"Coïncidence de mes deux."
Second film du mexicain Hugo Rodríguez, le premier distribué en France, Nicotina
est un modèle moderne de comédie dramatique latine. Le réalisateur et
son scénariste ont, en effet, construit leur histoire, malicieuse et
perverse à la fois, à partir de récits parallèles destinés à s'imbriquer
à un moment ou à un autre. Les références, nombreuses et évidentes,
n'empêchent pas le film d'être original et prenant. Produit par les
créateurs d'Amores perros, bien servi par sa distribution, Nicotina
a rencontré un beau succès dans son pays, remportant de nombreuses
récompenses. Le public français ne s'est, en revanche, pas déplacé en
masse pour le voir en salles. Un effet collatéral de notre loi
anti-tabac de 1991 ?
Lolo, un petit génie de l'informatique amoureux-voyeur d'Andrea, sa voisine violoncelliste, est chargé par Nene et Tomson de récupérer des codes de comptes d'une banque suisse. Ils doivent remettre, contre paiement, le CD contenant les données à Svoboda, un mafieux russe. Mais au moment de la transaction, il apparaît que le disque n'est pas le bon et une fusillade s'engage. Svoboda, mortellement blessé, atterrit chez Goyo et Carmen, un couple de modestes coiffeurs qui comprennent, par une conversation téléphonique, qu'il a sur lui vingt diamants. Nene, également touché par balle, se fait soigner par Clara, une pharmacienne en délicatesse avec Beto
son mari. Destins croisés nocturnes qui tournent en imbroglio criminel
dévastateur, dans lequel la cigarette joue un rôle déterminant. La règle
du jeu : qui sera le dernier à s'en griller une sans déclencher un
nouveau désastre ?
Avec son scénario en temps réel, son montage alterné et ses split screens, serions-nous dans un épisode de 24 ? Les influences de Nicotina sont, en réalité, plutôt à chercher du côté de Tarantino ou des frères Coen, voire de After Hours de Scorsese. Sang, humour et calibres fumants (pas seulement les cigarettes !) sont de sortie dans cette histoire d'opportunistes, somme toute très simple, proche de celle de Snatch, mais étonnamment bien mise en scène. Des dialogues résolument (volontairement ?) banals et une recherche visuelle à la limite de la stylisation, avec notamment un "clin d'œil" explicite à la série The Six Million Dollar Man,
pourront faire l'objet de critiques, mais ne constituent pas de réelles
faiblesses. D'autant que le casting et la direction d'acteurs sont à la
hauteur. Diego Luna, que nous avions apprécié dans ses précédents films, en particulier dans Y tu mamá también d'Alfonso Cuarón, est convaincant mais ce sont la qualité d'interprétation des seconds rôles Rosa María Bianchi, déjà vue dans Amores perros, et Rafael Inclán qui méritent d'être soulignée.
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