"... La où l'on se sent en sécurité, on est prêt à renoncer à l'amour."
Ingolstadt (Bavière). Berta et Alma,
deux amies, regardent défiler les soldats stationnés dans la ville.
Certains d'entre-eux sont chargés de la construction d'un pont de bois
sur le Danube sous la conduite d'un adjudant. Berta, domestique chez M. Unertl et incidemment convoitée par son fils indolent Fabian, s'éprend du pionnier Karl rencontré la nuit dans le parc. Elle se détache d'Alma qui, ayant perdu son emploi, monnaie ses charmes auprès des soldats. Le volage et séducteur Karl n'aime pas sincèrement Berta et repousse leur première relation physique, envoyant même son ami Max tenter de prendre sa place dans le cœur de la jeune femme.
Amour,
sexe et rapport de forces, telle est la trilogie sur laquelle repose
cette adaptation, volontiers elliptique et un peu hypnotique, de la
pièce de Marieluise Fleißer, suite de "Fegefeuer in Ingolstadt" écrite en 1928 sous l'amicale impulsion de Bertolt Brecht. Comme dans ses propres œuvres théâtrales portées au cinéma, Liebe ist kälter als der Tod ou Katzelmacher, le prolifique Rainer Werner Fassbinder présente la relation humaine sous un angle essentiellement conflictuel, pessimiste, "déceptif"
selon l'expression du sémiologue Algirdas Julien Greimas. Soumissions
familiale, sociale, hiérarchique ou sexuelle sont au cœur de ce récit
sur la perte de l'innocence et de ses illusions, métaphore d'une
Allemagne encore convalescente à l'aube des années 1970.
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