"On est des super héros, il ne peut rien nous arriver."
Avec ce sixième opus, les studios Pixar
succombent à la mode actuelle des super-héros et utilisent pour la
première fois des personnages humains. Et c'est tant mieux, car c'est,
paradoxalement, une manière pour eux de sortir des conventions du cinéma
d'animation américain. La meilleure preuve est que The Incredibles a reçu, dans son pays d'origine, une classification légèrement restrictive (PG i.e. présence d'éléments pouvant être inadaptés aux enfants). C'est également un nouveau venu dans la galaxie Pixar, Brad Bird, qui a collaboré à la série The Simpsons et réalisé The Iron Giant, qui est aux commandes du projet. Le film rompt résolument avec une certaine "recette" Pixar qui commençait à devenir visible à travers leurs récentes productions. Finding Nemo reprenait la structure narrative de Toy Story 2 et des effets comiques de Toy Story était régulièrement réintroduits dans ses successeurs. The Incredibles
est nettement moins consensuel. S'il pourra dérouter les plus jeunes de
ses spectateurs, il fera la joie des autres, notamment ceux parmi les
parents qui sont restés de grands enfants.
Bob Parr était jadis, sous le nom du puissant Mr Indestructible,
l'un des plus grands supers-héros de la planète. Contraints, à la suite
de multiples procès intentés quinze ans plus tôt, de raccrocher leur
super-costume, lui et sa femme Hélène, l'ex-Elastigirl, vivent à présent une existence presque normale avec leurs trois enfants, Violette, Flèche et Jack-Jack, eux aussi dotés de supers pouvoirs. Bob Parr
est devenu un pâle employé d'assurance, ne rêvant que de repasser à
l'action et s'entraînant avec ardeur dans cette perspective. L'occasion
lui est donnée de renfiler (avec difficulté) sa célèbre
combinaison rouge lorsqu'un mystérieux rendez-vous lui est donné sur une
île lointaine pour une mission secrète. Il ne sait pas encore qu'il
vient de tomber dans un piège tendu à sa famille et à lui par le
super-vilain Syndrome.
Remarquable sur le plan technique, novateur, drôle et savoureux, The Incredibles
ne laisse pas indifférent. On est d'emblée séduit par la singulière
ambiance, à la fois futuriste et nostalgique des années 1960, impression
renforcée par la bande originale influencée par le jazz des films
d'action de ces années. Si, dans la seconde partie du métrage, le film
tourne assez vite à l'épopée fantastique, il ne manque jamais de laisser
transparaître sa dimension de comédie dramatique et d'aventure avant
tout humaine et familiale qui en fait tout l'intérêt. Car le vrai défi
de Mr Indestructible n'est pas tant de vaincre le symbole du mal qu'est Syndrome, mais de réussir à être un bon père et un exemple pour ses enfants. C'était déjà, malgré lui, le cas pour la maladroit Marin vis-à-vis de l'intrépide Nemo.
L'originalité, ici, est d'y parvenir lorsque l'on est une famille de
super-héros. Signalons que le film fait un malicieux clin d'œil à Edith
Head, la responsable des costumes la plus célèbre d'Hollywood, à
travers le personnage d'Edna 'E' Mode. Incontestablement, The Incredibles
nivelle le film d'animation étasunien par le haut. Il ne lui reste
plus qu'à convaincre un peu plus de neuf millions de spectateurs
français.
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