vendredi 16 juillet 2004

The Crucible (la chasse aux sorcières)


"Nulle cour n'attend que des saints lui fournissent des preuves."

Près de quarante après Les Sorcières de Salem* de Raymond Rouleau, scénarisé par Jean-Paul Sartre avec Simone Signoret(remarquable en Elisabeth Proctor), Yves Montand et Mylène Demongeot dans les rôles principaux, c'est Nicholas Hytner qui nous offre, pour son deuxième film, sa version de la pièce (1953) d'Arthur Miller. L'auteur se charge lui-même de l'écriture du scénario... et de la direction des acteurs. Homme de théâtre (metteur en scène, il est aussi directeur du London's National Theatre), Hytner préserve, malgré quelques légères libertés narratives, la dimension scénique de l'œuvre originale, avec une prépondérance des dialogues par rapport à l'action. The Crucible, au modeste succès public, a cependant été nommé pour l'"Oscar" du meilleur scénario adapté et pour l'"Ours d'or" de Berlin en 1997 (décerné à The People vs. Larry Flynt de Milos Forman).
En 1692, un étrange mais inoffensif rite occulte, destiné à favoriser la naissance d'un amour chez certains hommes pour les jeunes filles qui y participent, tourne à l'hystérie dans le village de Salem (Massachusetts). Surprises par le révérend Parris (Bruce Davison), certaines d'entre elles simulent le coma, puis, collectivement, l'envoûtement diabolique. Imaginant qu'il s'agit d'un bon moyen pour éliminer les personnes indésirables du village, celles-ci, à l'initiative d'Abigail Williams (Winona Ryder), la nièce de Parris, sont dénoncées pour commerce avec le diable. L'objectif secret d'Abigail est, notamment, d'éliminer par ce procédé Elizabeth (Joan Allen), l'épouse de John Proctor (Daniel Day-Lewis). Elle a, en effet, eu des relations charnelles avec ce dernier et est amoureuse de lui. Un procès en sorcellerie s'ouvre alors, conduit par le juge Thomas Danforth (Paul Scofield), condamnant à la pendaison dix-neuf des habitants de Salem.
Dans la mémoire collective, Salem reste, encore aujourd'hui, associé aux sorcières et à leur procès, tenu de juin à septembre 1692. La pièce d'Arthur Miller essayait de traduire le contexte et le mécanisme de cet effroyable engrenage** théologico-meurtrier. Il ajoutait une intrigue, improbable dans les événements réels, celle d'une idylle adultérine entre Abigail Williams (onze ans au moment des faits) et John Proctor (plus de soixante-cinq ans). Le film est fidèle au drame scénique, transformant seulement l'esclave indienne de Parris en native des Barbade et montrant, dans sa séquence inaugurale, la cérémonie ésotérique seulement suggérée dans la pièce. Le film est, au delà de la fresque historique, une critique sociale. Ici la religion, comme ailleurs la raison d'Etat, sert de prétexte à l'intérêt personnel plus que collectif. Arthur Miller et Nicholas Hytner montrent assez bien les enjeux réels de cette farce sinistre. S'attirer les faveurs d'un homme, voler la terre d'un voisin, se venger de la perte d'enfants, supprimer des adversaires politiques, mais aussi éliminer les marginaux, les sans-grades, les faibles ou, simplement, ceux dont la tête ne nous revient pas.
Hélas, à partir de cette authentique tragédie, mascarade tristement absurde*** créant, en permanence, sa propre justification, le film ne trouve pas vraiment son rythme et son souffle. Même les acteurs, pourtant solides, ne réussissent pas à convaincre et à "emballer" le film. Winona Ryder développe un jeu simpliste, entre frustration et envoûtement hystérique. L'interprétation de son partenaire de The Age of Innocence, Daniel Day-Lewis, est en demi-teinte, même dans la scène finale du "vous m'avez pris mon âme, laissez-moi au moins mon nom". Les performances les plus intéressantes sont celles de Paul Scofield, en juge investi d'une mission divine ne laissant pas de place au doute, et de Joan Allen. L'actrice fut d'ailleurs nommée aux Oscars dans la catégorie "meilleure actrice dans un second rôle" (récompense attribuée à Juliette Binoche pour The English Patient).
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*une métaphore du maccarthysme de la part d'artistes engagés, ce qu'était déjà, en substance, la pièce de Miller.
**se situant, historiquement et moralement, quelque part entre l'Inquisition espagnole et la dénonciation pendant la Seconde Guerre mondiale.
***dans laquelle on sauve sa vie par un faux aveu.

mardi 13 juillet 2004

Rekopis znaleziony w Saragosie (le manuscrit trouvé à saragosse)


"Pourquoi tant de mots incompréhensibles ? Pour me distraire en chemin."

