The Girl Hunters (solo pour une blonde)

"Like in the good old time!"

Pour le quatrième retour à l'écran de Mike Hammer(1), les producteurs Charles Reynolds (récurrent collaborateur de Charles Saunders) et Robert Fellows (2) décident d'adapter librement le septième roman, publié en 1962, de la série signée par Mickey Spillane. Ils ont aussi et surtout l'idée de proposer à l'auteur natif de Brooklyn d'incarner son personnage(3), dont le modèle avait été l'ancien Marine Jack Stang. Déroutant à plus d'un titre, voire davantage, The Girl Hunters se révèle être un polar insolite, assez peu conventionnel, qui n'hésite pas à jouer sur le contraste marqué entre la violence débridée de certaines scènes, le régulier humour des dialogues et le manifeste détachement (la nonchalance ?) de sa figure centrale. Mais également sur le charme athlétique et explosif de Shirley Eaton, actrice britannique aussi à l'aise dans le drame que dans la comédie.

Retrouvé assommé et ivre mort dans une ruelle sordide, Michael Hammer est conduit au domicile du capitaine Pat Chambers. Là, après avoir été sommairement soigné par le docteur Larry Snyder, Mike subit une copieuse rossée de la part de son ex-ami et collègue. Puis il est emmené au chevet d'un individu à l'article de la mort après avoir été abattu avec l'arme utilisée pour assassiner le sénateur Leo Knapp, affaire sur laquelle Palmer piétine depuis un an. Celui-là a exigé de parler en tête à tête avec le détective privé. L'homme nommé Richie Cole révèle à Hammer avoir été la victime d'un tueur soviétique baptisé 'The Dragon' dont Velda, la secrétaire et amante du détective privé présumée morte, serait la prochaine cible. Cole a laissé d'importantes indications dans une enveloppe confiée à Dewey le kiosquier. Grâce à l'agent fédéral Arthur Rickerby, supérieur et proche de Cole, auquel il raconte les circonstances de la disparition de Velda, Hammer reçoit l'autorisation de quitter l'hôpital où il a été admis afin de mener sa propre investigation. Il découvre bientôt le cadavre de Dewey à son domicile, remplacé depuis deux jours à la vente de journaux par le jeune 'Duck-Duck'.

Sans être un spécialiste du polar, Roy Rowland s'était déjà essayé au genre avec un certain sérieux, notamment à travers l'indépendant Witness to Murder puis Rogue Cop et Slander pour la MGM. The Girl Hunters ne possède, de toute évidence, pas les qualités du film de Robert Aldrich tiré de l'œuvre du même écrivain (d'ailleurs dévalorisé par celui-ci). Décousu, un peu mécanique, réalisé à partir d'un scénario absurde diront certains, il n'en reste pas moins attachant sans que l'on sache vraiment pourquoi. L'action et la forme ne l'emportent-elles pas, d'emblée et en permanence, sur la cohérence d'une narration dont l'intrigue semble servir de prétexte ? Cette étrange, presque surréaliste particularité, sans être révolutionnaire, se révèle pourtant plutôt récréative. Pour sa première apparition à l'écran(4), Mickey Spillane ne se montre pas trop maladroit dans le costume de cet anti-Philip Marlowe(5), bénéficiant au passage d'une naturelle légitimité créatrice. Shirley Eaton, future James Bond's Girl au destin doré mais tragique dans Goldfinger, campe sans noirceur ni classicisme excessifs une femme fatale assez crédible. Notons enfin la présence dans le casting du comédien et acteur de télévision Lloyd Nolan (Seven Waves Away, Peyton Place) et du journaliste du "New York Herald Tribune" Hy Gardner dans son propre rôle.

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1. interprété auparavant par Biff Elliot, Ralph Meeker et Robert Bray respect. dans I, the Jury, l'excellent Kiss Me Deadly et My Gun Is Quick, sans compter Darren McGavin, titulaire du rôle dans la première série TV Mike Hammer.

2. dont c'est le dernier film, auparavant associé à John Wayne pour Hondo mais également sur Ring of Fear avec Spillane dans son propre rôle.

3. un exemple rarissime. Raymond Chandler (qui n'appréciait pas beaucoup Spillane et sa "littérature") ne fait qu'une très brève apparition (sans crédit au générique) en anonyme lisant un livre dans sa co-adaptation du roman Double Indemnity... de son cadet James M. Cain !

4. il sera ensuite Alan Mallory, l'écrivain et première victime dans l'épisode Publish or Perish de la série Columbo puis le procureur Neal Ekhardt dans le diptyque horrifique Mommy de Max Allan Collins.

5. que Spillane aurait voulu voir Mike Mazurki porter.