dimanche 11 septembre 2005

Un Honnête commerçant


"Toto n'a jamais tué personne."

Etonnant premier long métrage, en tant que réalisateur, du scénariste de Frédéric Fonteyne et Pierre-Paul Renders. Philippe Blasband a réussi, avec visiblement peu de moyens, à faire un polar un brin décalé et, par bien des aspects, réjouissant. Un scénario simple mais intéressant, centré sur le mensonge et la dissimulation, un traitement intelligent, ne misant pas, comme souvent, sur le spectaculaire et servi par une distribution tenant remarquablement bien la route, il n'en faut pas plus pour convaincre le spectateur... des festivals. Présentée à Montréal et dans la section "Sang neuf" du vingt et unième Festival du film policier de Cognac notamment, cette production beneluxienne n'est, en effet, pas passée par la case "salles" en France. Une opportune, quoique tardive, édition vidéo vient donc réparer cette anomalie pour la plus grande joie des amateurs du genre.
Le commerçant Hubert Verkamen est convoqué un dimanche par les inspecteurs Dennote et Mercier. Une famille entière, les Samson, a été assassinée le jeudi précédent. M. Samson aurait été l'associé de Verkamen, lequel est également soupçonné d'être un gros trafiquant de drogue. Pendant l'absence de Dennote, son collègue se voit proposer un casse de bijouterie par Verkamen sous les caméras de surveillance installées par le commissaire Chantal Bex. N'étant pas au courant du dispositif, Mercier, lorsqu'il l'apprend, pète un câble et agresse Verkamen en le menaçant de mort. Celui-ci parvient à prendre le dessus sur son adversaire. Bex, qui essaie depuis longtemps de faire tomber son suspect, fait alors son apparition et rappelle son passé d'agent des contributions directes à son interlocuteur. Débute alors un jeu du chat et de la souris en la présence, virtuelle, de Louis Chevalier, le mentor de Verkamen.
"Donnant donnant." L'intérêt de ce quasi huis-clos, peu conventionnel, repose essentiellement sur la qualité des dialogues et sur le jeu, apparemment très libre mais surtout ludique (logique !), des acteurs. Un Honnête commerçant se situe dans la continuité du Garde à vue de Miller avec son étonnant face à face Ventura-Serrault. Efficace et ingénieux, le script ne "prend l'air" qu'aux travers de flash-back dont il faut souligner la gravité dans la tonalité, en net contraste avec la légèreté et l'ironie qui caractérisent la confrontation de l'action principale. Le trio de comédiens est convaincant. Benoît Verhaert, découvert dans Thomas est amoureux écrit par Blasband, confirme la remarquable impression qu'il avait donnée dans ce film. Yolande Moreau, dans un joli contre-emploi, et le comique Frédéric 'Pit' Bodson, acteur des frères Dardenne, ne se contentent pas de lui donner la réplique. Sans oublier, bien sûr, les apparitions fantomatiques, du toujours excellent Philippe Noiret

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