Rekopis znaleziony w Saragosie est le quatrième long métrage de Wojciech Jerzy Has. Ce qui frappe dans ce film, c'est, bien sûr, sa construction qui doit beaucoup à l'œuvre littéraire originelle, mais aussi cette truculence picaresque, à la fois inquiétante et drôle, digne d'un Buñuel, peu courante dans le cinéma d'Europe de l'est. Lors de sa première sortie en France, en 1964, le film avait été présenté dans sa version courte d'environ deux heures (l'intégrale dure près de trois heures). C'est à Jerry Garcia (chanteur et guitariste du groupe Grateful Dead) et à Martin Scorsese que l'on doit sa restauration, menée en 1996 par le Pacific Film Archive.
Un soldat français, réfugié dans une auberge pendant une bataille en Espagne, découvre un étrange manuscrit. Captivé par sa lecture, il ne voit même pas la menace constituée par quelques combattants ennemis. Leur chef renvoie sa troupe et s'associe au français pour parcourir l'ouvrage. Coïncidence, l'histoire est celle d'un de ses ancêtres, Alphonse Van Worden (Zbigniew Cybulski), un chevalier wallon en route pour Madrid. Sur son chemin, non loin d'un gibet, il s'arrête dans une auberge isolée et apparemment abandonnée, la Venta Quemada. Là, il est invité à dîner dans un décor fantastique et enchanteur par deux princesses maures, Emina et Zibelda. Alphonse apprend qu'ils sont parents par sa propre mère, une Gomélez. Ce n'est que le début d'intrigantes mésaventures.
Rekopis znaleziony w Saragosie est une œuvre hallucinante, au sens étymologique du terme. Entre comédie et fantastique, le réalisateur nous fait pénétrer, par ses motifs de répétition, son symbolisme baroque et par le pouvoir de suggestion de son expressionnisme dans une douzaine d'histoires imbriquées (sur la centaine du roman, écrit en français, de Potocki). Fait étonnant pour un Polonais, Has traduit remarquablement la fantasmagorie ibère à travers cet univers singulier peuplé de chevaliers, de poètes, de femmes girondes, de revenants et de spadassins (même si ce dernier vocable est d'origine italienne !). La photographie en noir et blanc renforce la dimension fantastique, parfois spectrale, du récit. On a, par moment, l'étrange impression, en raison du jeu des acteurs dans lequel la gestuelle et le regard sont déterminants, d'assister à un de ces monuments muets des débuts du cinéma. Une prise de vue souvent en contre-plongée, une bande originale qui mérite, plus que jamais, son qualificatif écrite par celui qui composera les scores de The Exorcist et The Shining parachèvent de créer le trouble, voire le vertige, chez le spectateur de cette perle cinématographique enfin retrouvée.


lundi 12 juillet 2004

Kung Fu


"Quand nos paroles ne sont pas meilleures que le silence, autant rester silencieux."

