"But there's something in my blood
Denies the memory of the acts." (in "Blood Makes Noise")
Suzanne Vega
Sans aucun doute, l'une des compositrices-interprètes les plus douées parmi celles apparues à la fin des années 1980. Suzanne Nadine Vega établit une filiation avec Joan Baez (le lyrisme politique en moins), Joni Mitchell, Janis Ian, Joan Armatrading, Rickie Lee Jones côté féminin, avec Bob Dylan, Leonard Cohen et Lou Reed
côté masculin. Joli héritage, non ? Un peu avant une autre grande
artiste du pop-folk, Tracy Chapman, la chanteuse renouvelle à sa manière
le répertoire de la chanson à base d'histoires poétiques et
mélancoliques, donnant par son phrasé mi-parlé, mi-chanté une intensité
et une émotion dramatique particulières.
Née en Californie mais élevée dans le quartier hispanique de Harlem (New York) par une mère guitariste de jazz, Suzanne Vega
écrit ses premiers textes à l'âge de neuf ans, commence à jouer de la
guitare à onze ans, compose sa première chanson à quatorze ans. Elève de
danse à la New York High School of Performing Arts (décor du film Fame d'Alan Parker et de la série télévisée qui lui a succédé)
puis étudiante en littérature anglaise, elle se produit dans des
petites salles proches de l'université de Columbia ou à Greenwich
Village. Diplômée en 1982, elle occupe de modestes emplois tout en
devenant, le soir, l'un des espoirs de la scène folk. Le label A&M,
peu enthousiaste, lui fait enregistrer son premier album éponyme. Sorti
en mai 1985, le disque est très bien accueilli par la critique et par
le public... britannique, notamment grâce à son titre "Marlene on the Wall". La même année, Suzanne Vega auditionne pour le rôle tenu finalement par Madonna dans Desperately Seeking Susan de Susan Seidelman.
"Solitude Standing" (avril 1987), encore supérieur au précédent, séduit par sa richesse, sa diversité et par ses futurs hits, "Tom's Diner", titre étalon du format mp3, et "Luka",
tragédie enfantine sous une apparence anodine, numéro trois dans les
charts pop aux Etats-Unis, ce qui ne s'était encore jamais produit au
cours des années 1980 pour un auteur-compositeur et interprète, et nommé
dans trois catégories des Grammy Awards. "Days of Open Hand" (avril 1990), "99.9 F°" (sept. 1992) et "Nine Objects of Desire" (sept. 1996), assez différents les uns des autres, ne rencontrent pas le même succès que les précédents. "Caramel", issu du dernier, sera toutefois repris dans la bande originale de The Truth About Cats & Dogs de Michael Lehmann. En revanche, "Songs In Red and Gray", paru en septembre 2001, renouait avec le meilleur de l'artiste malgré l'absence de tube.
Live at Montreux 2004
Pendant que l'électrique Carlos Santana, dôté d'un prestigieux big band, tenait le public de l'Auditorium Stravinsky pendant plus de trois heures, la douce Suzanne Vega
effectuait, ce 15 juillet 2004, sa seconde prestation dans le cadre du
festival suisse avec un programme sans réel surprise mais composé avec
justesse. Entourée d'une formation légèrement élargie par rapport à son
précédent concert montreusien, la chanteuse revisite ses six albums sans
privilégier le dernier (déjà ancien, il est vrai !), représenté par seulement trois titres joués d'ailleurs dans la foulée après un "Gypsy" longuement introduit et interprété par S. Vega seule sur scène.
Aux "Left Of Center" et "The Queen And The Soldier", joués en duo avec le bassiste Mike Visceglia, succède une reprise d'une chanson de Pete Townshend figurant sur le __"Who's Next"__ du célèbre groupe britannique. "Pilgrimage", chanté avant "Solitude Standing",
est absent pour une raison inconnue. Pour les deux morceaux de son
rappel, l'artiste se laisse convaincre par la demande express formulée
par une admiratrice puis clôt son concert avec une vieille chanson jazz
écrite par Lorenz Hart et Richard Rodgers, enregistrée pour la première
fois par artiste id=28084Benny Goodman/artiste en 1937 et interprétée avant elle notamment par artiste id=51836Ella Fitzgerald/artiste et artiste id=83131Sarah Vaughan/artiste.
A
la rythmique très efficace constituée de M. Visceglia, cité
précédemment, et du batteur Doug Yowell s'ajoute le très discret
guitariste Billy Masters (entendu aux côtés de David Sanborn ou Billy Joel par exemple et collaborateur régulier de S. Vega depuis juin 2002),
véritable coloriste musical plus qu'instrumentiste rythmique ou
soliste. La mise en images est très honorable mais un peu répétitive (comme le spectacle lui-même sur le plan visuel).
Mais on peste silencieusement en constatant, encore une fois, la faible
réactivité des réalisateurs et opérateurs par rapport à la scène, comme
avec ce montage alterné entre trois des musiciens, oubliant celui sur
lequel devrait se focaliser l'attention.
L'extrait du duo avec M. Visceglia donné le 13 juillet 2000 en première partie du concert de Lou Reed propose trois morceaux supplémentaires (3e, 11e et 16e-ultime titres du set) issus du premier et troisième albums de l'artiste.
Le groupe :
Basse, direction musicale : Mike Visceglia
Batterie : Doug Yowell
Guitare : Billy Masters
Les titres :
1. 99.9 F
2. Marlene On The Wall
3. Caramel
4. When Heroes Go Down
5. Gypsy
6. (I'll Never Be Your)Maggie May
7. Penitent
8. Solitaire
9. Left Of Center
10. The Queen And The Soldier
11. Behind Blue Eyes
12. Solitude Standing
13. Blood Making Noise
14. In Liverpool
15. Luka
16. Tom's Diner
17. Calypso
18. Have You Met Miss Jones
Bonus Tracks :
2000 :
1. Small Blue Thing
2. Room Off The Street
3. Knight Moves
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