"... Une question de style."
Surprenant Beineix, qui surgit là où on ne l'attend pas. Qui aurait pris le pari d'envisager un film tel que Roselyne et les lions après avoir vu La Lune dans le caniveau et 37°2 le matin
? Y compris, peut-être, le réalisateur lui-même s'il n'avait éprouvé
une si forte fascination pour les fauves en tournant un film
publicitaire avec une panthère*. Et voilà que s'ébauche un premier
scénario original, succédant à trois adaptations, inspirée de la
jeunesse du dompteur et éleveur d'animaux pour le cinéma Thierry Le Portier. Au moment où Luc Besson, quitte, avec le succès que l'on sait, les grands fonds pour prendre son public à contre-pied avec un polar "pêchu", Jean-Jacques Beineix investit un domaine dans lequel Fellini s'est illustré plus de trente ans auparavant et délaissé depuis, le cirque.
Elève de Terminale dans un lycée marseillais, Thierry Serrurier se laisse aller à la rêverie pendant les cours, devenant ainsi la tête de turc préférée de son professeur d'anglais, M. Bracquard.
Envoyé un jour en étude par ce dernier, le jeune homme préfère aller au
zoo où il assiste à un numéro de dressage de lions auquel participe une
jolie apprentie nommée Roselyne. Enthousiasmé par le spectacle, Thierry demande à Frazier,
le dompteur, de lui donner des cours en échange de divers travaux
matinaux dans la ménagerie. Le métier entre vite et le jour de ses
dix-neuf ans, Thierry a le privilège d'accompagner son professeur dans la cage face au lion Wotan. Il réussit même, un peu plus tard, à faire exécuter à un fauve le numéro de la poutre après la tentative échouée de Frazier. Grisé par son succès et par son amour pour Roselyne, le jeune dompteur rebaptisé par celle-ci d'Alembert, profitant de l'absence du patron, entre avec elle dans la cage de Wotan. Mais Frazier arrive alors qu'ils sont toujours face au lion et renvoie son employé.
Roselyne et les lions,
malgré ses évidentes faiblesses narratives, est un joli drame
romantique centré sur une double passion, humaine et animale, la seconde
l'emportant assez nettement sur la première. Nul doute que le
réalisateur ait vu dans cette histoire une intéressante allégorie à sa
propre passion pour le cinéma et dans le dressage un équivalent
technique à la direction d'un film. Et sur ce plan, le rapprochement
entre le grand cirque allemand Koenig avec un important studio de production est également facilement opéré. Ce quatrième long métrage de Beineix, récit (réel ou imaginaire ?)
avant tout d'un apprentissage commun, est séduisant en particulier
grâce à la force de conviction de ses deux interprètes principaux,
eux-mêmes apprentis à la fois sur scène et dans la cage. Carlos Conti et Jean-François Robin, déjà présents sur 37°2 le matin, assurent une certaine continuité visuelle, mais l'on est étonné et un peu déçu de ne pas retrouver les tonalités de Gabriel Yared accompagner les trois mouvements de cette aventure romanesque en forme de conte.
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*pour une marque de peinture bien connue.
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