Selon les versions, idée originale de Bruce Lee, qui aurait dû interpréter le rôle principal, ou personnage secondaire inventé par Ed Spielman et propulsé au premier plan, Kwai Chang Caine, ce métisse asiatique perdu dans l'Ouest américain du dernier tiers du XIXe siècle et prétexte à la série, est d'une originalité incroyable pour l'époque. Tellement original que Kung Fu a faillit ne jamais se faire. Il est vraisemblable aussi que sa longévité est liée à l'acteur David Carradine*, apportant une crédibilité intrigante au héros qu'il interprétait. Sa bivalence et sa dualité (apparence occidentale/comportement asiatique, philosophie de non-violence/efficacité dans le combat) n'a pas manqué de surprendre, donc de progressivement captiver les téléspectateurs du début des années 1970.
Chaque épisode de la série est construit selon un schéma identique. Kwai Chang Caine, voyageur errant car pourchassé**, arrive quelque part, est confronté à une situation contingente qu'il subit ou qui nécessite son intervention, le plus souvent avec succès, et repart dès sa mission impromptue accomplie. Des séquences, insérées en flash-back, nous montrent l'apprentissage de l'adolescent et des deux stades de l'adulte Caine, auprès de ses maîtres du temple Shaolin, notamment maître Kan (Philip Ahn) et l'aveugle maître Po (Keye Luke) qui l'appelle affectueusement "Sauterelle" (grasshopper***, "petit scarabée" en v.f.).
La réalisation, elle aussi, innovait beaucoup. Outre la mise en scène chorégraphiée de combats de kung fu, une première dans les séries occidentales (les combats de Green Hornet étaient très brefs et moins artistiques), l'utilisation du ralenti, du contre-jour et du flare rendent uniques les images et les impressions laissées par les épisodes lors de leur première diffusion. Le flash-back, plus qu'un effet décoratif, intervient toujours pour mettre en relief la situation actuelle que vit le personnage central. Le montage alterné et rapide entre présent et passé, laissant finalement la place à ce dernier, suggère le phénomène de mémoire qui s'accomplit chez Caine. A noter que le décor de château médiéval de la comédie musicale Camelot de Joshua Logan a été aménagé pour tourner les séquences du temple Shaolin. Les artistes invités ont également contribué à l'intérêt de la série. Jodie Foster a, par exemple, presque débuté à la télévision avec l'épisode Alethea (11e épisode) et Harrison Ford apparaît dans Crossties (34e ép.).
Kung Fu arrivait également à un époque (post-soixante-huitarde) où la spiritualité, la recherche d'une harmonie universelle et l'écologie devenaient des valeurs essentielles pour une partie de la population. Caine symbolise bien cette orientation collective. Bien que solitaire, il n'est pas individualiste comme le héros classique, notamment du western. Elément d'un ensemble où chaque partie a son importance, il ne cesse de respecter l'autre, même lorsqu'il lui est opposé. Cette coïncidence, cette adéquation avec son temps, expliquent, au moins en partie, le succès international rencontré par la série. Le pilote est programmé par le réseau américain ABC le 22 février 1972 et le lancement effectif intervient le 14 octobre suivant. Kung Fu s'est vendu dans plus de cinquante pays, dont en France (première diffusion sur la deuxième chaîne de l'O.R.T.F en 1974). La série s'est interrompue après trois saisons et soixante-trois épisodes, principalement parce que sa programmation dans les grilles d'ABC a subit des modifications de jour. Aussi parce qu'elle reposait trop sur son personnage principal, ce qui a provoqué un épuisement rapide, physique et psychologique, de son interprète.
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*qui est également danseur et sortait de cinq westerns.
**voir résumé du pilote.
***en référence à l'insecte que l'enfant n'entendait pas, yeux fermés, à ses pieds lorsqu'ils se sont rencontrés pour la première fois.

Pilote : La voie du Tigre, le signe du Dragon (The Way of the Tiger, The Sign of the Dragon)
réalisation : Jerry Thorpe - scénario : Ed Spielman & Howard Friedlander

artistes invités : Barry Sullivan (Dillon), Albert Salmi (Raif), Wayne Maunder (McKay).
Après une traversée du désert, Kwai Chang Caine arrive dans une ville où il rencontre un vieux chinois. Grâce à lui, il est engagé comme ouvrier du chantier de construction du chemin de fer. Les travaux sont freinés par le percement d'un tunnel sous une montagne qui renferme, selon l'ingénieur, une poche de gaz. Les chinois envoyés pour ce travail meurent en grand nombre, conséquence des explosions dues au gaz. Parallèlement, les scènes, en flash-back, se déroulant en Chine, montrent le recrutement du jeune Caine, son apprentissage jusqu'à son départ du temple et les circonstances dans lesquelles il a été amené à tuer le neveu de l'empereur, événement à l'origine de sa fuite en Amérique. Dillon, le chef du chantier, informé d'une mise à prix sur la tête de Caine, le capture en attendant les membres d'une délégation chinoise chargée d'emmener le prisonnier. Caine réussit à s'enfuir mais doit se livrer car Dillon menace d'exécuter son vieil ami chinois. A nouveau prisonnier, il se libère une seconde fois et mène la révolte des ouvriers contre Dillon. Avant de reprendre sa route, il devra affronter l'un des représentants de la délégation chinoise, moine shaolin comme lui.
Episode capital pour une bonne compréhension des tenants de la série, ce pilote, intitulé a posteriori, contient l'essentiel des éléments narratifs non contingents des aventures de Caine. Une première et brève altercation nous donne rapidement un simple aperçu du potentiel et des ressources du moine dissimulé en péquin. Puis le spectateur se rend compte qu'il n'a pas affaire à un personnage quelconque mais à un individu humble, silencieux et éminemment moral, doté d'une force peu commune, insensible au froid, à la chaleur, à la fatigue, capable de se sortir des situations les plus critiques et ne recourant à la violence que lorsqu'il y est contraint.
La mise en scène a déjà été évoquée en introduction de la série. Citons néanmoins la courte scène dans laquelle Caine saute sur ses poursuivants du sommet d'un rocher. Le choix du ralenti et de l'arrêt sur image avant "l'atterrissage" fixent les principes visuels choisis pour la mise en images de la série (voir à ce propos le commentaire consacré dans le document en bonus "From Grasshopper to Caine: creating Kung Fu"). A noter, enfin, que le thème musical bien connu de la série n'accompagne pas encore ce pilote.

