vendredi 27 octobre 2006

James Brown: Live at Montreux


"He's lost in the wilderness
He's lost in the bitterness
He's lost, lost and..." (in "It's a Man's Man's Man's World")

James Brown

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The Godfather of Soul (of Funk selon les versions) collectionne les surnoms comme d'autres les décorations sur le champs de bataille. La vie et la carrière de James Joseph Brown n'ont-elles pas d'ailleurs été un perpétuel combat ? Issu d'une famille pauvre, au début des années 1930, dans un pays qui laisse alors assez peu de perspectives à ses minorités, le gamin de Géorgie (ou est-ce la Caroline du sud ?) doit ramasser le coton et cirer les chaussures pour aider ses parents. Pour échapper à sa condition, il opte pour la facilité en se laissant séduire par la délinquance. A seize ans, il écope d'une peine de prison pour attaque à main armée, bénéficiant d'une libération conditionnelle au bout de trois ans.
Membre, aux côtés de Bobby Byrd, de l'ensemble vocal Gospel Starlighters rebaptisé The Famous Flames à l'occasion d'une évolution vers le Rythm'n'Blues et l'arrivée d'instrumentistes, Soul Brother Number One en devient rapidement le pôle d'attraction puis le leader. En novembre 1955, le groupe enregistre "Please, Please, Please" qui atteint, cinq mois plus tard, la sixième place des charts R&B. Il faudra toutefois attendre un peu plus de deux ans pour qu'il connaisse un nouveau succès, "Try Me", numéro un du classement. Entre temps, plusieurs musiciens du mystique retraité Little Richard ont rejoint la formation.
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Sorti en 1961, "Night Train", par l'importance accordé aux instruments et par la rapidité du tempo, constitue le premier album véritablement brownien et l'un des meilleurs de la décennie 1960. Il sera néanmoins surpassé par le "Live At Apollo" enregistré en public le 24 octobre 1962 dans la fameuse salle new-yorkaise et paru en janvier 1963. Mr. Dynamite y acquiert sa réputation de bête de scène et son groupe une renommée nationale. "Prisoner of Love" (sept. 1963) obtient une prometteuse dix-huitième place dans les charts pop, réussite confirmée avec la série de hits "Papa's Got A Brand New Bag", "Got You (I Feel Good)" (1965) et "It's A Man Man Man World" (1966).
En cette fin des années 1960, marquée également par la sortie de "Cold Sweat" (août 1967) et de "I Got The Feelin'" (mars 1968), l'inflexion vers un nouveau genre musical est déjà patente. James Brown délaisse de plus en plus le chant mélodique pour une forme nettement plus rythmique, multiplie les riffs et les breaks, n'hésitant pas non plus à introduire des parties parlées, comme plus tard les rappeurs, dans lesquelles il s'adresse la plupart du temps au public. Le Funk vient de naître, influence durable de la musique afro-américaine, notamment pour deux petits jeunes appelés Michael Jackson et Prince, et dans le sillon duquel se développera l'éphémère et cosmopolite mouvement disco.
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A l'aube de la décennie 1970, les musiciens du Minister of the New New Super Heavy Funk sont renouvelés, avec en particulier l'arrivée du bassiste Bootsy Collins. The JB's, avec Fred Wesley et Maceo Parker, enregistre en concert le désormais célèbre et emblématique "Sex Machine" (août 1970). Cette période, au cours de laquelle le chanteur est au sommet de son art, sera jalonnée par trois autres albums notables, "There It Is" (juin 1972), l'excellent "The Payback" (déc. 1973) et "Hell" (juill. 1974) qui annonce son évolution vers le disco. James Brown signe également, en 1973, la bande originale du film blaxploitation Black Caesar de Larry Cohen.
Mais, dès 1980, il amorce un net déclin artistique, son nom apparaissant désormais plus souvent à la rubrique des faits divers que dans les charts. John Landis lui confie le rôle du révérend Cleophus James dans The Blues Brothers, Sylvester Stallone le fait apparaître et interpréter "Living In America"" dans Rocky IV et il joue la guest star dans un épisode de la quatrième saison de Miami Vice (ou, plus récemment, aux côtés de Jackie Chan dans The Tuxedo de Kevin Donovan). Entré au Rock and Roll Hall of Fame en janvier 1986, The Hardest Working Man in Show Business a bien tenté quelques retours au premier plan sans rencontrer de réel succès.

