Présenté au Festival de Toronto et à celui de Sundance, Lila dit çà est une libre adaptation du roman éponyme, prétendument sulfureux, publié en 1996 sous le pseudonyme énigmatique de Chimo. Ziad Doueiri se voit proposer la direction du film par la productrice Marina Gefter, à laquelle on doit notamment le médiocre Femme fatale de De Palma.
Pour son second long métrage, le réalisateur déplace l'action de la
banlieue parisienne à Marseille mais conserve, en partie au moins, la
nature littéraire de l'œuvre originale en utilisant une narration en
voix off. Il fait appelle à Vahina Giocante, l'héroïne du méridional Marie Baie des Anges, et à un quasi débutant, Mohammed Khouas, pour interpréter les rôles principaux. S'il ne manque pas, sporadiquement, d'un certain charme et de corps (dans le jargon des œnologues), le film ne parvient pas à donner au roman, largement surfait, une âme et l'impression d'ensemble est plus que mitigée.
Chimo
est un jeune homme de dix-neuf ans vivant dans un des quartiers
populaires de Marseille avec sa mère, abandonnée par son mari. Doué pour
l'écriture, il se voit proposer par Claire Soulier, son
professeur de français, d'essayer d'intégrer, en rédigeant une histoire
de trente pages, un institut parisien destiné à aider les jeunes
talents. Mais il préfère traîner, sans but et sans avenir, avec ses
copains Mouloud, Big Jo et Bakary. Jusqu'au jour où il rencontre la jeune et blonde Lila,
laquelle lui propose spontanément de lui montrer la partie la plus
secrète de son intimité. Orpheline, elle partage l'appartement de sa
tante, une bigote probablement un peu dérangée. Les deux jeunes gens se
revoient, la conversation de Lila tournant systématiquement autour du sexe et de ses expériences dans le domaine. Provocation ? Mythomanie ? Chimo n'en est pas moins troublé et séduit. Mouloud, de son côté, se voit bien ajouter une ligne à la liste des hypothétiques partenaires de la demoiselle.
Disons le tout de suite, Lila dit çà
est aussi peu novateur et convaincant que l'ouvrage qui l'a inspiré. On
peut, d'ailleurs, formuler à son encontre une critique destinée à ce
dernier : "une écriture affectée ... qui voudrait se faire passer pour un style.".
L'argument du livre n'était déjà pas très clair, celui du film devient
totalement abscons, pour ne pas dire ridicule. Le scénario multiplie les
poncifs et l'intérêt de l'intrigue ne se noue qu'à travers la salacité,
essentiellement virtuelle, des dialogues. Même le modeste Lucía y el sexo pourrait passer pour un bon film comparé à celui-là, ne serait-ce que par la qualité de sa distribution. "J'ai peur ", la suite de "Lila dit ça" parue un an plus tard, n'est pas prêt d'être porté à l'écran !
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