Saison 1 (les acteurs suivis d'un * ont le statut de "special guest star")

Episode 1 : La loi de la montagne (King of the Mountain)
réalisation : Jerry Thorpe - scénario : Herman Miller

artistes invités : Brandon Cruz (Peter Gideon), Lara Parker (Amy Allender), John Saxon* (le chasseur de primes).
Caine rencontre un jeune garçon, Peter, près de la maison de ses parents, incendiée par des indiens. Son père a été tué et sa mère enlevée. Caine propose à Peter de l'accompagner chez sa tante à Perrysville. Là, ils se séparent puis sont à nouveau réunis quand Caine, engagé par Miss Allender pour s'occuper de son ranch, décide d'emmener Peter avec lui. Mais un chasseur de primes est mis sur la piste du moine en fuite.
A partir de ce premier épisode, un résumé d'environ deux minutes, partiellement composé d'extraits du pilote, précède le titre et le début effectif de l'épisode. Premières figures de l'enfant et de la femme. Après être passé pour un couard, Caine devient un modèle pour le premier ; première romance non aboutie avec la seconde, l'amour est impossible pour un homme recherché. L'épisode est aussi une réflexion sur la mort. Sur le plan de la réalisation, la doublure de Saxon est un peu trop visible.

Episode 2 : L'ange noir (Dark Angel)

réalisation : Jerry Thorpe - scénario : Herman Miller

artistes invités : John Carradine (Serenity Johnson), Robert Carradine (Sunny Jim), Dean Jagger* (Henry Raphael Caine)
En route vers Lordsville, le lieu de naissance de son père, Thomas Henry, Caine découvre Davey Peartree, un homme sur le point de mourir après avoir été attaqué par des indiens. L'ironie du sort veut qu'il vienne de trouver un important filon d'or ; il confie la carte de son emplacement à Caine. En ville, Caine est accusé du meurtre de Peartree mais sauvé par Serenity Johnson, une sorte de révérend qui s'occupe d'une congrégation de déshérités. Celui-ci rêve de construire une église mais, en secret, convoite l'or trouvé par Peartree. Caine, qui l'a pourtant percé à jour, lui donne la carte sans hésitation. Il se rend chez son grand-père, Henry Raphael, un tailleur de pierres, mais n'y trouve, en raison du mariage de son père avec une chinoise, que colère et haine. Entre temps, Serenity, à la recherche de l'or, a été capturé par les indiens et attaché, les paupières cousues, en plein soleil. Le vieil homme est désormais aveugle. Caine va tenter et finalement réussir à lui redonner le goût à la vie, une certaine autonomie et le convaincre d'édifier son église. En contrepartie, Serenity intervient auprès d'Henry Raphael pour qu'il "reconnaisse" son petit-fils. Caine apprend qu'il possède, issu du premier mariage de son père, un demi-frère, Danny. La recherche de ce dernier devient, à présent, un but pour lui.
Un épisode centré sur les thématiques des racines et de la vision, mettant en présence trois membres du clan Carradine. Inflexion narrative importante avec la création du demi-frère.

