dimanche 16 janvier 2011

The Housemaid


"... Au moins ils connaîtront ma douleur !"

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Im Sang-soo serait-il progressivement devenu, outre l'un des plus intéressants cinéastes sud-coréens, le réalisateur des femmes(1) de l'ère actuelle ? Nous avions naïvement cru qu'il avait mis un terme à sa trilogie consacrée au sexe dit faible avec Baramnan gajok. Une idée confortée par la production successive de la comédie Geuddae geusaramdeul puis par l'adaptation littéraire Orae-doen jeongwon. Il semble, de toute évidence, ne pas être allé au bout de ce thème il est vrai inépuisable. Choisi par une jeune compagnie de production(2) pour diriger un remake d'Hanyo, œuvre-clé de son défunt aîné Kim Ki-young et du cinéma local, Im en donne une version assez libre, ne souffrant aucunement de la comparaison avec l'original. Le jury de Cannes n'a toutefois pas été sensible aux charmes de The Housemaid, son premier long métrage en compétition sur la Croisette(3). Vous n'êtes naturellement pas obligés de faire montre de si peu de discernement !
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Recrutée par Cho Byung-shik, la gouvernante des Goh, Lee Euny est chargée d'accomplir les tâches domestiques tout en accompagnant les dernières semaines de grossesses d'Hera, enceinte de jumeaux. La jeune femme noue aisément une aimable complicité avec Nami, l'aînée du très riche homme d'affaires Hoon et de sa jeune épouse. En l'apercevant par hasard nettoyer la baignoire, cuisses découvertes, celui-ci ne s'abstient pas de continuer à la regarder. Lors d'un weekend en famille dans sa résidence secondaire, Hoon rend visite à Euny dans la pièce qui lui tient liehttp://dvdtoile.com/CreerMessage.php?idMessage=83387u de chambre, lui sert un verre de bon vin et devient son amant. Quelques jours plus tard, Mme Cho surprend les échanges érotiques de cette liaison adultère.
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"A-dé-mé-chi !" Présenter The Housemaid comme un thriller érotique représente un raccourci erroné ou absurde. Si la dimension charnelle y tient certes un rôle déterminant, elle n'y constitue qu'un ressort narratif au service d'un propos plus complexe, à la fois social et psychologique. Im Sang-soo n'incorpore-t-il d'ailleurs pas d'emblée, de manière très adroite au cours de l'intrigante séquence d'ouverture, le drame (fictionnel ?) dans une réalité documentaire ? Le romanesque se trouve ainsi étroitement combiné au simple récit de l'existence humaine, au point de les rendre indissociables, indiscernables l'un de l'autre. Avec un infini, détaillé raffinement dans la réalisation mais aussi force et distinction, Im Sang-soo s'approprie cette relation d'un épisode individuel de lutte de classes, formule que l'on pensait désuète et dont les résultantes n'ont, en fait, jamais été aussi potentiellement virulentes qu'aujourd'hui. Et comme les acteurs se montrent, sans exclusive autour d'impeccables Jeon Do-yeon et Youn Yuh-jung, à la hauteur des ambitions idéalistes, lyriques et artistiques, The Housemaid figure assurément parmi les meilleurs des six opus du cinéaste.
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1. titre officieux attribué à George Cukor au cours du siècle dernier.
2. en remplacement de la coréo-étasunienne Gina Kim (Never Forever) désignée au moment de l'annonce du projet.
3. Shi de son compatriote Lee Chang-dong figurait également dans la sélection.

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