vendredi 17 août 2007

Cum mi-am petrecut sfarsitul lumii (comment j'ai fêté la fin du monde)


"On va faire un sous-marin pour traverser le Danube."

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La "Palme d'or" décernée cette année à 4 luni, 3 saptamini si 2 zile a eu un impact indéniable pour la reconnaissance du cinéma roumain. Pourtant, dès 1965, Liviu Ciulei était désigné meilleur réalisateur par le jury du même festival pour son troisième film Padurea spânzuratilor. Aujourdhui, derrière les Lucian Pintilie et Mircea Daneliuc, la nouvelle garde pousse avec conviction malgré les difficultés économiques du récent pays membre de l'Union européenne. Compatriote des Radu Mihaileanu, Nae Caranfil, Cristi Puiu, Cristian Mungiu ou Corneliu Porumboiu, Catalin Mitulescu présentait dans la section "Un certain regard" 2006 son premier long métrage, Cum mi-am petrecut sfarsitul lumii, candidat pour la "Caméra d'or".
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Roumanie, 1989. Eva Mateï et son jeune frère Lalalilu vivent avec leurs parents dans une pauvre banlieue. L'adolescente fréquente son camarade Alex Vichan dont le père, grâce à ses liens politiques, possède une influence et un pouvoir souvent utiles pour aider les Mateï. Celui-ci n'empêche pourtant pas le renvoi d'Eva de son école après que son fils ait brisé, en sa compagnie, un buste en plâtre du conducator Ceausescu. Dans le lycée technique où sont envoyés les élèves turbulents, Eva retrouve Andreï, le fils d'un présumé opposant au régime venant d'emménager dans son quartier. Eva s'associe bientôt au projet échafaudé par le jeune homme de s'enfuir du pays en traversant le Danube à la nage.
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Etrangement, la fin du régime de Ceausescu n'a pas véritablement inspiré le cinéma de fiction. Exception confirmant la règle, Cum mi-am petrecut sfarsitul lumii, seize ans après, la relate à travers les frustrations et les espoirs d'une modeste famille. En particulier ceux de deux enfants aux convictions affirmées malgré les errements absurdes et les difficultés qui caractérisent la dictature roumaine et conduisent à sa perte, donnant lieu à l'unique révolution sanglante dans un pays de l'Est après la chute du mur de Berlin. Au milieu de l'apparent désordre narratif (orchestré ?), Catalin Mitulescu, âgé de dix-sept ans comme son héroïne en décembre 1989, rend assez bien l'atmosphère de fin de règne de cette époque, la "désacralisation" du père du peuple (et de famille). Il traduit également avec un certain soin cet étonnant et permanent mariage entre joie simple et mélancolie, entre rêve, désir de liberté et réalisme. Sur fond de transition politique s'en opère une autre, celle vers l'âge adulte pour Eva, interprétée avec sensibilité et naturel par Doroteea Petre, récompensée par un prix de la meilleure actrice* parfaitement justifié.
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*de la section "Un Certain regard". 

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