"Visage d'homme, cœur de bête."
1973 est une période faste pour Chang Cheh
puisque pas moins de six de ses films sortent cette année. Peut-être au
détriment de la qualité. Quelques uns de ses meilleures œuvres ont
déjà été tournées, tels San duk bei do et Ma yong zhen. Si, comme dans Bian cheng san xia, Chi ma
met en vedette un trio d'acteurs, c'est au service d'une histoire
d'amour et d'ambition moins équivoque que la relation virilement amicale
de celui-là. Mais sans parvenir à être beaucoup plus convaincant.
Sous la dynastie Qing, le mandarin Ma Xin-yi (Lung Ti) vient d'être assassiné par Zhang Wen-xiang (David Chiang), un de ses proches. Arrêté, ce dernier passe en jugement et accepte spontanément de rédiger des aveux, témoignage qui accuse le défunt. Zhang et son frère Huang Zong (Kuan Tai Chen) ont rencontré Ma
sur une route où ils se livraient au banditisme de grand chemin. Après
avoir combattu avec leur victime potentielle sans parvenir à l'emporter,
ils adhèrent à son idée de former une bande en recrutant des voleurs
qui oeuvrent dans les montagnes. Ma poursuit le rêve de passer un examen pour devenir fonctionnaire. Pendant qu'il forme ses hommes au combat et sauve Zhang et Huang d'un dangereux traquenard, Mi-lan (Li Ching),
l'épouse de ce dernier, en tombe amoureuse. Devenu mandarin, il fait
appel à son ancienne équipe pour renforcer son armée, mais il écarte Mi-lan
en l'installant à Nanquin. Nommé, grâce à ses brillants succès
militaires contre les Taiping, gouverneur de deux régions, il devient
l'amant de Mi-lan. Zhang ne tarde pas à découvrir cette idylle adultère.
Chi ma
aurait pu être, comme l'introduction le laisse à penser, une épopée
historique et une tragédie romantique. Mais ce qui intéresse Chang Cheh,
c'est la relation d'intimité entre trois personnages, trois caractères
réunis par choix collectifs et divisés par intérêts particuliers. Si la
première partie du métrage est à la hauteur de l'ambition du réalisateur
et des attentes de son public, le film se délite assez vite et perd
progressivement de sa charge passionnelle. Les acteurs, très bons pour
la plupart, ne peuvent le sauver de ses longueurs, de ses incohérences
narratives et de la théâtralité excessive de ses scènes de combat,
notamment les mises à mort, presque burlesques, au ralenti. La
chorégraphie des combat est confiée à Tang Chia, déjà présent sur Sap saam taai bo et Sui woo juen. Mais Chi ma ne parvient pas à les égaler qualitativement. D'ailleurs, le Ying chun ge zhi Fengbo de son "rival" King Hu, sorti la même année, lui est, à mon sens, bien supérieur.
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