Live at Montreux 1981

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Miné par un drame personnel et des difficultés financières, James Brown n'affiche plus, en ce début des années 1980, l'arrogance et l'insistant cérémonial qui le caractérisaient précédemment. La tournée afro-japonaise, essentiellement alimentaire, se déroute vers la Suisse ce 7 juillet 1981, première des trois prestations à Montreux où l'interprète de "I Got You (I Feel Good)" tient seul l'affiche du jour. L'artiste a un genou à terre mais il n'est pas K.O. Il conserve même ce punch rageur dont il devait faire preuve au cours de sa courte expérience de boxeur.
Entouré d'un groupe efficace et attentionné, James Brown livre un spectacle encore enfiévré avec un programme composé de hits. La très longue (18'20) version de "It's a Man's Man's Man's World" est l'occasion de rendre successivement hommage ("honor and recognize") à Elvis Presley, Otis Redding, Sam Cooke, Janis Joplin, Little Willie John, Jimi Hendrix, John Lennon (assassiné sept mois auparavant) et les Beatles ou encore B.B. King.
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Ron Laster, lorsqu'il voudra apporter sa contribution musicale à la mémoire d'Hendrix, devra y renoncer malgré lui, sa guitare devenant rapidement et brusquement muette. "Prisoner of Love" est expédié en moins d'une minute et Mr. Dynamite, alors que le public s'enflamme enfin, revient dans une nouvelle tenue pour conclure le concert avec les deux derniers titres, en particulier l'inévitable "(Get Up I Fell Like Being a) Sex Machine". La captation du concert est plutôt erratique, les opérateurs et/ou la régie ratant régulièrement certains des moments visuellement forts du spectacle.
Pour une raison saugrenue, les trois premiers morceaux du set, deux instrumentaux et une chanson interprétée par le groupe avant l'entrée en scène de la vedette, ont été logés parmi les suppléments. Ces derniers proposent également le troisième et le dernier titres du concert de 1995, époque où James Brown doit trop souvent laisser aux autres (chanteur, danseuses) le soin de faire le spectacle à sa place.

Les groupes :
1981 :
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Guitare : Ron Laster & James Nolen
Claviers : Jerry Poindexter
Basse : David Weston & Fred Thomas
Batterie : Tony Cook & Arthur Dixon
Trompette : Hollie Farris, Jason Sanford & Joe Collier
Saxophone : St Clair Pinckney Jr.
Chœurs : Ann Beeding, Martha McCrady & Kathy Jordan

1995 :
Guitare : K. Jenskins, F. Thomas, J. Moore & Ron Laster
Claviers : Jerry Poindexter
Basse : C. Sherell
Batterie : G. Nealy, R. Thompson & A. Dickson
Trompette : Hollie Farris, T. Owens & T. Jefferson Saxophone : J. Watkins & Nashville
MC : D. Ray
Chant : L. Rushton & M. Harvin
Chœurs : C. Moore, S. Wheat & A. Christian
Danseuses : J. Kim, J. Bancale, H. Hartley, Issa & Georgina Cordovasoto

Les titres :

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1. Payback
2. It's Too Funny in Here
3. Gonna Have a Funky Good Time
4. Try Me
5. Get on the Good Foot
6. It's a Man's Man's Man's World
7. Prisoner of Love
8. I Got the Feelin'
9. Hustle (Dead on It)
10. Papa's Got a Brand New Bag
11. I Got You (I Feel Good)
12. Please, Please, Please
13. Jam
14. Sex Machine
Bonus Tracks :
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1981 :
Hot Pants Road
Funky Men
Honky Tonk Popcorn
1995 :
Living In America
Sex Machine 

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