vendredi 2 juillet 2004

John Lee Hooker : Come and See About Me


"S'il n'y avait pas de femmes, il n'y aurait certainement pas de blues."

Johnny Lee Hooker

Né dans le Mississippi en août 1917, John Lee Hooker était, jusqu'au 21 juin 2001, considéré à juste titre comme une authentique légende vivante du blues. C'est son beau-père, un travailleur des champs de coton de Louisiane, qui l'initie à la guitare et au blues. Tommy McClennan et Tony Hollins, rencontrés à l'occasion de ses périples dans le sud, et B.B. King qu'il côtoie à Memphis, enrichissent ses influences. En 1943, il se marie et part pour Detroit où il travaille sur les chaînes des usines Ford ou General Motors et se produit, le soir, dans des bars comme le "Monte Carlo" ou le "Harlem Inn" ou lors de "House Parties", sortes de concerts privés. Hooker, qui n'est pas un grand technicien de la guitare, est néanmoins capable d'enflammer une salle par son groove, rythmant ses morceaux avec son pied sur lequel il a fixé une capsule de bouteille d'une célèbre boisson gazeuse.
C'est en 1948 que débute sa carrière discographique. Repéré par Bernie Besman pendant une prestation au "Capital Theater", il enregistre son premier succès, "Boogie Chillen" (une adaptation d'un vieux titre de Memphis, "Mama Don't Allow to Play Music all Night Long"), face B de son premier disque Modern et prélude à une production très riche (plus de 500 titres et plusieurs dizaines d'albums dont de nombreux en concert) réalisée pour divers labels. Après une légère baisse de popularité au début des années 1950, il retrouve un second souffle, notamment après la signature de son contrat avec Vee-Jay, un éditeur de Chicago. Il profite également du mouvement de "blues revival" des années 1960, réutilise la guitare acoustique, participe au Newport Jazz Festival en 1960 et apparaît comme tête d'affiche de l'American Folk Blues Festival qui passe en 1962 par l'Europe. John Lee Hooker est également au programme, la même année, du Festival de blues de Paris. C'est à l'occasion de ce voyage qu'il écrit "Shake it Baby" qui devient rapidement un hit. Il exerce aussi une influence significative sur des groupes britanniques blancs comme The Animals ou The Yardbirds. Il enregistre aussi, au cours de cette époque, "Boum Boum", titre donné en référence à une serveuse qui, un soir, fâchée de le voir arriver en retard, simule avec son doigt de lui tirer dessus.
A la fin des années 1960, il amorce un virage stylistique provisoire vers la soul en sortant son album "Big soul" puis fait des clins d'œil au rock. Il part d'ailleurs vivre dans la jeune communauté rock de Californie au sein de laquelle il devient un père vénéré et enregistre, en 1970, avec Van Morrison et Canned Heat. Mais c'est le début d'une phase de déclin pour le "King of the Boogie". Hooker se retrouve sans contrat. Même s'il se produit à travers le monde avec son "Coast to coast blues band", il n'enregistre, au cours de ces quinze années, que deux albums studio. Confiné à une semi-retraite, il accepte quelques petits rôles au cinéma : Color Purple de Spielberg et surtout les Blues brothers. En 1989, contre toutes attentes, il ressort à la lumière du blues grâce au guitariste Roy Rogers qui décide de lui consacrer un hommage en invitant bon nombre de stars du blues et du rock dont Carlos Santana, Robert Cray, Bonnie Raitt,... pour "The Healer" qui lui vaudra un "Grammy Award".

Come and See About Me

De l'apparition historique au Newport Jazz Festival de 1960 à l'interprétation, seul chez lui, de "I Need Love So Bad" en 1994, en passant par l'American Folk Blues Festival et la prestation en guest star pour le concert au "Palladium" de New York du groupe Foghat, le document présente la particularité de ne proposer uniquement que des versions intégrales des titres. Entre les morceaux, quelques brefs commentaires de John Lee Hooker, de sa fille, de l'harmoniciste Charlie Musselwhite ou de certains musiciens apparaissant aux côtés du chanteur. Si la présence d'Eric Clapton avec les Rolling Stones ou de Carlos Santana sont des arguments commerciaux indéniables, il apparaît que les vrais moments forts sont plutôt du côté des titres joués avec Van Morrison à l'harmonica, pur et simple moment de bonheur blues, avec Bonnie Raitt, une des grandes femmes du blues-rock, avec John Hammond(et son dobro, guitare à résonateur en métal) et Ry Cooder, tous les trois jouant en bottle-neck (tube de verre ou de métal permettant un jeu très particulier en glissando sur le manche). Les longs plans sur la main droite du chanteur-guitariste sur "It Serves Me Right to Suffer" devraient satisfaire les musiciens ou les musicologues. Pour l'émotion pure, repassez-vous en boucle "Tupelo Blues", séquence montée avec de dramatiques images d'inondations fluviales de la ville de naissance d'Elvis Presley.

Les titres :
1. Baby Please Don't Go (1992, avec Van Morrison)
2. Maudie (1960)
3. Hobo Blues (1965)
4. It Serves Me Right to Suffer (1969)
5. Crawlin' Kingsnake (1978, avec Foghat)
6. The Boogie (1980)
7. Never Get Out Of These Blues Alive (1981)
8. Worried Life Blues (1981)
9. Too Many Women (1984)
10. Boom Boom (1984)
11. I'm Bad Like Jesse James (1986)
12. I'm In the Mood (1990, avec Bonnie Raitt)
13. Bottle Up and Go (1991, avec John Hammond)
14. Tupelo Blues (1993)
15. Hobo Blues (1990, avec Ry Cooder)
16. The Healer (1990, avec Carlos Santana)
17. Boogie Chillen (1989, avec Eric Clapton and The Rolling Stones)
18. I Need Love So Bad (1994)

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