lundi 16 octobre 2006

Le Temps des porte-plumes


"... Y'a un moment dans la vie faut savoir voler de ses propres ailes."

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Plus de vingt ans séparent ce sixième long métrage de cinéma de Daniel Duval en tant que réalisateur du précédent, Effraction. L'adaptateur de La Dérobade apparaît, il est vrai, plus souvent devant la caméra, récemment choisi par François Ozon pour être le père du personnage joué par Melvil Poupaud dans Le Temps qui reste. Second rôle de Michael Haneke, partenaire de Richard Bohringer dans quatre films, Duval portait depuis bien plus longtemps encore ce scénario* puisqu'il s'agit d'un récit assez largement autobiographique. Le Temps des porte-plumes, qui s'inscrit dans une thématique riche (explorée par Truffaut et Pialat** notamment) et fait naturellement penser au Grand chemin de Jean-Loup Hubert, séduit mais ne convainc pas tout à fait.
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1954. Délaissé par des parents à problèmes, Pippo, âgé de neuf ans, est placé chez Gustave et Cécile, un jeune couple de fermiers en mal d'enfant. Venant de la ville, le garçon découvre la campagne du centre de la France au moment où vont commencer les moissons. Contrairement à la morose et autoritaire Cécile, Gustave parvient à apprivoiser un peu le solitaire et renfermé Pippo, aimant vagabonder de longues heures durant à travers les champs et les ruisseaux. Un soir, au cours de l'une de ses promenades, il se réfugie dans une grange pour échapper à l'orage et rencontre la vieille Alphonsine qui ne jouit pas d'une bonne réputation. Alors que se profile la rentrée scolaire, c'est pourtant vers cet endroit que Pippo va revenir très régulièrement, emportant avec lui divers matériaux légers de construction.
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"Le bonheur ne se décrète pas, il s'édifie" pourrait être l'épigraphe du dernier film de Daniel Duval au titre candide. Dans un contexte de crise, celle des colonies d'un pays nouvellement présidé par René Coty, des êtres appartenant à la France profonde souffrent aussi. 'Pippo' Duval, bien sûr, "petit oiseau tombé du nid" qui cherche sa place et voudrait apprendre à voler. Mais aussi Cécile, sa seconde mère, ou Pierre Dubrac, le commis de ferme revenu d'Indochine et amoureux désespéré de la belle Marie-Jeanne Ribardière, la fille adoptive de son employeur. Il est souvent difficile de faire partager une expérience, surtout lorsqu'elle a été douloureuse et c'est le problème auquel est ici confronté le réalisateur. L'authenticité du récit ne peut être mise en cause, les années passées par Daniel Duval en milieu rural trouvant d'ailleurs une expression naturaliste, presque documentaire, dans le film. C'est davantage sur le plan de la progression narrative que le bât blesse. Le Temps des porte-plumes s'apparente à une chronique dont le spectateur cherche le sens et attend longuement le point culminant ; durablement, en effet, le réalisateur ayant opté pour un climax... final !
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dans son introduction, le film fait un clin d'œil appuyé à Modern Times.
*pour lequel il avait imaginé successivement Jean Carmet, Philippe Léotard et Jacques Villeret dans le rôle de Gustave.
**respectivement avec Les Quatre cents coups et L'Enfance nue.

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