mercredi 28 septembre 2005

Cream: Royal Albert Hall London


"I'll be with you when the stars start falling." (in "Sunshine Of Your Love")

Cream

Fort heureusement, ils n'ont pas attendu ce moment pour se réunir à nouveau. Mais reprenons la légende depuis le début. Cela se passe dans un royaume enchanté, celui de sa gracieuse majesté Elizabeth Alexandra Mary dite Elisabeth II. Nous sommes en 1966. Un jeune homme de 21 ans, né dans la banlieue de Londres d'un père soldat canadien, vient de quitter successivement des Yardbirds qui viraient trop commercial à son goût et les Bluesbreakers d'un certain John Mayall dont le nom apparaissait en plus gros que le sien sur la pochette de leur premier et unique disque en commun. Ce surdoué de la guitare a brièvement croisé, au sein de ce dernier groupe, un Ecossais appelé Jack Bruce, bassiste et chanteur de son état, par ailleurs membre d'une obscure formation de rythm&blues appelée le Graham Bond Organisation dont le batteur n'est autre que Ginger Baker.
Cream est né (sous un bon signe ?), réunion de trois stars dont les médias de l'époque souligneront, à tort ou à raison, davantage les antagonismes que les complémentarités. Eric Clapton est, naturellement, le plus connu des trois. C'est lui qui est l'objet de toutes les attentions, mais Jack Bruce est une pièce maîtresse du dispositif, façonnant, pas seulement par sa voix, le son du groupe, influencé par le jazz, et composant, seul ou avec l'auteur Pete Brown, la majeure partie du matériel artistique de Cream. Rapidement, un an avant le "Are You Experienced?" d'Hendrix, un remarquable premier album, "Fresh Cream", est enregistré.
L'année suivante, sort l'excellent "Disraeli Gears". Extrait de ce dernier, "Sunshine of Your Love", avec son inoubliable riff de hard rock, entre dans les charts US. Suivent un double album (studio et live), "Wheels Of Fire", et, en janvier 1969, un disque posthume, "Goodbye", dans lequel figure "Badge", une composition du duo Clapton-Harrison mais d'où émerge tout le talent de Jack Bruce. Le groupe s'est, en effet, séparé en novembre 1968.
Cream, au delà de l'osmose qui existait entre ses membres et de leurs incontestables qualités respectives, était le résultat d'une véritable alchimie comme il ne s'en produit qu'exceptionnellement en musique. Contrairement à l'Experience hendrixien, et malgré la notoriété de Clapton, le poids des trois instrumentistes était sensiblement équivalent, ce qui explique probablement l'influence durable qu'a laissé le groupe, son importance dans l'histoire du rock mais aussi sa disparition précoce. Un bref et partiel prolongement sera apporté avec Blind Faith dans lequel, outre Clapton et Baker, on trouvera l'ex-musicien de Traffic, Steve Winwood.

Royal Albert Hall

Ils l'ont fait ! Cela faisait trente ans qu'on les tannait pour qu'ils se remettent en ménage et nous fasse monter, à nouveau, le Cream dont ils ont la recette. Et, vous le croirez ou non, elle est rudement fraîche cette crème là (à dire ave l'accent !). Des quatre dates* dans la célèbre (The Man Who Knew Too Much, Led Zeppelin, Concert for George...) et prestigieuse salle de concert de South Kensington, au centre de Londres, une compilation des meilleurs moments a été composée (on aurait préféré une édition cinq DVD de l'intégral !) débutant avec le "I'm So Glad" de Skip James qui figurait dans leur premier album, le plus représenté au cours du set (sept titres sur dix-neuf).
Parmi les moments saillants d'un concert sans faille, "Pressed Rat & Warthog" chanté par Baker, "Rollin' & Tumblin'" avec Bruce à l'harmonica (instrument repris sur "Sitting On Top of the World") et Clapton au bottle neck, le long solo de batterie sur "Toad" et les classiques mais formidables "Stormy Monday" et "Sunshine Of Your Love" qui clôt le concert.
Si l'on se laissait aller, on ferait un commentaire sur chacun des morceaux. Nos pères ou grands-pères, selon le cas, sont étonnamment verts. Clapton bien sûr, à propos duquel nous avons régulièrement des témoignages, mais aussi ses deux aînés, moins médiatiques, chez lesquels on note, cependant, la nécessité d'allonger légèrement les pauses entre les titres.
C'est une évidence mais l'interprétation, tout en étant fidèle à l'esprit d'origine, est néanmoins assez différente de ce qu'elle était dans les années 1960 et cette "relecture" constitue une partie non négligeable de l'intérêt de cette prestation. Moins de percussion et d'énergie, certes, mais une profondeur, une rigueur et une mise en place qui faisaient souvent défaut il y a trois décennies. Dans ce chapitre, on peut souligner l'abandon régulier, entre les mains de Bruce, de la classique Gibson au profit d'une Warwick fretless.
La mise en images, non dénuée de partis pris contestables (zooming, recherche fréquente du point, split screen...), est plutôt intéressante et, dans l'ensemble, réussie.
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*2, 3, 5 et 6 mai 2005, le mercredi, c'est bien connu, les enfants n'ont pas classe... sceptiques ? Voyez donc Jack Bruce dans l'alternative take de "Sleepy Time Time" et regardez Ginger Baker à la fin des interviews.

Les titres :

1. I'm So Glad
2. Spoonful
3. Outside Woman Blues
4. Pressed Rat & Warthog
5. Sleepy Time Time (3 mai)
6. N.S.U.
7. Badge
8. Politician
9. Sweet Wine
10. Rollin' & Tumblin'
11. Stormy Monday
12. Deserted Cities of the Heart
13. Born Under A Bad Sign

14. We're Going Wrong (6 mai)
15. Crossroads
16. Sitting On Top of the World
17. White Room
18. Toad solo de batterie
19. Sunshine Of Your Love (3 mai)

Bonus Tracks :
Sleepy Time Time (6 mai)
We're Going Wrong (3 mai)
Sunshine Of Your Love (6 mai)

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