"Ce n'est pas de l'amour, c'est le purgatoire."
Premier et actuel unique film réalisé par Johnny Depp, The Brave est une libre adaptation du roman éponyme de Gregory Mcdonald paru en 1991 et traduit en français au "Fleuve noir" sous le titre "Rafaël, derniers jours" (1996). Sorti en Europe la même que le Donnie Brasco de Mike Newell, le film reçut à Cannes où il était en compétition pour la "Palme d'or" un accueil si déplorable de la part des critiques étasuniens que Depp, alors en pleine ascension depuis sa première collaboration avec Tim Burton, renonça à le faire diffuser dans son pays.
Ancien taulard et encore volontiers alcoolique, Raphael souhaite permettre à son épouse Rita et à ses deux jeunes enfants Frankie et Marta
de quitter le bidonville, bordé par une décharge et menacé par un
promoteur immobilier, où ils vivent. Sur les indications d'un autre
pilier de bar, il se rend dans un entrepôt désert où il rencontre un
certain Larry au service d'un riche invalide nommé McCarthy.
Celui-ci, désireux d'apprivoiser l'idée de sa mort prochaine, lui
propose cinquante mille dollars, dont un tiers à titre d'avance, pour
être quelques jours plus tard soumis à la torture avant d'être exécuté.
De l'ouvrage originel, l'interprète vedette du Dead Man de Jim Jarmusch n'a conservé que les personnages principaux, le thème de l'amour sacrificiel et, bien sûr, le pitch
sur lequel repose l'essentiel de l'intérêt du livre et du film*. Les
intrigues secondaires sont soit évacuées, soit modifiées au profit de la
relation, sans véritable "morceau de bravoure", des derniers jours de
la vie de Raphael au milieu de sa famille et de ses compagnons d'infortune. Rythmé par les compositions d'Iggy Pop (que l'on aperçoit dans la scène de la fête), ce quasi OFNI (objet filmique non identifié)
rare et révéré par certains attise fugitivement notre curiosité mais
peine en revanche à réellement convaincre. L'élément le plus surprenant,
c'est la place occupée par le matérialisme dans cet étrange drame
fataliste fondé, a priori, sur le sentiment d'abnégation. Eminemment
centré sur le personnage joué par Depp, The Brave laisse pourtant quelques uns des acteurs secondaires exprimer leur talent, notamment la Mexicaine Elpidia Carrillo et le Puerto-ricain Luis Guzmán. L'apparition de Marlon Brando, partenaire du réalisateur dans Don Juan DeMarco de Jeremy Leven, n'a rien de mémorable à l'exception d'être son antépénultième rôle à l'écran.
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*le fameux "troisième chapitre", déconseillé par l'auteur, dans
lequel le contenu détaillé du snuff movie est révélé ne figure pas dans
le scénario.
Lorsque Gregory Mcdonald se rendit sur le tournage en Sierra Madre, Johnny Depp
lui demanda s'il avait lu le script. L'écrivain répondit qu'il n'en
avait pas reçu d'exemplaire. Le réalisateur et acteur lui demanda alors
de le laisser faire son film et de venir lui casser la figure s'il ne
lui plaisait pas ! Ce que ne put faire Mcdonald, The Brave n'ayant jamais été distribué aux Etats-Unis.
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