Natalie Dessay
Diva
? Assurément, mais une diva populaire. Atypique ? Forcément. Car
contrairement à la Toulousaine Mady Mesplé, entrée au Conservatoire de
sa ville à l'âge de sept ans, Natalie Dessay
n'est venue au chant que dix ans plus tard, un peu par hasard, au
détriment de sa première passion, le théâtre. La cantatrice est restée
cependant l'une des rares authentiques comédiennes de l'art lyrique,
alors que ses homologues, passés ou présents, déploient souvent une
dramaturgie sommaire. La séduisante soprano colorature n'endosse pas ses
rôles, elle les habite, à la manière de l'actrice californienne
d'origine russe Natalie Wood pour laquelle elle a ôté, à onze ans, le "h" de son prénom.
Née Nathalie Dessaix à Lyon, élevée à Bordeaux, Natalie Dessay,
après avoir étudié au Conservatoire de la ville, devient choriste au
Théâtre du Capitole de Toulouse. Elle entame sa carrière de soliste avec
le rôle de Barberine dans "Les Noces de Figaro" de Mozart, représentation donnée à Marseille en mai 1989. Lauréate du concours Mozart de Vienne l'année suivante, son interprétation d'Olympia dans "Les Contes d'Hoffmann" de Jacques Offenbach
en avril-mai 1992 la révèle au public parisien. Comme le "phénomène"
Lucia Popp trente ans plus tôt, elle intègre alors la troupe du Wiener
Staatsoper où Blonde de "L'Enlèvement au sérail" de Mozart et surtout Zerbinetta d'"Ariane à Naxos" de Richard Strauss deviennent ses rôles préférés. Elle est, pour la première fois en juillet 1994 au cours du festival d'Aix-en-Provence, la Reine de la nuit de "La Flûte enchantée" puis se produit au Metropolitan Opera de New York dans "Arabella" de R. Strauss. Début 1995, elle incarne Lakmé dans l'œuvre de Léo Delibes montée à l'Opéra-Comique.
Natalie Dessay chante Ophélie dans le "Hamlet"
d'Ambroise Thomas au Grand Théâtre de Genève en 1997 aux côtés de Simon
Keenlyside, rôle qu'elle reprendra à Barcelone en 2003. En 2000, elle
connaît ses premiers ennuis de santé qui lui feront annuler des
spectacles et la contraindront plusieurs fois à se retirer momentanément
de la vie musicale. Elle abandonne alors les rôles les plus aigus pour
aborder une tessiture plus centrale et qui l'intéressent davantage sur
le plan dramaturgique : Lucia de Lammermoor (Donizetti), Mélisande (Debussy), Manon (Massenet), Juliette (Gounod) et Pamina (Mozart). Sacrée artiste lyrique de l'année et récompensée d'un "Victoire de la musique classique" en 2002, la chanteuse aborde également des registres différents puisqu'elle vocalise sur "La Note bleue", le dernier disque de Claude Nougaro et interprète un des morceaux de la bande originale de Joyeux Noël.
Le miracle d'une voix
Cette
compilation, réalisée à partir d'enregistrements datant de mai 1993 à
novembre 2003, offre au moins deux perspectives intéressantes. La
première souligne l'évolution artistique et technique de Natalie Dessay
au cours de la première période de sa carrière. Elle nous permet
notamment de juger de la polyvalence de la soprano, passant apparemment
avec aisance de rôles légers à d'autres bien plus graves. La seconde
consiste en une mise en relief des qualités d'interprétation de Natalie Dessay, en particulier à travers celles données d'une même œuvre, de son tempérament explosif (hérité de son père ?!) et de sa virtuosité (sa maîtrise du messa di voce est flagrante).
Outre le fait que l'on comprend mal la logique de l'ordonnancement du
programme, on regrette un peu l'absence du répertoire baroque (Monteverdi, Haendel, Jean-Philippe Rameau), de "La Sonnambula" de Bellini, du "Lakmé" de Delibes ou encore du "Rossignol" de Stravinsky
Les titres :
1. Johann Strauss : "Frühlingsstimmenwaltzer" ("Die Fiedermaus") - Wiener Staatsoper, 31 déc. 1993 – Ulf Schirmer
2. Richard Strauss : "Grossmächtige Prinzessin"
("Ariadne auf Naxos", rôle : Zerbinetta) - Salzburg, Kleines
Festspielhaus, août 2001 – Wiener Philharmoniker - Christoph von
Dohnanyi/Jossi Wieler & Sergio Morabito
3. Jacques Offenbach : "Les oiseaux dans la charmille"
("Les Contes d'Hoffmann", rôle: Olympia) - Wiener Staatsoper, 6 sept.
1996 – Chœurs & orchestre du Wiener Staatsoper - Jun Märkl/Andrei
Serban
4. Gaetano Donizetti : scène de la folie "Mon nom s'est fait entendre"
("Lucie de Lammermmor", rôle : Lucie) - Opéra national de Lyon, janv.
2002 – Chœurs & orchestre de l'Opéra national de Lyon - Evelino
Pidò/Patrice Caurier & Moshe Leiser
5. Wolfgang A. Mozart : "O Zittre nicht"
(Königin der Nacht, "Die Zauberflöte" acte I) - Festival d'Aix en
Provence, 30 juill. 1994 – Les Arts florissants - William
Christie/Robert Carsen
6. Wolfgang A. Mozart : "Der Hölle Rache" (Königin
der Nacht, "Die Zauberflöte" acte II) - Palais Garnier, 25 nov. 2000 –
Orchestre de l'Opéra National de Paris - Ivan Fischer/Benno Besson
7. Jacques Offenbach : "Les oiseaux dans la charmille" ("Les Contes d'Hoffmann", rôle: Olympia) - Opéra de Lyon, mai 1993 – orchestre de l'Opéra de Lyon - Kent Nagano/Louis Erlo
8. Ambroise Thomas : scène de la folie "A vos jeux mes amis"
("Hamlet", rôle : Ophélie) - Gran Teatre del Liceu, Barcelona, oct.
2003 – Symphony Orchestra of the Gran Teatre del Liceu - Bertrand de
Billy/Patrice Caurier & Moshe Leiser
9. Maurice Ravel : air du Feu "Arrière..." ("L'Enfant et les sortilèges") - Opéra de Lyon, juin 1993 – Patrice Caurier & Moshe Leiser
10. Jacques Offenbach : "Les oiseaux dans la charmille"
("Les Contes d'Hoffmann", rôle: Olympia) - Chorégies d'Orange, 12&
15 juill. 2000 – Chœurs du Théâtre du Capitole de Toulouse et de
l'Opéra-Théâtre d'Avignon, Orchestre National du Capitole de Toulouse -
Michel Plasson/Jérôme Savary
11. Richard Strauss : "Grossmächtige Prinzessin"
("Ariadne auf Naxos", rôle : Zerbinetta) - Palais Garnier, nov. 2003 –
Opéra National de Paris - Pinchas Steinberg/Laurent Pelly
12. Leonard Bernstein : "Glitter and be gay"
("Candide", rôle : Cunegonde) - Glyndebourne, EMI Centenary Gala, 27
sept. 1997 – London Phiharmonic Orchestra - Sir Andrew Davis
13. Jacques Offenbach : duo de la Mouche "Il m'a semblé sur mon épaule"
("Orphée aux enfers", Jupiter Final, rôle : Eurydice) - Opéra national
de Lyon, déc. 1997 – Chœurs & orchestre de l'Opéra national de
Lyon, Orchestre de chambre de Grenoble - Marc Minkowski/Laurent Pelly
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