"... Il m'arrive de rêver des scènes de jeu..."
A l'occasion de l'un de ses nombreux voyages au Japon, Jean-Jacques Beineix rencontre le journaliste français Etienne Barral grâce auquel il découvre la notion d'"Otaku" et sa signification moderne. Le vocable (que l'on traduit par "votre maison" et constitue également une formule de vouvoiement),
particulièrement prisé chez les amateurs d'animation et de manga, a
connu, de ce fait, une extension de son sens pour désigner une personne
se consacrant à un hobby, le plus souvent réalisé à domicile. Le terme (qui possède deux graphies distinctes en japonais) a ensuite acquis une connotation péjorative, celle d'une personne repliée sur elle-même et ne vivant plus que pour une passion.
En
1993, le réalisateur et sa petite équipe sont allés pendant trois mois,
dans la région de Tokyo, à la rencontre de quelques représentants des
différentes formes d'otaku, d'idoles (vedettes de la chanson créées de toutes pièces par le marketing de marque ou d'enseigne) comme Masakazu Uemura, de poupées tel le trentenaire Yo Kawamorita, de survival games
auxquels le journaliste Hiroshi Yamashita préfère les armes à feu ou
encore de maquettes d'avions de guerre comme l'ex-étudiant en médecine
Hiroki Hashimoto. Les fanatiques de jeux vidéo ne sont évidemment pas
oubliés et le reportage essaie d'analyser à cette occasion l'essor du
phénomène, également dans ses dimensions techniques et économiques, dans
une société où le travail et l'intérêt collectif servaient de référents
absolus. La manifestation du groupe Tokyogagaga sur lequel s'ouvre le
film vient dénoncer l'incommunicabilité qui s'est fortement développée
dans le pays depuis les années 1980.
Si Otaku
ne pouvait faire l'impasse sur le Comiket, manifestation monstre
organisée deux fois par an et consacrée au manga et à l'anime, et sur le
Jamma Show dédié aux jeux vidéo, la partie sur le bondage et certaines
des illustrations suivantes semblent, en revanche, nettement moins
opportunes ou pertinentes à propos du sujet abordé. Les interventions de
l'écrivain Akio Nakamori, du psychiatre Takahashi et de Tamotsu
Sengoku, le directeur du Centre de recherche sur la jeunesse, permettent
d'éclairer et de cerner un peu mieux un phénomène qui prend sa source
dans la culture et l'éducation nippones.
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