ses premiers émois sérieux pour son camarade de classe Dylan. Rosie, tout en s'entretenant avec soin sur le plan physique, a donc jusque-là mis sa vie sentimentale au second plan. L'engagement d'Adam Perl, un acteur pour "You go girl" la série vieux jeu adolescente qu'elle produit, vient bouleverser la donne. Modeste, drôle, aimable, le nouveau venu trouve aussitôt grâce auprès de la jolie quadragénaire. Et lorsque celui qui prétend avoir trente-deux ans l'invite au concert donné par des amis dans une boite de nuit, Rosie accepte avec joie. Les onze ans de différence d'âge ne constituent-ils pas un obstacle trop élevé à leur naissante idylle ?
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Les amateurs du diptyque Look Who's Talking et de Clueless se sont peut-être demandés si Loser n'avait pas été fatal à la carrière d'Amy Heckerling. Qu'ils soient (à moitié) rassurés, la cinéaste native du Bronx produit encore. Son dernier film en date, I Could Never Be Your Woman restait seulement inédit dans son pays d'origine et en France. Une sorte de suspension à laquelle sa diffusion en vidéo met donc un terme. Tourné entre août et novembre 2005, cette gentille comédie romantique s'assurait pourtant le concours de Michelle Pfeiffer, invisible à l'écran depuis l'adaptation dramatique White Oleander. Exigeante dans ses choix, l'inoubliable interprète de The Fabulous Baker Boys récompensée en 1993 par un "Ours d'argent" pour Love Field* faisait ainsi le pari d'un retour presque en catimini (auquel les événements rappelés précédemment ont accentué la discrétion !).
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L'élève de Geraldine Page, l'une des actrices les plus douées de sa génération, n'a rien perdu de son talent ni de son charme, même si cette fable, moderne resucée sur le thème du remarquable The Graduate (principale citation, au milieu de nombreuses autres, du film), n'offre qu'un sympathique mais un peu indigent écrin à l'éclat de ce joyau. Pour donner la réplique à la star retrouvée, Heckerling a fait appel à Paul Rudd, le Josh de son Clueless et poulain de l'écurie Apatow, à Saoirse Ronan, l'une des jeunes actrices promises à un bel avenir à Hollywood, à la Britannique Tracey Ullman incarnant Mère Nature et à quelques "vieilles" connaissances parmi lesquelles la plantureuse Stacey Dash et Twink Caplan. Michelle Pfeiffer a, semble-t-il, pris goût à la situation offerte dans I Could Never Be Your Woman puisqu'elle a depuis récidivé en Lea de Lonval pour Chéri de Stephen Frears.
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*la dernière de ses trois nominations aux Academy Awards.

vendredi 28 janvier 2011

Shelter (le silence des ombres)


"... Shelter now the faithless."

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Certains d'entre nous se souviennent peut-être avoir vu Storm, le premier long métrage de la paire suédoise Mårlind-Stein. Comme celui-ci, Shelter n'a pas bénéficié d'une exploitation en salles française (il ne doit d'ailleurs sortir aux Etats-Unis, son pays d'origine, que le mois prochain). Produit par un aréopage présumé distingué* à partir d'un scénario du Britannique Michael Cooney (Identity), ce thriller met aussi le surnaturel au centre de son récit. L'inédit duo composé de la versatile Julianne Moore et du Dublinois Jonathan Rhys Meyers (réputé grâce à sa prestation dans Match Point et à son rôle du roi Henry VIII dans la série The Tudors) est lui chargé de l'incarner. Sans véritablement convaincre.
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A peine rentrée du Missouri où son expertise à permis la condamnation et l'exécution de Joseph Kinkirk, criminel plaidant un trouble dissociatif de l'identité, le dr Cara Jessup ne peut refuser la proposition de son père également psycho-thérapeute de lui confier un cas très surprenant. Celui de David Bernburg, un inoffensif vagabond hémiplégique confié à leur ami le docteur Charles Foster, capable de devenir brusquement sur simple appel le direct, désabusé et manipulateur Adam Saber présentant des caractéristique physiologiques très dissemblables. Convaincue que le personnage de David constitue une invention pathologique, Cara entreprend des recherches sur celui-ci. Elle découvre bientôt, en se rendant dans la maison familiale où elle rencontre la mère du jeune homme, que David, assassiné en 1982, est enterré aux côtés de son père et de son frère aîné dans la propriété des Bernburg.
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Le thriller surnaturel a toujours été un genre particulièrement difficile, devenu ces dernières années l'apanage du cinéma asiatique où quelques réussites émergent d'un lot copieux. Si le matériau narratif de Shelter ne manque a priori pas d'atouts, le scénario a tout de même du mal à dissimuler, entre négligences, contradictions et pesanteurs, d'évidentes lacunes qu'un pourtant modeste Skeleton Key ne montrait pas. Le dérapage s'amorce et s'amplifie à peu près à la moitié du métrage, au moment où s'additionnent sans retenue les pistes psycho-criminelles dans un environnement, saturé jusqu'à l'asphyxie, de foi (d'impiété) catholique et de phénomènes ou rites démoniaques. Bon thermomètre de la santé d'un film, Julianne Moore, qui nous a habitué à ses intermittences interprétatives, atteste visiblement ici se trouver en phase de reflux.
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*constitué notamment de Darlene Caamano et Neal Edelstein.

