"If the day ever dawned when I ruled the world" (in "If I ruled the world"*)
Ray Ferrier, un passionné de mécanique, est un des meilleurs grutiers de containers des docks d'une petite ville du New Jersey. Divorcé, Ray doit héberger pour quelques jours ses enfants, Robbie et Rachel, pendant que son ex-femme Mary-Ann rend visite, avec son nouveau mari dont elle est enceinte, à sa famille à Boston. Robbie ne s'entend pas bien avec son père qu'il considère comme un égoïste incapable de s'intéresser aux autres. Mais l'atmosphère n'a pas le temps de s'envenimer davantage. Un étrange et très puissant orage électrique se déclenche. Le courant et les communications sont bientôt coupés et les véhicules tombent tous mystérieusement en panne. Alors qu'il cherche sa Mustang empruntée sans son autorisation par Robbie, Ray assiste en ville à un phénomène d'abord surprenant puis totalement terrifiant. Le sol se fend comme pendant un séisme et libère finalement un engin monstrueux et mortel juché sur trois pieds. Pour survivre encore un peu, il faut fuir et se cacher.
Qu'ils étaient sympathiques ces Invaders
de notre enfance comparés à ces intrus là ! Pas question de les
approcher et il ne viendrait à personne l'idée d'essayer de leur parler.
Comme le clame le personnage appelé Ogilvy : "ce n'est pas une invasion, c'est une extermination." Brutale, radicale, mécanique. Ca ne rigole pas chez les extra-terrestres de la dernière génération spielbergienne.
Un peu comme chez les criminels de guerres ethniques. Le paradoxe
savamment géré par le film est justement de donner à cette guerre des
caractéristiques à la fois fantastiques et humaines. C'est en ce sens
notamment, mais également par l'absence de toute prétention patriotique
ou héroïque, qu'il est infiniment plus intéressant qu'Independence Day. Moins manichéenne que la version de 1953 (l'homme n'est pas toujours montré sous son meilleur jour), celle-ci place aussi au cœur du récit un personnage ordinaire et non un scientifique élitiste.
Comme
dans la plupart des films du réalisateur, l'intrigue principale se
superpose aux tensions qui minent une famille recomposée, c'est à dire
dans un contexte où la preuve de l'attachement ou de l'amour reste
toujours à apporter. Ajouté à une photographie soignée, parfois
stylisée, mais réaliste, à un rythme qui ménage assez peu de répit et à
une bande son ahurissante, War of the Worlds frappe davantage les esprits et les corps que bon nombre de films du genre. Survival movie
au premier degré, il apporte aussi matière à réfléchir sur l'être et
les rapports humains. Certains regretteront le manque de vraisemblance
de certaines situations et, surtout, la concession d'un double (triple ?) happy ending. Rien que la modeste rançon d'un film réussi destiné à un (très) grand public.
___*chanson dont un extrait est interprété par Tony Bennett au début de la scène du ferry.
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