samedi 18 août 2007

L'Eté meurtrier


"Tu verras... nous serons bientôt comme avant. J'en suis sure."

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Dix-sept ans après Tendre voyou, Jean Becker faisait son retour au cinéma pour adapter L'Eté meurtrier, le roman à succès de Sébastien Japrisot paru en 1977. Deux ans après la publication de l'ouvrage, un projet de film était déjà envisagé et le rôle principal proposé à Isabelle Adjani qui, à l'époque, le refuse en raison de son caractère "trop physique". Fort heureusement, l'actrice reviendra sur sa décision pour livrer, au milieu d'un casting épatant, une de ses meilleures interprétations à l'écran et obtenir ainsi un deuxième "César" parmi les quatre décernés au film sur les neuf nominations de l'Académie des arts et techniques du cinéma.
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Dès qu'elle arrive avec sa famille dans ce petit village des Basses-Alpes, la jolie Eliane, surnommée Elle, attire tous les regards, en particulier celui de Florimond Montecciari. Ce trentenaire, orphelin d'un père immigré d'Italie et pompier volontaire qui lui vaut d'être appelé 'Pin Pon', pense pourtant n'avoir aucune chance avec cette charmante et impudique idiote aussitôt devenue l'objet de convoitise des jeunes et moins jeunes mâles du coin. Mais après une bref et décevant contact dans un bal du dimanche, l'aîné des trois frères Montecciari voit débarquer la belle dans le garage où il travaille pour réparer le pneu d'un vélo qu'elle a sciemment crevé. Elle accepte également son invitation à dîner dans un restaurant chic sur la route de Cavaillon. La jeune femme, bientôt âgée de vingt ans, poursuit depuis longtemps et avec entêtement le dessein de venger le viol de sa mère allemande commis en novembre 1955 par trois hommes chargés de transporter en camion le piano mécanique appartenant au père de Florimond.
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Sorti la même année que Mortelle randonnée de Claude Miller, autre bonne adaptation avec Isabelle Adjani, L'Eté meurtrier, en compétition à Cannes en 1983, repose avant tout sur une histoire solide et intrigante à souhait, inspirée semble-t-il d'un fait divers. Le livre et le scénario de Sébastien Japrisot, première des ses trois collaborations avec Jean Becker, traduisent intelligemment la volonté maladroite, pathologique, de reconnaissance ("j'suis pas idiote !") d'un personnage principal, imprévisible et manipulateur, dont l'existence est progressivement réduite, soumise à l'accomplissement d'une mission. Les relations complexes qu'entretient l'anonyme Elle (née de père inconnu), Electre moderne et revisitée, avec sa mère et son père adoptif paraplégique nourrissent une culpabilité et un déséquilibre qui ne peuvent conduire qu'à une tragédie. Le récit à plusieurs narrateurs, remarquablement dialogué, renforce le fatalisme des événements et l'impuissance relative des acteurs. Aux côtés d'une Adjani qui donne à son rôle* une "consistance" grisante, les prestations d'Alain Souchon, de François Cluzet et de l'excellente Suzanne Flon, récompense elle aussi par un "César", sont dignes des meilleures éloges.
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*Valérie Kaprisky, pressentie pour pallier le refus d'Adjani, aurait-elle incarné avec le même éclat le personnage d'Eliane ?

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