vendredi 27 mars 2009

Muyeong geom (shadowless sword)


"Me donnerais-tu ta vie pour cela ?"

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En 926, la capitale du Balhae est conquise par le Georan qui y fonde celle du Dongranguk (Georan de l'Est). La résistance s'organise néanmoins, espérant le rassemblement du peuple grâce au couronnement d'un des princes héritiers du royaume. A l'automne 927, Suhyeon le dernier d'entre eux meurt, lui aussi victime de la meurtrière attaque de sa résidence par Gunhwapyeong. Jeonghyeon, prince forcé à l'exil et dissimulé sous le nom de Sosam depuis quatorze ans, est retrouvé à Jungwon par les chefs de la résistance qui chargent Yeon Soha, redoutable guerrière du Biseonwon, de l'escorter jusqu'au Balhae. Maeyoungok, dévouée adjointe de Gunhwapyeong au sein des Lames fatales, doit l'en empêcher et les éliminer. Incrédule sur sa capacité à devenir roi et réticent à mettre sa vie en danger, Jeonghyeon, en tentant d'échapper à Soha devient rapidement la cible de ses tueurs.
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Présenté en mars 2007 au Festival du film asiatique de Deauville, Muyeong geom peut sans hésitation être qualifié d'efficace film d'action. Moins lyrique et original mais plus acrobatique, explosif et aérien que Bichunmoo, le précédent et remarquable premier film du réalisateur Sud-coréen Kim Young-jun, cette coproduction tente d'échapper à la relative simplicité de sa trame narrative et à sa linéarité grâce à quelques séquences en flash-back, à la surprenante stylisation du combat final et à une direction artistique particulièrement soignée.




Bugsy Malone


"He's a sinner, Candy-coated. For all his friends, he always seems to be alone..."

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Imaginé par Alan Parker dès l'hiver 1973, Bugsy Malone innovait et surprenait d'emblée le public par ses choix narratifs et artistiques. Le premier long métrage de l'ancien collaborateur de l'agence publicitaire Collett Dickenson Pearce créait alors, à travers un genre composite inusité (que l'on pourrait appeler le Children Gangster Musical), une œuvre authentiquement originale, inventive, drôle tout en suscitant également chez certains de ses jeunes spectateurs une vocation d'acteur et/ou de cinéaste. Sélectionné en compétition au Festival de Cannes 1976, l'année du sacre du Taxi Driver de Martin Scorsese dans lequel l'adolescente Jodie Foster tenait un rôle déterminant, Bugsy Malone remporta l'année suivante cinq BAFTA* après avoir été nommé aux Golden Globes et Academy Awards, principalement grâce aux compositions de Paul 'Swan' Williams.
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Après avoir liquidé (à la crème !) Roxy Robinson, quatre hommes de main du distingué gangster Dandy Dan font une descente au "Grand Slam", la boîte appartenant à son rival italien 'Fat' Sam Stacatto. Cet épisode, déclencheur d'une guerre sans merci pour contrôler les trafics dans l'East Side new-yorkais, tourne rapidement à l'avantage du premier grâce à l'utilisation de Splurge Guns, une arme automatique bien plus efficace que l'antique et manuelle tarte-à-un-coup. Il marque aussi la rencontre entre Bugsy Malone, ancien manager de boxe et sympathique escroc sans réelle envergure, et Blousey Brown, une chanteuse venue vainement auditionner dans le cabaret et rêvant de faire carrière comme actrice à Hollywood. Bugsy, séduit par la jeune femme, promet de l'aider. Mais le renforcement de leur relation est compromis par le béguin de la fatale Tallulah, elle aussi chanteuse et la petite-amie de 'Fat' Sam, pour l'Italo-irlandais.
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Peu de temps après le succès du deuxième volet de la trilogie The Godfather de Coppola, Bugsy Malone apportait sa rafraîchissante et séduisante différence à une époque (la fin des années 1920) et à un genre (sérieux, pour ne pas dire violent, et souvent étroitement codifié). Sciemment ou non, le film d'Alan Parker tourné au cours de l'été 1975 dans les studios de Pinewood avec exclusivement des interprètes de moins de dix-sept ans, s'inscrit en quelque sorte dans le lointain sillage de la série de courts métrages burlesques de Charles Lamont, avec notamment la très jeune Shirley Temple en vedette. Avec cependant la particularité de jouer sur d'intéressantes ambiguïtés, celles de l'âge des personnages et des situations. Même lorsque l'on sait qu'ils sont doublés par des adultes pendant les parties chantées, la prestation des jeunes acteurs, pour la plupart inexpérimentés, se révèle bluffante. Pourtant peu d'entre eux, à l'exception des débutants Scott Baio et Dexter Fletcher et bien sûr de la capée Jodie Foster, élue meilleurs espoir féminin et actrice de soutien par les BAFTA, firent vraiment carrière au cinéma. Ce qui ne nuit pas, bien au contraire, au caractère attachant du film.
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*dont meilleurs scénario, direction artistique et son.

