jeudi 15 septembre 2005

Chok-Dee


"... Seulement que c'est possible."

Coïncidence des calendriers, au moment où Cinderella Man est distribué dans les salles, un autre "conte de fées" pugilistique, Chok-Dee, inspiré également d'une histoire vraie, paraît en vidéo. Si le film de Ron Howard vise résolument à s'inscrire dans le sillage des Rocky et Raging Bull, quelle est l'ambition de celui Xavier Durringer, dont les talents d'auteur ne sont pas contestables ? Appartient-il à la tradition française, faiblement représentée, du film de ou autour de la boxe, allant du Grand combat de Bernard Roland à Poids léger de Jean-Pierre Améris ? Ou faut-il le ranger, à cause de son exotisme, dans la catégorie des arts martiaux aux côtés des Kickboxer et Ong-bak ? Chok-Dee, parce qu'il repose sur une expérience réelle, parcours initiatique et rédempteur, et qu'il met en scène celui qui l'a vécu, est à la croisée des deux genres. Classique à défaut d'être original, crédible et ouvert à un public plus large que les seuls amateurs de sports de combat, il s'agit d'un film auquel il faut résolument donner sa chance.
Après une minable tentative de vol, Ryan, jeune maghrébin de banlieue, est incarcéré. En sortant du mitard où il a été envoyé parce qu'il a provoqué une bagarre, il est amené à partager la cellule de Jean, un ancien champion de boxe thaïe. S'il le considère au début avec dédain, celui-ci va bientôt commencer à lui apprendre les rudiments de son art. Pour ne pas retomber dans la délinquance, Ryan nourrit le rêve de partir en Thaïlande et de rejoindre les élèves de Lukbarnyai, une école de boxe réputée. Sa grand-mère, à sa sortie de prison, lui offre le billet d'avion. Mais, arrivé sur place, Ryan découvre que l'école est fermée aux falang (étrangers). Il insiste, s'installe devant les grilles du camp et finit par convaincre Kim-Yu, le responsable, de lui confier... des tâches ménagères. Elles deviendront le point de départ d'une irrésistible ascension vers le stade de Radjadamnoen, le temple bangkokien du muay thaï.
Amusant, d'abord, de constater que des aventures comme celles du personnage principal de Shao Lin ta peng hsiao tzu puissent devenir réelles. Biographie romancée des années cruciales du champion du monde de muay thaï Dida Diafat, Chok-Dee, ensuite, surprend agréablement par son réalisme et sa sobriété. On est assez loin des cabrioles, frôlant le grotesque, d'un Jean-Claude Van Damme que Diafat a d'ailleurs croisé sur le tournage de Legionnaire de Peter MacDonald. Cette surprise est d'autant plus favorable qu'elle bénéficie de l'effet de contraste avec le médiocre Fureur de Karim Dridi (pressenti pour réaliser le film), sorti il y a deux ans, auquel il peut être comparé. Bien sûr, le film de Xavier Durringer perd un peu de son unité et de son efficacité lorsqu'il s'évade dans le polar ou la romance, mais la structure narrative d'ensemble est solide, la mise en scène adroite et les acteurs plutôt bons. La seule erreur serait de le prendre pour une œuvre délivrant un message. Mais comme divertissement, Chok-Dee boxe dans sa catégorie avec les honneurs.

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