"Nous allons devenir des frites (french fries) ! Des frites humaines."
Wes Craven est surtout connu par le grand public pour A Nightmare On Elm Street et Scream, tous deux "Grand prix" du Festival du film fantastique d'Avoriaz et de son successeur de Gérardmer. Voir The Hills Have Eyes, qui vient après ce spécimen du film gore devenu un classique qu'est Last House on the Left, son premier film, et de The Texas Chainsaw Massacre de Tobe Hooper, permet de comprendre les origines de sa fascination pour l'horreur et la mort. Le film s'inscrit dans la tradition thématique du tueur psychopathe, codifiée en Italie par les maîtres du giallo que sont les Bava, Romero ou Argento. Tourné avec des moyens excessivement modestes, The Hills Have Eyes, s'il n'a pas l'élégance de ses homologues européens, démontre que son auteur a commencé à trouver les moyens cinématographiques adéquats pour exprimer ses peurs et ses fantasmes.
Bob Carter (Russ Grieve)
vient de prendre sa retraite d'officier de police de Cleveland. Il se
rend en voiture et caravane en Californie accompagné de toute sa
famille, son épouse Ethel, son fils Bobby (Robert Houston), ses deux filles Lynne (Dee Wallace-Stone) et Brenda, son gendre Doug, sa petite-fille Catherine et ses deux bergers allemands Beauty et The Beast. En route, dans ce qui semble être le désertique Nevada, Bob a l'idée d'aller voir une vieille mine d'argent léguée par une tante d'Ethel.
Après s'être arrêté dans une station essence en fin de vie, et malgré
les avertissements du vieux pompiste, lui-même sur le départ, il quitte
la grande route et s'engage sur une piste non goudronnée, absente des
cartes routières. La zone est un champs de tir nucléaire et des
chasseurs de l'US Air Force y passent à basse altitude. Leur bruit fait
perdre à Bob le contrôle de son attelage qui percute brutalement un arbuste. La voiture est inutilisable. La mésaventure de la famille Carter est épiée par une présence dans la colline. Bob et son gendre vont chercher de l'aide chacun dans une direction différente. Pendant leur absence, Beauty s'échappe dans les collines toutes proches. Bobby, parti à sa recherche, la retrouvera étripée. La nuit tombe. Le cauchemar ne fait que commencer.
"Familles, je vous hais."
Librement inspiré d'une source réelle, celle des Sawney Bean, une
famille écossaise restée à l'état sauvage, vivant dans des grottes et
qui dévorait des voyageurs au XVIe siècle, The Hills Have Eyes
peut être vu, plus que comme une classique réflexion sur les
conséquences d'une excursion hors de la civilisation avec perte des
repères, comme une métaphore parodique du conflit de classes sociales.
Et, plus généralement, une féroce critique de l'indigence du cercle
familial. Le plus étrange, en dehors de la musique à connotation
expérimentale, c'est de voir l'instinct de survie de la famille Carter
les faire sombrer progressivement dans une brutalité et une sauvagerie
qui n'a rien à envier à ses antagonistes. Si le film dispose visiblement
de ressources anémiques et s'il n'évite pas les maladresses, tant sur
le plan narratif que sur celui de la réalisation, il réussit néanmoins à
installer une atmosphère singulière, d'abord oppressante par la seule
suggestion d'une présence menaçante, puis, une fois celle-ci révélée,
par les quatre attaques successives dont les Carter sont les victimes. De la distribution, assez peu académique, le naturellement inquiétant Michael Berryman, dans le rôle de Pluton, est le plus convaincant... avec les deux bergers allemands. Enfin, The Hills Have Eyes a fait l'objet d'une suite, sortie en 1985, utilisant, en partie, des prises inutilisées du premier film.
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