dimanche 15 mars 2009

Southland Tales


"... Coexistant dans le même territoire du chaos."

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Vous souvenez vous de Richard Kelly ? Ce fils d'ingénieur de la NASA, jeune scénariste-réalisateur d'un surprenant premier long métrage intitulé Donnie Darko, présenté en compétition au Sundance Film Festival 2001 puis récompensé à Sitges et à Gérardmer. Depuis, son nom n'était réapparu que comme cosignataire, avec Steve Barancik, du scénario de Domino dirigé il y a déjà un peu plus de quatre ans par Tony Scott. Sorte de version réactualisée de l'Apocalypse de Jean, matinée d'un détonnant mélange inspiré à la fois par le poète et dramaturge "nobélisé" T.S. Eliot, Andy Warhol et Philip K. Dick, l'extravagant Southland Tales peut être raisonnablement qualifié d'unique en son genre.
 - film - 31010_11
Abilene, 4 juillet 2005. Alors que les habitants célèbrent paisiblement la fête de l'indépendance, la localité texane est brutalement victime d'attaques nucléaires. Les Etats-Unis, menacés de sombrer dans l'anarchie, rétablissent la conscription et déclenche la Troisième Guerre mondiale contre l'Iran, la Syrie, la Corée du nord et l'Afghanistan. La raréfaction, dans ce contexte, des ressources pétrolières favorisent le développement d'énergies de substitution. Et la crainte accentuée du risque terroriste nécessite le renforcement du Patriot Act ou l'introduction de visa entre les états de l'Union. Des groupes protestataires, dont les virulents néomarxistes, apparaissent et se renforcent à l'occasion des élections présidentielles de 2008 où s'opposent le démocrate Clinton Lieberman et le républicain Eliot Frost, en particulier dans l'état-clef de Californie qui pourrait bien basculer en faveur de ce dernier. Le 27 juin 2008, le célèbre acteur lié au parti républicain Boxer Santaros disparaît soudainement. Trois jours plus tard, il est retrouvé, amnésique, dans le désert du Nevada. Le début d'une étrange histoire racontée par Pilot Abilene, acteur et vétéran blessé en Irak.
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"Les scientifiques affirment que le futur sera beaucoup plus futuriste que prévu." Présenté en avant-première et en sélection officielle à Cannes en 2006, Southland Tales affiche assurément les "stigmates" caractéristiques de l'OFNI (objet filmique non identifié). A la croisée des chemins de la comédie délirante et du drame futuriste, ce long récit en trois actes*, remanié à la suite du funeste 9/11, traite légèrement les thèmes cruciaux de l'eschatologie, des libertés publiques, de la lutte et des manipulations politiques, opposant, sur un mode mystique, science et religion. Après une citation appuyée à Kiss Me Deadly, métaphore paranoïaque du danger atomique signée par Robert Aldrich, le deuxième film de Richard Kelly multiplie discrètement mais aussi avec une délectation débridée les références cinématographiques. Moins rentable, et de loin**, des productions mettant en vedette le musculeux Dwayne Johnson (pour la première fois sous son vrai nom) ici dans un radical contre-emploi, Southland Tales mérite sans doute d'être vu, ne serait-ce que pour mesurer la somme de tous les risques pris par ses promoteurs.
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* Part Four: Temptation Waits - Part Five: Memory Gospel - Part Six: Wave of Mutilation.
**générant un retour sur investissement de seulement un peu plus de 2%.

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