"... Lies the rub."
Après l'échec de sa comédie dramatique She Hate Me, il fallait bien s'attendre à retrouver Spike Lee, comme en 2001 avec 25th Hour,
aux commandes d'un film du même nom. Soit dit entre nous, il aurait pu
plus mal tomber. Car le premier scénario pour le cinéma de Russell Gewirtz est plutôt astucieux et Lee prend visiblement du plaisir à tourner des polars. Clockers, Summer of Sam
et le titre précédemment cité ne sont-ils pas de très honorables, voire
de bons films ? Avec son casting prestigieux mais sans esbroufe
gratuite, Inside Man s'impose d'ailleurs, avec 184M$ de recettes (dont un peu plus de la moitié à l'étranger)*, comme le meilleur succès commercial du réalisateur et celui de l'un de ses acteurs fétiches, Denzel Washington.
Dalton Russell (qui) s'adresse à nous de sa cellule (tiny cell - où) pour nous expliquer les raisons de sa situation. Il a récemment organisé et mis en œuvre le parfait cambriolage de banque (quoi & quand).
Pour quelle raison ? Pour l'argent et parce qu'il en était capable.
Comment ? Une camionnette à l'enseigne d'une petite entreprise de
peinture s'arrête devant une succursale de la Manhatthan Trust Bank
de New York. Quatre individus en sortent, pénètrent dans
l'établissement et prennent en otage le personnel et les clients. Bien
qu'ayant maille à partir avec l'Internal Affairs Bureau pour une affaire de fonds disparus, l'inspecteur Keith Frazier profite de l'absence de l'un de ses collègues et se voit confier, assisté de son homologue Bill Mitchell, le soin de négocier avec les malfaiteurs. Les deux policiers retrouvent sur place le capitaine John Darius, avec lequel Frazier a déjà collaboré, chargé des opérations de sécurité et d'intervention. Peu après, Arthur Case, le président de la Manhatthan Trust Bank, mandate Madeline White afin d'éviter que le contenu d'un coffre lui appartenant dans l'agence attaquée ne soit dévoilé.
Quel aurait été le film tiré de ce script par Ron Howard, d'abord pressenti pour le diriger ? L'appliqué réalisateur de Ransom et producteur exécutif de la série The Inside a, de toutes façons, préféré prendre la main à Lasse Hallström (curieux jeu de domino !) pour porter à l'écran la biographie de James Braddock, alias Cinderella Man. Avec son intrigante ouverture aussitôt suivie par un générique rythmé par l'étonnante chanson indienne ("Chaiyya Chaiyya") d'A.R. Rahman, Spike Lee sait nous caresser d'emblée dans le sens du poil. Tourné en moins de quarante jours, Inside Man a conservé les caractéristiques de l'urgence de sa production. Lee comme son compositeur Terence Blanchard,
l'excellent trompettiste de jazz et partenaire de jeu du saxophoniste
Donald Harrison, jouent habilement sur les changements de tempo, sur les
motifs de répétition, les ruptures de continuité et les silences,
serrant ainsi au plus près les évolutions de la situation dramatique au
cœur du récit.
Le film s'inscrit comme la figure symétrique du Dog Day Afternoon de Lumet (avec un clin d'œil à Serpico, mais aussi à The Godfather et à Kojak !).
Le plus frappant peut-être, et souvent considérée comme une faiblesse,
est la grande sobriété des interprétations, dissipant à bon escient ici
la différence entre acteurs principaux et secondaires, aucune des jolies
têtes d'affiches ne s'impose véritablement, probablement au profit de
l'unité et de la cohérence de l'ensemble.
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*actuel 15e au box office 2006 et deuxième production Universal derrière The Break-Up. En France, le film a attiré un gros million de spectateurs en salles.
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