Episode 3 : Frères de sang (Blood Brother)
réalisation : Jerry Thorpe - scénario : Herman Miller

artistes invités : John Anderson*, Clu Gulager*.
Le chemin de Caine, à la recherche de son demi-frère, passe par Kilgore (Arizona). Dans le bureau de poste où il se renseigne, il remarque une boîte adressée à un certain Lin Wu. C'est le nom de l'un de ses plus proches condisciples du temple Shaolin. Soong, un chinois résident de la ville, est, au même moment, la victime d'un petit jeu stupide destiné à le ridiculiser et à amuser la population. Caine intervient, relayé par Greg, le chef de la bande à l'origine de l'agitation. Lorsque Caine interroge Soog à propos de Lin Wu, il n'obtient qu'un silence gêné. Caine découvre plus tard que Lin Wu a été la victime d'un crime raciste. Il obtient, dans des circonstances pourtant peu favorables, que ses assassins soient traduits en justice et condamnés.
Un script qui s'inspire un peu de Bad Day at Black Rock... sauf que Caine n'a rien d'un manchot, même aussi efficace que John Macreedy, alias Spencer Tracy.

Episode 4 : Œil pour œil (An Eye for An Eye)
réalisation : Jerry Thorpe - scénario : John Furia Jr.

artistes invités : L.Q. Jones (le sergent Straight), Tim McIntire, Harry Townes (le père d'Annie), Lane Bradbury* (Annie).
A la demande du père d'une jeune femme nommée Annie, Caine accepte d'accompagner celle-ci jusqu'à un camp militaire nordiste. Enceinte à la suite d'un viol, elle veut identifier et accuser le coupable, un des sous-officiers de la garnison. Le sergent Straight est l'homme en question, mais il nie ou, en tous cas, ne prend pas au sérieux les allégations de la jeune femme. Samuel, le frère d'Annie le provoque, peu après, en duel et les deux hommes s'entre-tuent. Annie, toujours accompagnée par Caine, donne bientôt naissance à un garçon, mais l'enfant ne vit qu'un seul jour. Recherchée par les complices de Straight, la jeune femme sera, malgré l'intervention de Caine, grièvement blessée.
"Si je n'ai pas droit à la vengeance, qui l'a ?" "Personne." Le dialogue qui clôt l'épisode en résume la philosophie. Caine tente de s'opposer, par la raison, à cet engrenage de la violence.

Episode 5 : La marée (The Tide)
réalisation : Walter Doniger - scénario : A. Martin Zweiback

artistes invités : Andrew Duggan (shérif Boggs), Robert Donner (Amos Houlton), Mako (Wong Ti Lu), Tina Chen* (Miss Su Yen Lu).

Caine arrive dans une ville où Danny a séjourné. Reconnu par Amos Houlton, l'ancien employeur de son demi-frère, comme un meurtrier recherché, il est dénoncé au shérif Boggs pour toucher la prime. Caine est arrêté. Le shérif Boggs abat froidement Houlton pour être le seul bénéficiaire de la prime. Se contentant des 5 000$ contre le corps de Caine, il essaie de tuer celui-ci mais ne réussit qu'à le blesser grièvement. Recueilli par Su Yen Lu, la fille de Poi Ming Lu, un célèbre écrivain prisonnier de l'empereur de Chine, Caine devient, sans le savoir et malgré leur attirance réciproque, la contrepartie de l'échange imaginé par la jeune femme pour faire libérer son père.
Amour et trahison pour ce premier épisode non dirigé par Thorpe. Walter Doniger est un réalisateur surtout connu pour son travail télévisuel (Maverick, Peyton Place...). Au milieu de l'épisode, il s'essaie à un panoramique sur 360° un peu maladroit.

Episode 6 : L'âme du guerrier (The Soul is the Warrior)
réalisation : Richard Lang - scénario : Ron Bishop

artistes invités : John Doucette (Ed Rankin), Shelly Novack (Molly), Jim Davis, Pat Hingle* (Joe).
Dans le ranch Rankin dans lequel Danny a travaillé, Caine est accueilli sans ménagement. C'est que son demi-frère est parti avec la petite-amie de Breck, le fils du propriétaire. Ed Rankin, chasseur de crotales à ses moments perdus pour objectiver sa peur, fait arrêter la petite "réception" organisée pour Caine. En ville, le shérif général Thoms invite Caine à déjeuner. N'en croyant pas ses yeux, Breck attaque Caine mais ne peut se mesurer à lui à main nue. Il pointe alors son arme sur lui et est abattu par le shérif. Ed Rankin, tout à sa douleur, veut venger son fils. Caine échange la vie sauve de Thoms contre un passage par la fosse aux crotales.
Propriété et peur. On en apprend un peu plus sur le personnage de Danny, et ce n'est, apparemment, pas très flatteur. Mais le moment de bravoure de l'épisode reste celui de la fosse aux serpents (dont je gardais, malgré les ans, un souvenir assez précis !), démonstration de la possibilité de former une unité avec la nature et vaincre la peur. Petit problème de continuité dans la séquence du retour du corps de Breck.

