jeudi 16 juin 2005

A Study in Terror (sherlock holmes contre jack l'éventreur)


"Ne confondez pas masque et visage, Lestrade."

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Peut-on rêver personnage plus "cinégénique" que Sherlock Holmes ? Plus de deux cents fois portées à l'écran, les aventures du détective imaginé par Sir Arthur Conan Doyle à partir d'un professeur de médecine de l'Université d'Edimbourg* offrent, en effet, un matériau privilégié pour des scénarii de films policiers empreints de mystère. A Study in Terror, dont le titre rend hommage au premier livre de la série, "A Study in Scarlett" est, probablement, le meilleur film de l'écrivain James Hill. Sa particularité est qu'il se permet d'opposer deux figures mythiques et virtuellement antagonistes de l'époque victorienne, confrontation que Conan Doyle lui même n'avait pas pensé, plus sûrement osé, mettre en scène dans ses récits.
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Le quartier de Whitechapel est le sinistre décor de plusieurs meurtres nocturnes commis sur des prostitués. Sherlock Holmes en est informé par les lectures de son ami le docteur John Watson. Puis impliqué lorsqu'il reçoit, par la poste, une trousse de chirurgien dans laquelle manque le couteau de dissection. Les armoiries qui y sont dissimulées, mises en évidence par le fameux détective, appartenant à l'aristocratique famille Osborne, conduisent les enquêteurs dans la propriété du duc de Shires. Ils apprennent que l'objet en question aurait appartenu au fils aîné de la famille, Michael, aujourd'hui disparu et en disgrâce auprès de son père. Ils rencontrent aussi Edouard, Lord Carfax, le frère cadet de Michael. En se rendant chez le prêteur sur gage par lequel est passé le coffret, Holmes apprend qu'il a été déposé par une certaine Angela Osborne. Il met aussitôt son ami Warson à sa recherche dans l'asile pour déshérités du docteur Murray. Pendant ce temps, Jack l'éventreur continue d'opérer.
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Même s'il n'a pas le charme des films avec Basil Rathbone dans le rôle principal ou du non conformiste The Private Life of Sherlock Holmes de Billy Wilder, A Study in Terror est un film agréable et réussi. Moins sulfureux que From Hell, il s'attache, à quelques détails près, à donner une version à peu près authentique des événements survenus dans le tristement célèbre quartier Est de Londres. La chronologie et le nom des victimes sont respectés et le scénario fait allusion aux déclarations d'Arthur Conan Doyle selon lesquelles l'éventreur pourrait être une femme. La véracité du mode opératoire du criminel, l'âge de ses proies et, bien entendu, la conclusion sont davantage sujets à caution. Détail intéressant, le film fait également apparaître le personnage du frère de Sherlock Holmes, Mycroft, ce haut fonctionnaire des services secrets britanniques figurant dans les deux romans "The Greek Interpreter" et "The Bruce-Partington Plans"**. L'interprétation de John Neville, à défaut d'être charismatique, s'avère plutôt sobre (même sur la plan de la consommation de cocaïne !) et convaincante. En revanche, le gallois Donald Houston sert plus de faire-valoir que de réel interlocuteur à son partenaire. Parmi les seconds rôles, le film propose une belle brochette d'acteurs, de John Fraser (qui tournait la même année dans Répulsion de Polanski), à Anthony Quayle, lequel venait de s'illustrer dans deux épopées, Lawrence of Arabia et The Fall of the Roman Empire en passant par Robert Morley (The African Queen), Adrienne Corri que l'on reverra dans A Clockwork Orange et Judi Dench.
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* et qui n'est pas sans rappeler Dupin, le héros de "Double assassinat de la rue Morgue", la nouvelle publiée en 1841 par Edgar A. Poe, lui même influencé par l'ancien bagnard et chef de la sécurité sous la Restauration Vidocq.
**la célèbre réplique "une fois éliminé l'impossible, le restant, fût-ce improbable, peut donner la solution" de "The Sign of the Four" y est aussi reprise.



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