"Les fenêtres de l'âme."
Michael Apted,
surtout connu pour son travail télévisuel, est essentiellement un
exécutant docile. Lorsqu'il ne tourne pas de documentaires, le président
de la Directors Guild Ass. se met habituellement au service d'un scénario. Adaptation de roman (efficace Gorky Park) ou de biographies (Coal Miner's Daughter, Stardust, Gorillas in the Mist), participation à une franchise (The World Is Not Enough) ou mise en scène de scripts originaux (Class Action). Blink
appartient à cette dernière catégorie ; le film marque, d'ailleurs, les
débuts au cinéma de l'ancienne étudiante en art dramatique Dana Stevens*, annoncée comme collaboratrice de James Cameron pour un projet (encore) sous-marin. Blink, dans la mouvance des Wait Until Dark et de Jennifer Eight (plus que de The Eye !), est un polar artificiel et un peu convenu davantage qu'un authentique thriller. Apted n'est pas, malgré ses origines, Sir Alfred.
Aveugle depuis l'âge de huit ans à la suite d'un malheureux accident familial, Emma Brody est la violoniste d'un groupe folk irlandais de Chicago, The Drovers. Elle vit seule avec son chien et s'est accommodée de son infirmité. Le docteur Ryan Pierce, qui la suit depuis plusieurs années, lui annonce avoir trouvé un donneur compatible pour une greffe de la cornée. Emma,
même si elle craint de retrouver brutalement la vue après si longtemps,
accepte l'opération. Celle-ci réussit mais les images que voit la jeune
femme sont floues ou déformées, situation normale dans cette phase
d'accoutumance d'après le médecin. Cependant, Emma s'aperçoit rapidement, à l'occasion d'une visite de son amie Candice,
qu'elle visualise a posteriori des événements intervenus au cours des
vingt-quatre ou quarante-huit heures précédentes. Une nuit, six semaines
après l'intervention chirurgicale, Emma, sous l'emprise de
l'alcool, entend des bruit suspects à l'étage supérieur puis des pas
dans l'escalier. Elle y voit vaguement la silhouette d'un homme qu'elle
prend pour le gardien. L'individu, en murmurant, ne la contredit pas.
Mais, le lendemain, Emma est sujette à un de ses flash-back,
image distincte d'un homme menaçant devant sa porte. Elle se rend alors à
la police où elle n'est pas prise au sérieux par l'inspecteur John Hallstrom qui l'a pourtant remarqué avec convoitise au cours d'un concert. Valérie, la voisine d'Emma, est bientôt retrouvée morte dans sa baignoire, victime d'un rituel macabre.
Classique dans sa narration, sérieux dans sa réalisation, Blink ne tente d'être original que par un truc scénaristique. A partir d'un pitch similaire, The Eye innovait vraiment en choisissant délibérément l'incursion dans le fantastique. L'histoire de Dana Stevens
ne s'y risque pas, quitte à en devenir invraisemblable. En effet, les
fameux flash-back du personnage principal ne correspondent à aucun
réalité formelle mais seulement figurée. Et lorsqu'Emma est
prétendument poursuivie dans le métro, à quel événement passé cela
fait-il allusion ? Il faut alors en conclure qu'il s'agit bien de
fantasmes à défaut de fantastique, le scénario et son auteur étant donc
renvoyés à leurs propres contradictions. Le film se perd également dans
les méandres un peu ridicules de la romance entre le flic et son "témoin
oculaire". Il permet, néanmoins et surtout, de mettre en valeur les
multiples qualités "artistiques" de Madeleine Stowe dans un nouveau chassé-croisé avec son partenaire de Stakeout.
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*qui faisait une apparition, en tant qu'actrice, dans Nell du même réalisateur.
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