"J'ai l'impression d'arracher les ailes d'un papillon."
Captivant documentaire-fiction diffusé l'année dernière sur la BBC puis, il y a quelques jours, sur France 3, Space Odyssey: Voyage to the Planets
réunit tout ce que l'on apprécie dans le genre. Un matériau de base
solide, validé scientifiquement par l'Agence Spatiale Européenne, une
histoire prenante, distillant presque adroitement son lot de tension
dramatique et une réalisation efficace. Produit par Tim Haines auquel on devait déjà Walking with Dinosaurs,
premier volet d'une série consacrée aux animaux préhistoriques, le film
nous projette, cette fois, dans un futur proche et réaliste puisqu'il
semble que nous possédions d'ores et déjà les connaissances et la
technologie qui y sont exploitées.
Dans un temps situé autour 2050, le vaisseau Pégase est envoyé dans l'espace par l'ASE et la NASA pour un formidable périple dans le système solaire. Pendant six ans (2241 jours précisément),
cinq astronautes parcourent treize milliards de kilomètres et vont à la
découverte des beautés et des dangers que recèlent les planètes qui
nous entourent. Ils foulent le sol de Vénus, de Mars et de Io, un
satellite de Jupiter, pour s'aventurer ensuite dans les anneaux de
Saturne et à l'extrémité de notre système, sur Pluton. Le chemin du
retour croise alors la trajectoire de la comète Yano-Moore, un caillou
de soixante kilomètres de long.
Près de trente siècles après Homère,
force est de constater que le goût de l'homme pour l'épopée n'a
toujours pas perdu de sa vivacité. Nous louons toujours les exploits des
grands navigateurs mais, plus encore, notre regard est naturellement
dirigé vers le ciel et l'espace infini. Depuis la fin de la "conquête"
de la Lune, les voyages habités se sont tous arrêtés aux limites de
notre orbite. Ce sont les sondes et les robots qui se sont substitués
aux spationautes. Mais un projet scientifique comme celui décrit dans Space Odyssey: Voyage to the Planets
ne manquerait probablement pas, contrairement au politique, de
déchaîner les passions et de réunir les peuples. Le film illustre avec
talent les différents aspects, techniques et humains, d'un tel
programme. On peut juste regretter l'alternance trop systématique, voire
répétitive, entre l'enthousiasme et les joies de la découverte avec les
dangers qu'elle recèle. Les aspects pédagogiques sont néanmoins
nombreux et riches et apportent une réelle valeur ajoutée. La
réalisation est la hauteur des ambitions didactiques, reposant de
manière significative sur les ressources de l'image de synthèse et des
effets spéciaux pour donner une dimension spectaculaire mais sobre au
film. L'influence de la série 24 est assez évidente sur la construction formelle et le rythme de cette fiction. Enfin, Space Odyssey: Voyage to the Planets
souligne, s'il en était besoin, la grande modernité et la puissance,
près de quarante ans après, d'une autre odyssée, celle située en 2001
par Kubrick.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire