A Bahia já me deu régua e compasso." (in "Aquele abraço")
Gilberto Gil
La fin des années 1960 a été marquée par l'émergence, au sud du Tropique du cancer, de deux artistes importants, Bob Marley et Gilberto Gil.
La disparition précoce du premier en a fait une légende ; le second est
devenu, après une longue carrière, ministre de son pays. L'un comme
l'autre, tout en étant porteur d'un projet politique, ont contribué à
renouveler la musique et à la rendre plus universelle (Gil a été l'un des fondateurs du mouvement baptisé tropicalisme).
Héritier, comme la plupart de ses homologues contemporains, de Joao Gilberto, c'est grâce à ce dernier que l'accordéoniste Gil se met à la guitare et à la bossa-nova. Compositeur de jingles, il participe en 1964 à l'expérience "Nós Por Exemplo", un spectacle de bossa-nova et de musique brésilienne traditionnelle dirigé par Caetano Veloso.
Mais c'est un an plus tard qu'il accède à la notoriété dans son pays,
lorsque la chanteuse Elis Regina enregistre une de ses chansons, "Louvaçao". En 1966 sort son premier single, "Aquele Abraço",
mélange de bossa-nova, de samba, de rythmes folkloriques et de musique
anglo-saxonnes. Trop révolutionnaire pour un pays dirigé par une junte
militaire, Gilberto Gil
est contraint à l'exil en Grande Bretagne, où il rencontrera et
collaborera avec plusieurs grands groupes et artistes de cette époque.
Il ne rentrera au Brésil qu'en 1972.
A partir de cette date, le chanteur va multiplier les enregistrements, les concerts et les rencontres. Jorge Ben ("Gil and Jorge"), Caetano Veloso, Gal Costa et Maria Bethania avec lesquelles il apparaît sur "Doces Bararos".
En 1978, il se produit aux Etats-Unis, donnant une coloration jazz à sa
musique avant d'être influencé par le reggae et travailler avec Jimmy Cliff et les musiciens de Bob Marley, les Wailers. Toujours actif en tant que musicien (il a sorti deux nouveaux disques début 2005), après quarante ans de carrière et près de cinquante albums, Gilberto Gil, militant du Parti Vert et soutien de Luís Inácio da Silva dit Lula (Parti des Travailleurs) pendant la campagne présidentielle, est devenu ministre de la culture en 2003.
Eletracustico
D'abord
donné à São Paulo un mois auparavant, le concert est enregistré au
cours des prestations au Canecão de Rio de Janeiro des 10, 11 et 12
septembre 2004. Il intervient quelques jours après le décès accidentel,
aux Etats-Unis, de son promoteur, le producteur de disque Tom Capone.
Comme son nom l'indique, il s'agit d'un spectacle où se mélangent les
sonorités de samba, de bossa-nova avec celles du pop-rock et du reggae,
les instruments traditionnels et électroniques. Chansons des débuts ou
oeuvres plus récentes comme celles composées avec le poète José Carlos
Capinan, Gilberto Gil reprend également un titre de Chico Buarque ("A Rita") et ceux écrits ou interprétés par Bob Marley("Three little birds", "No woman, no cry"). L'ami Jorge Mautner, l'une des influences notoires du Cinema Novo brésilien, apparaît en invité surprise sur son propre morceau, "Maracatu atômico", et dans le dernier rappel.
La captation est plutôt réussie, utilisant avec sobriété les ressources
mises à sa disposition et les effets de scènes du concert. La caméra
accompagne Gilberto Gil en coulisses au moment de sa fausse sortie après "Soy loco por ti América".
Les musiciens :
Les titres :
1. Refavela
2. Andar com fé
3. Chuck Berry fields forever
4. Cambalache
5. A Rita
6. Mãe solteira
8. Aquele abraço
9. Touche pas à mon pote
10. Maracatu atômico (avec Jorge Mautner au violon)
11. Se eu quiser falar com Deus
12. La lune de gorée
13. Three little birds
14. Asa branca
15. Não chore mais (No woman, no cry)
16. Guerra santa
17. Soy loco por ti América
18. Drão
19. Nos barracos da cidade (Barracos - avec J. Mautner au violon)
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