"Make the long shot."
Parmi
les films dits catastrophes, les plus intéressants sont
vraisemblablement ceux qui reposent sur un phénomène naturel. De
l'éruption volcanique, mise en images dès 1902 par Méliès (Éruption volcanique à la Martinique) aux tornades en passant par les tremblements de terre, le choix est, hélas, vaste et ont inspiré plus d'une centaine de films. W.S. Van Dyke utilise le tristement célèbre séisme de 1906 comme toile de fond de son drame romantique San Francisco (1936). Le tant redouté "Big One" devient le sujet principal dans Earthquake de Mark Robson en 1974... et une attraction particulièrement prisée du parc Universal d'Orlando. C'est ce même hypothétique séisme majeur qui est mis en scène dans 10.5 par John Lafia, le réalisateur de l'horrifique Child's Play 2. Mini-série en deux parties, ce téléfilm a été diffusé cette année par NBC et le sera dans quelques jours sur M6.
Une très forte (7,9 sur l'échelle ouverte de Richter) secousse sismique détruit une partie de Seattle. Une deuxième secousse, prise pour une réplique bien que plus forte (8,4), fait disparaître un train au fond d'une faille dans la région de Redding. Le docteur Samantha Hill (Kim Delaney) est recrutée dans l'équipe de scientifiques réunie par Roy Nolan (Fred Ward), chargé par le Président des Etats-Unis Paul Hollister (Beau Bridges)
de gérer la situation de crise. Elle est convaincue qu'il ne s'agit pas
de tremblements de terre isolés mais des premiers d'une série qui
pourrait dévaster une bonne partie de la Californie. Elle essaie, en
vain, de persuader Nolan d'obtenir l'accord de faire évacuer
San Francisco, probable prochaine ville touchée par le phénomène.
Lorsque son pronostic est dramatiquement confirmé, elle obtient du
Président, contre l'avis du Pentagone, la mise en place de mesures
préventives utilisant l'explosion de six ogives nucléaires enfouies en
grande profondeur et placées dans des sites précis. L'opération se
déroule concomitamment au regroupement d'une grande partie de la
population dans des zones de refuge.
Avouons-le,
à la lecture du sujet et du nom du réalisateur, nous pouvions
légitimement avoir quelques craintes sur la qualité de ce téléfilm.
Appréhension infondée car si 10.5
n'est pas le film catastrophe de la décennie, il faut lui reconnaître
quelques qualités. D'abord un scénario et une réalisation plutôt
efficaces, laissant peu de place aux temps morts et une interprétation
dans l'ensemble assez satisfaisante. Bien sûr, comme souvent dans le
genre, la vision est stéréotypée et idéaliste, pleine de bons
sentiments, avec un portrait de Président des Etats-Unis comme le pays
n'en connaîtra certainement jamais, droit dans ses bottes, clair dans sa
tête et, surtout, humain et sensible. La crédibilité des événements et
des théories avancées est plus que sujet à caution et les situations
sont parfois un peu risibles (en vrac, la course poursuite entre la
tour Space Needle effondrée et un cycliste, une faille qui suit à la
perfection le tracé d'une voie de chemin de fer et s'arrête brusquement
une fois le train "engloutit", une population qui vaque à ses
occupations alors qu'on vient de lui annoncer la fin du monde, un
conseiller spécial du Président assurant trivialement le poste de
contremaître d'opérations d'enfouissement de charges nucléaires). Mais le constat majeur au visionnage de 10.5, c'est l'influence manifeste de la série 24. John Lafia
lui emprunte sa frénésie des images, avec usage immodéré du zoom, la
relation partielle par les actualités télévisées, le split-screen, la
narration parallèle d'événements qui touchent plusieurs groupes de
personnages... Quant à la scène de sacrifice pré-finale, elle fait
inévitablement penser à celle d'Armageddon... matinée d'un je-ne-sais-quoi de celle de Dr. Strangelove !
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