"Qu'est-ce qui transforme les gens ?"
Deuxième film de fiction du réalisateur et metteur en scène de théâtre, méconnu en France, Robby Henson, The Badge
est un petit polar pas déplaisant, un peu apathique, reposant
essentiellement sur la notoriété de son couple d'acteurs principaux.
Comme aux Etats-Unis, le film n'a pas fait, chez nous, l'objet d'une
exploitation en salles, pâtissant probablement de sa proximité et
comparaison avec Monster's Ball. Présenté au New Orleans Film Festival
et diffusé sur le câble dans son pays d'origine, il a rejoint cette
catégorie de productions, en développement, destinée à alimenter le
marché de la vidéo.
A
LeSalle Parish, une petite ville de Louisiane, un transsexuel, à
l'origine de la sortie de route nocturne d'un camion, est retrouvé
assassiné par balle. Bien qu'il s'agisse d'un homicide, c'est le
nonchalant shérif Darl Hardwick qui se voit chargé par le juge
du comté de l'enquête. Ou, plus exactement, de classer l'affaire
rapidement, compte tenu des conséquences néfastes qu'elle pourrait avoir
sur la ville et la prochaine ouverture d'un casino. Mais les premières
recherches de Darl le conduisent à penser que ce meurtre
pourrait impliquer des personnalités locales de premier plan. En
particulier le probable futur gouverneur, dont l'un des défauts est
également d'être trop proche de l'ex-épouse du shérif. L'obstination de
celui-ci à essayer de faire la lumière sur le meurtre, aiguillonnée par
celle de Scarlet, jeune strip-teaseuse et conjointe de la
victime, lui vaudra sa destitution sur une accusation fallacieuse de
détournement de mineure. Cela n'entamera pourtant pas sa résolution,
bien au contraire.
Le sud profond, un meurtre, des préjugés (ici, l'homophobie), cela ne vous rappelle rien ? In the Heat of the Night est, en effet, une des influences du scénariste et réalisateur. The Badge
n'a, bien sûr, pas la puissance narrative et qualité cinématographique
de son modèle. Malgré le choix d'un décor singulier, celui, contrasté,
de la moderniste et ritualiste Louisiane, le film a du mal à installer
une ambiance et, surtout, à créer une réelle tension dramatique. Les
relations du personnage central avec son père Bull, ancien shérif démis, et avec son frère homosexuel David,
plus que de l'enrichir, ont notamment tendance à édulcorer l'intrigue.
Les tentatives de stylisation visuelle participent également à ce
phénomène, alors qu'un traitement naturaliste, rudimentaire, brut de
décoffrage aurait certainement mieux servi l'histoire. Fort
heureusement, Billy Bob Thornton
réussit à donner un peu d'épaisseur et de chaleur à son personnage,
susceptible de créer un semblant d'empathie chez le public. Et Patricia Arquette, qu'il avait croisée auparavant dans Trouble Bound de Jeffrey Reiner avec Michael Madsen, apporte la touche de charme féminin indispensable au montage d'un tel projet. Notons enfin la présence de William Devane, l'ignoble Gregory Sumner de la série Knots Landing.
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