vendredi 12 novembre 2004

Il Mulino delle donne di pietra (le moulin des supplices)


"Etat typique de compression mentale."

Le premier des deux films d'horreur du réalisateur italien Giorgio Ferroni est prétendument inspiré d'une courte histoire d'un auteur flamand inconnu, Pieter van Weigen. Sorti la même année que le mythique La Maschera del demonio de Mario Bava, Il Mulino delle donne di pietra se situe à mi chemin entre l'école italienne du genre et les productions gothiques de la Hammer. La filiation est notamment assez nette avec le House of Wax (1953) d'André De Toth avec l'inévitable Vincent Price.
Le jeune étudiant Hans von Arnam (Pierre Brice) rend visite au professeur des Beaux-Arts Gregorius Wahl (Robert Boehme) dans son moulin-musée de Veeze (Pays Bas). Il doit réunir de la documentation sur le carillon dont Wahl est le conservateur pour les besoins d'une publication. Au cours de sa visite, il aperçoit une très belle jeune femme dont la présence furtive l'intrigue. Il en parle le soir à son ami Ralph et apprend qu'il s'agit certainement d'Elfi (Scilla Gabel), la fille du professeur, qui vit recluse au moulin. En arrivant dans son bureau dans la maison de Wahl, il est bientôt rejoint par Elfi qui, sous prétexte de vouloir lui parler, lui donne un rendez-vous nocturne dans sa chambre. Leur conversation sera, en réalité, courte et surtout active. Le lendemain Hans, son amie Liselotte Carnin (Dany Carrel) et Ralph ont l'occasion de voir le carillon en mouvement. Ses personnages de pierre sont des évocations de meurtrières historiques. Elfi se rend compte de la tendre amitié qui unit Liselotte et Hans. Elle convoque Hans pour un autre rendez-vous nocturne. Wahl apprend à Hans que sa fille souffre, comme sa mère décédée, d'un mal mystérieux qui nécessite la présence permanente du docteur Bolem (Wolfgang Preiss). Il faut en particulier lui éviter tout choc émotionnel. Lorsque, un peu plus tard, Hans avoue à Elfi qu'il ne l'aime pas, la jeune femme défaille et meurt. Cet événement dramatique n'est que le début du cauchemar d'Hans qui découvrira bientôt le terrible secret caché par Wahl et Bolem et dont le moulin sert d'instrument décoratif à un incroyable recyclage.
Plus connu pour ses péplums et parce qu'il est l'auteur de l'un des tout premiers westerns italiens, Ferroni n'est pas un spécialiste du film d'horreur. Et Il Mulino delle donne di pietra, malgré sa notoriété auprès des amateurs du genre, est plus faible que son second, La Notte dei diavoli, tourné douze ans plus tard. Si choisir un moulin comme cadre à son récit est d'une originalité patente, l'impression laissée par le film est nettement moins épatante. D'abord le lieu lui-même est peu propice à déclencher spontanément l'effroi (en tout cas nettement moins qu'un classique château médiéval). Ensuite, le scénario est inutilement alambiqué, notamment cette partie très artificielle (c'est le cas de le dire), mi réelle mi rêvée (ou l'inverse) du milieu du film. Enfin, les acteurs en font des tonnes, en particulier le brestois Pierre Brice, le héros de la série allemande Winnetou, et Robert Boehme, dont c'est (presque) la seule expérience cinématographique. Signalons, pour finir, la présence de la sculpturale Scilla Gabel déjà aperçue chez Maurice Labro et que l'on retrouvera dans une comédie aux côtés de Totò et de Walter Pidgeon et celle de Dany Carrel fraîchement sortie de chez Jean-Pierre Mocky.



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