mardi 24 mars 2009

Love in the Afternoon (ariane)


"- Alors, j'ai fait la seule chose à faire.
- C'est bien mon avis."

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Seconde adaptation* du roman "Ariane, jeune fille russe" écrit en 1920 par le journaliste-chroniqueur (de la révolution russe) et écrivain Claude Anet (également auteur de Mayerling), Love in the Afternoon constitue la toute première des douze fructueuses collaborations entre Billy Wilder et I.A.L. Diamond, co-scénarise notamment, cinq ans auparavant, du Monkey Business d'Howard Hawks. Le charme évident de cette bien jolie comédie dramatico-romantique doit d'ailleurs beaucoup à ce savoureux et réjouissant équilibre narratif trouvé par le duo, justement récompensé par les Writers Guild of America 1958. Mais aussi à l'inédit et unique rencontre dans une fiction de Gary Cooper et de sa jeune partenaire Audrey Hepburn.
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A Paris, capitale mondiale de l'amour sous toutes ses formes, le détective privé Claude Chavasse tire l'essentiel de ses recettes grâce aux enquêtes adultérines. En ce lundi 11 juin, à 6h15, perché au sommet de la colonne Vendôme, il surveille et tente de photographier la relation illicite entretenue dans sa suite du Ritz par le riche homme d'affaires américain Franck Flannagan avec Joséphine, l'épouse d'un client parti assister à une conférence à Londres. Celui-ci, de retour anticipé pour rendre visite à Chavasse dans le petit appartement-bureau qu'il partage avec sa fille Ariane, violoncelliste élève au Conservatoire, ne peut que constater la réalité de son malheur. Il décide alors de surprendre les amants à l'hôtel et d'abattre Flannagan. Séduite par la photo de ce dernier prise par son père, Ariane décide de braver tous les obstacles pour l'avertir du danger qui le menace et l'aider à dissimuler son forfait. Pour remercier cette parfaite inconnue, Flannagan lui donne rendez-vous pour le lendemain. Après avoir sérieusement hésité, la jeune femme se décide finalement à répondre à l'invitation de cet illustre séducteur.
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Difficile de ne pas penser à Sabrina, précédente adaptation de Billy Wilder avec Audrey Hepburn. Même s'il diffère sensiblement par sa tonalité, sa sophistication et certains de ses ressorts dramatiques, Love in the Afternoon relate également, sur un mode mineur et nostalgique, la réputée impossible histoire d'amour d'une douce ingénue pour un homme plus âgé et a priori indifférent. Puis sa capture... à son propre jeu. Le réalisateur et I.A.L. Diamond prennent un malin plaisir à recourir au comique de répétition et à multiplier les situations cocasses. Tourné à Paris entre août et décembre 1956, le film n'évite certes pas quelques poncifs et, inhabituelles chez Wilder, longueurs. Nommée aux Golden Globes, la lumineuse Audrey Hepburn sait apporter à son personnage ce très personnel mélange de juvénilité et de gravité qui rendent ses rôles attachants et mémorables. Refusé par Cary Grant, celui interprété avec sobriété par Gary Cooper, près de vingt ans après celui de Michael Brandon dans le Bluebeard's Eighth Wife de Lubitsch, apparaît à la hauteur de l'enjeu scénaristique, ne compromettant finalement pas son réalisme en raison de l'importante différence d'âge entre les deux acteurs. Love in the Afternoon restera enfin, avec Fanny et Gigi tous deux aux côtés de Leslie Caron, comme l'une des plus saillantes prestations de Maurice Chevalier, lui aussi nommé aux Golden Globes, au cours de sa seconde période US.
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*après celle, en trois versions, produite par Paul Czinner avec Gaby Morlay ou Elisabeth Bergner dans le rôle-titre.