mercredi 21 septembre 2005

Kiru (kill, la forteresse des samouraïs)


"Une souris aux abois peut mordre un chat."

A ne pas confondre avec le film homonyme de Kenji Misumi, Kiru est une apparente énigme dans la filmographie de Kihachi Okamoto. Ceux qui vont vu et apprécié, à juste titre, ses Samurai et Dai-bosatsu tôge seront les premiers surpris. Car le film est, en effet, une comédie dramatique, sorte de chambara satirique à la sauce western spaghetti. Essayons de proposer quelques éléments d'explications. Le premier volet de la trilogie de Sergio Leone, dont on connaît l'intérêt pour les œuvres de Kurosawa notamment, sort au Japon en décembre 1965. Le cinéma du réalisateur italien y connaît rapidement un vif succès, influençant quelques uns des cinéaste locaux et certains films comme ceux de la série Zatôichi. Okamoto vient également, par ailleurs, de tourner, toujours pour la Toho, une remarquable comédie, Satsujin kyo jidai avec Tatsuya Nakadai. Enfin, celui-ci tient, la même année, l'un des rôles importants dans le Oggi a me... domani a te! de Tonino Cervi. Voilà qui peut élucider la tonalité particulière d'un film au demeurant très attachant.
Mars 1833, province de Joshu. Un homme affamé arrive dans un village partiellement dévasté par une révolte de paysans soutenue par les yakuzas du parrain Masagoro et par la sanglante répression qui l'a suivi. Il va rapidement y croiser un yakuza vagabond et un samouraï comploteur. Le premier, un paysan nommé Tabata Hanjiro, cherche à devenir un samouraï. Le second, (Hyodo Ya)Genta, est un ancien samouraï désabusé par une tragique affaire s'étant produite deux ans auparavant. Le dernier, Oikawa Tetsutaro, a projeté et met en œuvre, avec six de ses semblables, l'assassinat du chambellan du fief, Mizoguchi Sachu. Le groupe de conjurés se réfugie, une fois leur opération menée à bien, dans une forteresse au sommet d'une colline. Hanjiro rejoint les troupes de l'intendant Ayuzawa Kinzaburo chargées de les pourchasser et Genta... donne le change avec une certaine efficacité.
Concoctée par Shugoro Yamamoto, l'auteur des Tsubaki Sanjûrô, Akahige et Dô desu ka den de Kurosawa ou du très beau Ame agaru de Takashi Koizumi, l'histoire de Kiru, volontairement alambiquée, foisonnante et formidablement excentrique, est réjouissante. A partir d'une sombre et banale intrigue de politique locale, le film, à travers le sort croisé de trois personnages, un repenti, un apprenti et un samouraï en titre tenté par la rébellion, se fait la critique du statut de ce guerrier de la société féodale et du système dont il est l'instrument docile et parfois décérébré. Il revendique sans ambages, par son humour, son ironie et ses excès, la caricature. Les deux acteurs principaux, Tatsuya Nakadai et Etsushi Takahashi réunis pour la première fois, y contribuent largement. Une œuvre résolument exubérante et brillante.

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