"Les meilleures places sont derrière, comme au cinéma."
Le deuxième film de Bernhard Wicki, au budget visiblement chiche et de prime abord un peu déroutant, a marqué les esprits lors de sa sortie. Die Brücke a remporté plusieurs prix dans son pays (Wicki la premières de ses quatre récompenses du "meilleur réalisateur" allemand). Et il est vraisemblable que le "Golden Globe" (même partagé !) et la nomination aux Academy Awards dans la catégorie "meilleur film étranger" a dû influencer Darryl F. Zanuck de la Fox en sa faveur lors du choix d'un co-réalisateur pour The Longest Day, sorti deux ans plus tard. Le film est une adaptation de l'ouvrage éponyme et autobiographique de Gregor Dorfmeister, alias Manfred Gregor, paru en 1958.
Fin
avril 1945. Dans une petite ville de Bavière jusque là épargnée par la
guerre, le largage d'une bombe aérienne près du pont de la ville créé
l'événement. Pendant que Forst, le chef local du parti, envoie son épouse vers une destination plus sure, sept camarades de collège, parmi lesquels Walter, le fils de ce dernier, attendent avec impatience leur mobilisation pour pouvoir enfin défendre leur pays. Jurgen, orphelin d'un officier, s'est engagé. Sigi
ne fait pas grand cas des craintes de sa mère blanchisseuse qui
voudrait l'envoyer chez sa tante pour éviter d'être enrôlé. Le jeune
Berlinois Hans est hébergé par la mère de son ami Albert, dont le mari est probablement décédé au front. Klaus entretient une relation plus qu'amicale avec sa camarade Franziska et Karl est secrètement amoureux de Barbara,
l'employée de son père coiffeur, lequel porte une prothèse à la place
de la main droite. Le lendemain de leur incorporation, le 463e bataillon
auquel ils appartiennent est envoyé en pleine nuit vers la scène des
combats. Mais, influencé par une conversation avec Stern, leur professeur, le capitaine Fröhlich les place sous le commandement du sergent Heilmann avec pour mission de défendre le pont à la sortie de la ville.
Ne regardez pas Die Brücke si vous pensez qu'il pourrait s'agir d'une version allemande (et fauchée) de The Bridge at Remagen ou de A Bridge Too Far.
Plus qu'un simple film de guerre, c'est un drame et un plaidoyer
pacifiste. Sans en posséder les qualités artistiques et la dimension
politique, cette libre adaptation se situe un peu dans l'esprit de
l'excellent Paths of Glory qui le précède de deux ans, voire de Full Metal Jacket, tous deux de Kubrick.
La phase d'exposition est un peu longue mais nécessaire à la mise en
situation et à l'approfondissement de la psychologie des personnages. La
seconde partie n'en est que plus percutante. L'expérience de Wicki, ancien clown-soldat de la Wechmarcht et acteur réputé, en particulier plus tard d'Antonioni, Fassbinder ou Wenders,
se révèle précieuse dans la reconstitution des scènes de combat et,
surtout, dans la direction d'acteurs pour la plupart débutants. Michael Hinz et Fritz Wepper, l'assistant de l'inspecteur Derrick et que l'ont a vu également dans Cabaret et Le Dernier combat, sont, depuis, devenus des vedettes dans leur pays. Sous un apparence anodine, Die Brücke est, sans aucun doute, l'une des œuvres allemandes importantes consacrées à la Seconde Guerre mondiale.
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