lundi 9 octobre 2006

IP5: l'île aux pachydermes


"C'est quoi, ce baltringue ?"

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Qui est vraiment Jean-Jacques Beineix ? Un portrait-robot s'était esquissé après ses trois premiers films, celui d'un cinéaste d'adaptations, exigeant et personnel (à tous les sens du terme). L'insolite Roselyne et les lions marquait un tournant et troublait cette image. Avec IP5, l'île au pachydermes, la rupture avec le public semble consommée, marginalisant un peu plus le réalisateur qui, de toutes façons, ne souhaite pas appartenir à un système institutionnel. Ce film, auquel Yves Montand apportera une triste notoriété posthume, est difficile à défendre en raison des maladresses de son scénario. Il laisse pourtant apparaître une humanité inhabituelle dans le cinéma de Beineix, car enfin débarrassée de la manière caricaturale avec laquelle elle était traitée jusque là.
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La nuit venue, Tony tague pendant que son jeune copain Jockey rape. Il lui arrive aussi de passer un mauvais quart d'heure lorsque Lulu et sa bande de skinheads lui tombent dessus parce qu'ils n'apprécient pas son art. Pour éviter que celui-ci ne détruise son album de créations, Tony est contraint de livrer en camionnette dix nains de jardin à Grenoble. Mais avant de partir, il tombe amoureux de Gloria, la jeune infirmière remplaçante venue s'occuper du coma éthylique dans lequel est tombé le père de Jockey. Sur la route, alors que ce dernier se réjouit à l'avance de découvrir la neige, Tony ne cesse de penser à Gloria qui a rejeté son amour avec mépris. Apprenant qu'elle est partie à Toulouse, il abandonne sa mission et emprunte de force un véhicule plus rapide pour la retrouver, toujours accompagné de son acolyte. Une panne en pleine nuit et sur une route déserte vont les mettre en présence de Léon Marcel, un étrange individu à la recherche d'un endroit appelé l'"Ile aux pachydermes" au milieu d'une forêt.
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Par décence, nous ne demanderons pas à Jacques Forgeas, le co-scénariste de Roselyne et les lions, sous l'effet de quelle substance il se trouvait lorsqu'il a rédigé l'argument du film. Celui-ci passe en effet, presque sans transition, d'une farce un peu grotesque à une ode tragique où se mêlent transmission de l'expérience, romantisme, spiritualité et écologie. IP5 touche, en particulier grâce à l'ultime prestation pudique et sobre d'Yves Montand, mais ne marque pas. Trop d'impasses ou d'inutiles fausses pistes jalonnent cet hallucinant scénario prétendument énigmatique. Et l'on se lasse assez vite du jeu mécanique d'Olivier Martinez, néanmoins sélectionné pour le "César" du meilleur espoir masculin, et des blagues et espiègleries de l'hyperactif Sekkou Sall. La raison de la composition d'un boléro par Gabriel Yared pour une œuvre si peu chorégraphique constitue le véritable mystère de ce dernier film de Beineix produit par la Gaumont.

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