Episode 7 : Neuf vies (Nine Lives)
réalisation : Allen Reisner - scénario : Herb Meadow

artistes invités : Albert Salmi (Shawn Mulhare), Dana Elcar, Royal Dano (Henry Skowrin), Geraldine Brooks* (la propriétaire du ranch).
Parce qu'ils sont conjointement responsables de la mort du chat Boozer, la mascotte d'un camps de mineurs, Shawn Mulhare et Caine doivent trouver son remplaçant. En route, ils tombent sur Henry Skowrin et ses fils, des bandits qui les dévalisent. Arrivés dans un petit ranch, il aide la propriétaire à mettre au monde, au terme d'un accouchement délicat, un poulain. Puis, en échange de son chat, ils sont contraints de creuser un puits.
Intrigue minimaliste, qui frise parfois la comédie, sur le thème de la dette de reconnaissance.

Episode 8 : Ombres sur le soleil (Sun and Cloud Shadow)
réalisation : Robert Butler - scénario : Halsted Welles

artistes invités : Morgan Woodward, Aimee Eccles, Ronald Feinberg, Soon Teck-Oh, Richard Lawrence Hatch.
Sur la route de Black Mountain, Caine croise un chinois, Ying. Ils se rendent ensemble en ville. Au terme d'une altercation dans le saloon, Ying est tué et volé par Douglas, l'un des fils du colonel Binns. Celui-ci et la communauté chinoise à laquelle appartenait Ying se disputent une montagne abandonnée mais qui contient encore de l'or. Grâce à Caine, les deux parties trouvent un compromis. Mais le fils de Ying abat Douglas sous les yeux de son frère David. Le colonel Binns menace alors la mine et ses occupants de son mortier et réclame la jeune Po Teng pour être la maîtresse de son fils. David et Po Teng s'aiment mais le père du garçon s'oppose à leur mariage. Pendant l'ultimatum, Caine affronte Sung, un chasseur de primes japonais. David décidera finalement, malgré les menaces de son père, d'épouser Po Teng.
Choix et paix, ou quand la décision personnelle implique la communauté. Un script un peu décousu sur une trame d'un classicisme... de tragédie ! L'épisode vaut surtout pour le traitement singulier de la scène de l'exécution de Douglas et le combat entre Caine et le karatéka.

Episode 9 : Enchaînés (Chains)
réalisation : Robert Butler - scénario : Paul Edwards & Gene L. Coon

artistes invités : Michael Greene, Warren Vanders, Geoffrey Lewis.

Caine, toujours à la recherche de son demi-frère, se rend dans un fort militaire où est emprisonné un certain Huntoon qui connaît Danny. Les deux hommes, Al Meader et Joe James travaillaient ensemble dans une mine d'or. Meader a tué James mais c'est Huntoon qui a été arrêté et doit être pendu. Caine interroge Huntoon, une sorte d'animal à l'apparence humaine, à propos de son frère dans sa cellule. Reconnu comme meurtrier en fuite, Caine est enfermé et enchaîné avec le condamné. Sur la promesse de Huntoon de le conduire à l'endroit ou résidait Danny, les deux prisonniers s'évadent, rapidement traqués par le sergent Bedford. Au cours de leur échappé, Caine et Huntoon apprennent à se connaître et à se faire confiance. Rejoints par leur poursuivant, lequel essaie de les opposer, ils réussiront néanmoins à sauver leur complicité... et leur vie, car les indiens ne sont pas loin.
Un scénario qui se souvient de The Defiant Ones et une opposition réconciliée mais un peu grossière entre instinct et raison, animalité et humanité. L'essentiel de l'épisode consiste en une séance de "dressage" ou d'apprivoisement. La photographie et les cadrages sont exécrables et certains plans montés ont visiblement été tournés sans précaution élémentaire. A noter l'absence du résumé initial dans cet épisode.