"Beaucoup de langues, peu d'oreilles."
Oliver Stone
cultive-t-il son amour pour l'histoire politique depuis son bref
passage à Yale où il avait pour camarade de promotion un certain George W. Bush
? A défaut de devenir, comme ce dernier, président des Etats-Unis, le
cinéaste a consacré deux films à d'anciens locataires de la Maison
Blanche. En 2002, il épure davantage sa démarche documentariste en
réalisant deux reportages, le premier, Comandante, consacré à son ami Fidel Castro récemment au cœur de l'actualité, le second étant ce Persona Non Grata sur l'incessant et dramatique conflit israélo-palestinien.
Stone
et son équipe arrivent en Israël le 23 mars 2002, soit trois jours
après le début de l'intervention des troupes US en Irak, six mois après
les attentats du 11 septembre à Manhattan et un peu plus d'un an après
l'élection d'Ariel Sharon au poste de premier ministre. Celui-ci avait
alors interrompu toute négociation avec son vieil ennemi Yasser Arafat,
assigné dans sa Mouqata'a de Ramallah, et engagé une campagne de
répression très dure contre les activistes palestiniens, auteurs de
nombreux actes terroristes, notamment d'opérations suicide, dans le
pays.
Persona Non Grata
relate ces quelques jours au cours desquels trois anciens premiers
ministres d'Israël sont interrogés, les travaillistes Shimon Peres,
alors ministre des affaires étrangères du gouvernement Sharon, et Ehud
Barak, battu par ce dernier en mars 2001, ainsi que Benjamin Netanyahou,
le prédécesseur de Sharon à la tête du Likoud. Les commentaires de
l'historien Meir Pail, du secrétaire d'état à la sécurité intérieur
Gideon Ezra, du ministre de l'information et de la culture de l'autorité
palestinienne Yasser Abed Rabbo, du responsable de la branche politique
du Hamas Hasan Yosef, des envoyés spéciaux des Nations-Unies Miguel
Moratinos et Christian Jouret et de trois membres de la brigade des
martyrs d'Al-Agsa sont également recueillis.
Parce que les événements se succèdent à un rythme très soutenu dans le pays où il a été tourné, le reportage d'Oliver Stone
a désormais perdu toute actualité. Journal d'une rencontre ratée avec
Yasser Arafat, sa contribution historique est aussi plutôt limitée.
Ephémère production essentiellement climatique, Persona Non Grata (terme diplomatique désignant probablement le cinéaste lui-même) est, en quelque sorte, le making of d'un film qui formellement n'existe pas ou, du moins, est resté inachevé.
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