mardi 25 janvier 2011

'Hamesh Shaot me'Pariz (à 5 heures de paris)


"Nous n'avons pas de champagne."

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Le cinéma israélien actuel fait montre d'une vivacité qualitative assez étonnante. Parmi la vingtaine de productions annuelles, rares sont celles qui, contrairement à d'autres historiques et prestigieuses industries, ne présentent qu'un intérêt très mineur. Les successives sélections du festival de Paris qui lui est consacré peuvent d'ailleurs si nécessaire l'attester. Sans avoir été le film le plus en vue de la relevée 10e édition(1) de cette manifestation, 'Hamesh Shaot me'Pariz (חמש שעות מפריז) constitue sans doute un des plus plaisants et émouvants drames psycho-sentimentaux récents, toutes nationalités confondues. Présenté en première à Toronto en septembre 2009, ce premier long métrage pour le cinéma du natif russe Leonid Prudovsky et de son co-scénariste Erez Kav-El mérite largement d'élargir l'audience reçue en salles françaises(2).
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Arrivé en retard à un rendez-vous avec l'enseignante de musique de son fils Assaf, Yigal Yaakobi y rencontre brièvement celle-ci. Parce qu'il lui a fait rater son bus en oubliant ses clefs dans la salle de classe, le chauffeur de taxi offre à Lina de la raccompagner chez elle. Le père divorcé se découvre assez vite des affinités, d'abord musicales, avec la jeune femme d'origine russe qu'il croit abandonnée par son mari. Celui-ci, nommé Gregory 'Grisha', se trouve en réalité au Canada où il espère émigrer avec Lina. La première tentative d'Yigal de surmonter sa phobie de l'avion, pour laquelle il consulte le psychologue Sergio, s'avère un échec. Par hasard, Yigal prend un peu plus tard à bord de son véhicule Lina accompagnée par ses amis Galya, Tolya et leur fille Natali, camarade d'Assaf au sein de la chorale d'élèves qu'elle anime et sur le point de passer un concours de piano. Yigal envisage d'abandonner son métier en créant une société de transport touristique avec Gershon, le compagnon de son ex-épouse Sima. Pour son second vol, il propose à Lina d'embarquer avec lui dans le petit monomoteur loué par Sergio.
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Promu par Haim Mecklberg (co-producteur du tout récent Shlichuto Shel Hamemune Al Mashabei Enosh), 'Hamesh Shaot me'Pariz séduit d'abord par l'intelligente simplicité de son scénario en trois parties. Pas de tortueux développements ou de vaine démonstration, juste la représentation adroite et sensible de la difficulté à infléchir le cours de l'existence, à conjuguer d'éprouvées solitudes. Les quelques intrigues secondaires apportent un matériau narratif complémentaire utile à l'approfondissement des personnages. Potentiellement ailleurs, comme le souligne judicieusement le titre, ceux-ci semblent avoir renoncé au bonheur véritable et durable, prisonniers consentants de leur phobie, leur échec, réfugiés d'une certaine manière dans un lénifiant romantisme de chansons d'amour. Remarquable acteur vu précédemment dans Aviva Ahuvati ou Meduzot, Dror Keren donne de jolies nuances à cet aimable et crédule individu, finalement peu "magnifié", face aux indécisions plus étourdissantes que slaves de la concertiste manquée interprétée par la comédienne Helena Yaralova (Kedma). Les indéniables qualités de ce premier long nous font presque regretter... d'être à cinq heures de vol de Tel Aviv !
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1. au cours de laquelle ont été notamment projetés Ajami et La Mère de Valentina à l'affiche prochainement.
2. seulement 25 421 spectateurs !